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Paul CÉZANNE
(1839-1906)
111. CézANNE (Paul). L
ETTRE AuTOGRAPHE SIGNéE à
C
AMILLE
P
ISSARRO
, datée
Ce jourd’hui 23 octobre 1866 an
de grâce
, 3 pages in-8 (207 x 133 mm) illustrée d’un petit
CROquIS ORIGINAL
à la plume (profil) en bas de page.
[S
uR LA PAGE
4 :] GuILLEMET (Antoine). L
ETTRE AuTOGRAPHE SIGNéE à
C
AMILLE
P
ISSARRO
, sous chemise
demi-maroquin bleu moderne.
10 000 / 12 000 €
T
RèS BELLE ET RARE LETTRE DE JEuNESSE à SON
HUMBLE ET COLOSSAL
P
ISSARRO
.
Passionné par sa peinture, farouchement indépendant, Cézanne, âgé de 27 ans, est à cette époque isolé à Aix.
L’impressionnisme n’est pas encore né et, cette année-là, Cézanne avait vu le portrait d’Antony Valabrègue par Pissarro,
refusé au Salon. Cézanne, qui l’avait rencontré pour la première fois à Paris en 1861, lui voua dès lors une grande admiration.
Me voici dans ma famille avec les plus sales êtres du monde, ceux qui composent ma famille, emmerdans
[sic]
par-dessus
tout. N’en parlons plus
. Il évoque son ami le peintre Antoine Guillemet, qu’il voit quotidiennement :
Guillemet n’a pas
encore commencé de grands tableaux, il a préludé par quelques petites toiles, qui sont très-bien. Vous avez parfaitement
raison de parler du gris, cela seul règne dans la nature, mais c’est d’un dur effrayant à attraper. Le paysage est très-beau
ici, beaucoup d’allure
[…]
Je viens de mettre une lettre à la poste pour Zola
[qu’il a connu au collège en 1852]
. Je travaille
toujours un peu mais les couleurs sont rares ici et bien chères. Marasme, marasme ! Souhaitons, souhaitons que la vente
se fasse. Nous immolerons un veau d’or pour ça. — Vous n’envoyez pas à Marseille, eh bien, ni moi non plus. Je ne veux
plus envoyer. D’autant plus que je n’ai pas de cadres, que ça fait faire des dépenses qu’il vaut mieux les
[ce mot avait été
omis par Rewald dans sa transcription]
consacrer à peindre. C’est pour moi que je dis ça, et puis merde pour le Jury.
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