1 ALAIN (Émile Chartier dit) philosophe et journaliste français (1868-1951). 2 manuscrits autographes signés
(sans lieu ni date), 4 pages in-8. Relatifs à l’affaire de la bande à Bonnot.
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1) Propos d’un normand sur la justice : Il commence par des réflexions contradictoires sur l’exécution sommaire en
1912 de Garnier et Valet qui faisaient partie de la bande à Bonnot.
« … ce qui, après 48, nous a conduits peu à peu au despotisme par l’horreur du désordre, c’est cette croyance qu’un
pouvoir fort ne peut pas en même temps être juste. Une même confusion d’idée porte ainsi les anarchistes à résister à
tout pouvoir, et les hommes d’ordre à renoncer à la liberté… »
2) Alain commence son article par l’exemple du mitraillage de la maison de Garnier et Valet : « Chacun s’est passionné
à ce drame ; chacun s’est représenté les deux bandits dans leur jardin, bêchant, semant, essayant de vivre comme tout
le monde… alors que l’évènement final approchait d’un pas sûr. Le contraste est émouvant par lui-même… nous colorons
ces images de la lueur tragique… C’est à quoi l’art dramatique parvient quelquefois, par touches légères et paroles à
double sens. Ibsen y arrive par des symboles annonciateurs ; et Shakespeare on ne sait comment, par l’extrême simplicité,
comme lorsque Desdemona chante. Mais le tragique se développe sans art, et avec toute sa force, lorsque la chose est
réellement arrivée… la robe de César, toute ensanglantée, avait plus de force que tous les discours du monde ».
2 ALAIN (Émile Chartier dit) (1868-1951). 2 manuscrits autographes signés (sans lieu ni date), 4 pages in-8.
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1) Propos d’un normand sur l’armée : « Le beau livre de Jaurès sur « l’armée nouvelle » devrait être lu et commenté
partout. Jamais on ne dira assez que le régime de la caserne est détestable, même au point de vue strictement militaire.
Que peut apprendre le soldat dans cette espèce de collège ou de monastère ? la guerre se fait en plein air… la vie de
caserne n’apprend rien de tout cela. En revanche on y apprend à se moquer de tout… l’autorité est bientôt méprisée…
Les liens d’affection, de confiance, de sympathie, de blâme, si puissants à cet âge, sont de troupier à troupier… en sorte
que, pendant que l’on parle de la patrie et des devoirs sociaux, le conscrit est séparé de sa patrie et de ses liens sociaux...
C’est miracle que la caserne n’ait pas tué l’esprit militaire. ».
2) Manuscrit relatif à la loi des trois ans votée en 1913, en réponse à la loi militaire allemande et qui rencontra une vive
opposition de la gauche. : « …Tout acte vif déchaine les passions… mais la force n’est pas tout. Il faut la discipline par
raison, dans la nation comme dans l’individu… Or ce mouvement de la jeunesse des écoles fut-il d’abord modéré,
discipliné, réglé par quelque déclaration des pouvoirs ? Ne fut-il pas au contraire favorisé, excité, déchainé, comme si
la sagesse du gouvernement y trouvait sa parfaite expression ? …Agir est une fonction, méditer en est une autre ; toutes
deux ont leurs dangers, tempérer l’une par l’autre, n’est-ce pas la sagesse de tous les temps ?... ».
3 ALAIN (Émile Chartier dit) (1868-1951). 3 manuscrits autographes signés (sans lieu ni date) l’un au crayon, 6 pages in-8.
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1) Propos d’un normand sur la condition féminine : Alain s’élève contre le fait qu’une femme mariée soit obligée de
prendre le nom de son mari : « … Je suis choqué, il me semble qu’elle ne s’appartient plus à elle-même, et qu’elle est
devenue la propriété de quelqu’un, et c’est bien ainsi qu’on entendait le mariage, au temps passé… Le divorce rend
cette injustice encore plus sensible. Car la femme change encore une fois de nom… »
2) Propos sur un verdict : « Je ne puis comprendre cette indignation au sujet du verdict récent par lequel les jurés ont
nié un fait de violence, reconnu par l’accusé lui-même, et sur lequel il ne peut s’élever aucun doute raisonnable.
L’absurdité est dans la forme, mais au fond il est évident que les jurés ont voulu dire par là que cet acte n’était pas
punissable. Et c’est à eux d’en discuter… ».
3) Propos sur un fait divers : la mort accidentelle d’une fillette : « … Nous vivons trop sur cette idée que notre destin à
chacun est tout fait, et que nous n’y pouvons rien…Dans les écoles, je voudrais, à la place de toutes ces notions creuses,
de bonnes études sur les mécanismes usuels qui nous entourent… C’est le savoir qui force l’attention… ».
4 ALAIN (Émile Chartier dit) (1868-1951). 3 manuscrits autographes signés (sans lieu ni date) 2 au crayon, 6 pages in-8.
400/600
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1) Propos sur le socialisme : « le socialisme de maintenant… n’est puissant que pour critiquer et détruire… nous en arrivons
à ne plus distinguer un anarchiste d’un socialiste… La terre est une vaste patrie. Tous ceux qui pratiquent le commerce et
l’industrie en ont l’expérience depuis longtemps. Il s’est fait mille alliances privées, par-dessus les frontières… il n’est
plus vrai que la paix Européenne dépende des chancelleries. A parler vrai, les associations ouvrières sont plutôt en retard
sous ce rapport… Le commerçant fait mieux. Au lieu de parler de la République Européenne, il la fonde. ».
2) Propos sur le luxe : « … Je ne crois point du tout que les riches renoncent au luxe si les impôts rendent le luxe trop
couteux. Le propre du luxe, c’est d’être trop couteux… Celui qui aime le luxe pense à l’opinion d’autrui, son principal
souci n’est pas seulement d’être riche, mais de paraitre riche… ».
3) Propos sur la situation politique : « … Dès qu’il faut compter, dès qu’une plate raison parle pour l’utilité et pour la
justice, il n’y a plus de luxe ; il n’y a plus de beaux arts, il n’y a plus de belles lettres. Le peuple souverain aime le gros
vin, la grosse viande, le cirque et le mélodrame. Mais si vos prêcheurs sont écoutés ils iront tous à l’école du soir, et liront
des traités d’astronomie… ».
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