74. DEBuSSY (Claude). L
ETTRE AuTOGRAPHE SIGNéE à
G
EORGES
H
ARTMANN
, datée
Mardi. 9 Août
[18]
98
,
2 pages et demie in-12 (166 x 105 mm), sous chemise demi-maroquin rouge moderne.
3 000 / 4 000 €
q
uELquES SEMAINES APRèS LA PREMIèRE REPRéSENTATION
,
à
L
ONDRES
,
Du
P
ELLÉAS ET
M
ÉLISANDE
DE
G
ABRIEL
F
AuRé
, D
EBuSSY
S
’
INSuRGE CONTRE SON RIVAL ET TENTE DE RASSuRER SON éDITEuR
.
Précieuse lettre relative à la célèbre pièce de Maeterlinck, source d’inspiration et de division entre les deux musiciens.
Depuis 1893, Debussy travaille avec acharnement à son
Pelléas,
toujours inachevé, mais Fauré l’a devancé. Hartmann craint
que cet évènement nuise à l’opéra de Debussy. Aussi, devant l’inquiétude de son éditeur, tente-t-il de minimiser l’affaire.
Je viens encore une fois de traverser des tas d’ennuis
[...]
Votre dernière lettre m’a beaucoup contrarié par l’importance
que vous attachez à un fait qui me semble, purement anecdotique
.
Il y a à peu près trois ans, Mauclair m’avait parlé de
cette histoire, au nom de Maeterlinck, j’avais naturellement répondu que je n’avais pas à faire de musique de scène pour
Pelléas, ayant compris et voulu ce drame d’une façon toute lyrique, je ne pouvais faire une chose qui aurait ressemblé à
une dénégation. Maintenant, il
est
certain que Maëterlinck aurait pu m’en avertir la chose se faisant malgré tout, mais il
est Belge ! partant, un peu grossier et sûrement mal élevé, = j’en ai d’autres preuves
[…]
Je crois que cette musique a été
commandée à Fauré par cette tragédienne anglaise
[Mrs Patrick Campbel]
l’effet de cette musique me semble devoir se
limiter à cette représentation, et sans y mettre beaucoup de vanité, il me paraît impossible qu’il y est
[sic]
matière à confusion,
quand ce ne serait que par le poids
[…]
Puis Fauré est le porte-musique d’un groupe de snobs et d’imbéciles qui n’auront
jamais rien à voir ni à faire dans l’autre Pelléas — le plus ennuyeux, encore une fois, c’est que cela vous est
[sic]
aussi
vivement ému, quand à moi je vous jure que rien ne m’est aussi profondément indifférent
[…]
Je suis ennuyé et malade, et
j’aspire à un peu de tranquillité, sans quoi je deviendrai sûrement fou et enragé.
Correspondance (1872-1918),
éd. établie par F. Lesure et D. Herlin, Gallimard, 2005, p. 414-415.
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