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Documents manuscrits et autographes
“ ... le rebut et le mepris des honnettes gens”
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BOSSUET (Jacques).
Lettre au duc de Mercœur.
Lyon, le 22 janvier 1659.
Lettre autographe signée “
JBossuet”
, 3 pages in-folio.
Emouvante lettre autographe du cousin germain de Bossuet, tombé en disgrâce, à son
ancien souverain.
Congédié des services du duc de Mercœur “
aprez huit années de subjection avec un travail & une assiduité
cognue devers chacun”,
Jacques Bossuet clame son innocence et demande à être reçu par le duc, lequel
“a advoué
qu’il n’avoit rien sur le cœur contre moy.
[...]
Mais je ne puis me resoudre sur la perte de l’estime
[...]
et de perdre les bonnes graces de V Ex
l
que je
mefforcois de meriter E pour lesquelles j hazarderay tousjours ma vie.
Cependant Monseigneur cette disgrace me rend inutil a tout et je va estre le rebut et le mepris des honnettes
gens, personne ne se pouvant persuader que lon congedie un domestique qui a bien servy.
Si les fautes que l’on m’impute sont d’une nature quelles meritent ung chastiment je le souffriray avec
patience mais si elles se peuvent excuser ou corriger je supplie tres humblement V Excl de croire que je scaurois
m’en rediviser (?).
[...]
Si javois lhonneur de parler a V Excl je luy ferois cognoistre les verités qu’on luy a supprimés et quil est
important que V Excl sache. Jay fait mon possible pour la voir icy et luy rendre compte de ma conduitte affin
de recevoir ses ordres mais je n’ay pu obtenir cet honneur ce qui m’oblige de faire cette lettre a V Excl pour
la supplier a conjurer de jetter les yeux de sa bonté et de sa charité sur moy de rappeler en sa memoire les
services que jay rendu a feu Madame la duchesse de Mercoeur qui m’ honoroit si fort de sa protection que la
calomnie na jamais pu entendre sur moy.
[...]
V Excl scayt les services que jay rendu aux derniers troubles
de provence.
[...]”
Les motifs de la disgrâce de Jacques Bossuet d’Aiseray se trouvent exposés dans Les
Causes célèbres et
intéressantes avec les jugemens qui les ont décidées
de François Gayot de Pitaval (1738).
Le cousin germain de Bossuet contesta, en 1657, le mariage qu’il avait contracté avec Reine Roussel
devant le parlement de Grenoble puis celui de Paris. L’affaire monta jusqu’au conseil du Roi qui, en
1694, débouta Jacques Bossuet.
Le duc de Mercœur est Louis de Vendôme (1612-1669), qui épousa une nièce de Mazarin, Laure
Mancini. Veuf en 1657 il entra dans les ordres. Alexandre VII lui conféra la pourpre cardinalice en 1667.
2 000 / 3 000
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