Previous Page  183 / 220 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 183 / 220 Next Page
Page Background

181

Félicien ROPS

(1833-1898

)

134. ROPS (Félicien). L

ETTRE AuTOGRAPHE SIGNéE

(

DEuX FOIS

)

à

E

DGAR

B

AëS

, datée

Paris le 12 janvier 1885

,

4 pages in-4 oblong (185 x 275 mm), contenant une

GRAVuRE ORIGINALE

à l’eau-forte (Tête de femme au chapeau)

et un

DESSIN ORIGINAL

(Main d’homme en train de graver), sous chemise demi-maroquin bleu moderne.

3 000 / 4 000 €

u

N TRAITé Du VERNIS MOu

:

LONGuE LETTRE SuR L

ART DE LA GRAVuRE

.

Graveur passionné par son art, Rops écrit au graveur Edgar Baës, membre de la Société des Aquafortistes belges, une longue

lettre, remplie de détails techniques : un véritable traité du vernis-mou. L’artiste oppose la situation artistique de la Belgique

à celle de la France, qu’il décrit de manière très pittoresque.

Rops s’excuse d’abord avec humour de son retard :

je reviens de Monte-Carlo. J’ai dès que novembre arrive la nostalgie

de la lumière, & le besoin de m’étendre à l’ombre de mes vieux amis les oliviers & les caroubiers, auprès desquels j’ai vécu

si longtemps.

Puis il en vient au sujet qui les intéresse :

Parlons vernis mou

avec quantité de détails :

Le vernis-mou est un

procédé ancien que Marvy et Decamps ont employé avec succès. C’est simple, & très compliqué quand on veut le pousser

à bout. Vous prenez une boule de vernis noir ordinaire, vous y ajoutez un tiers de bon suif passé à l’étamine pour qu’il n’y

reste pas d’impuretés, vous « fondez » comme dit la Cuisinière Bourgeoise, le tout au bain-marie, vous mêlez avec soin.

Quand cela est liquide vous versez sur un morceau de verre, vous laissez refroidir, vous enlevez avec votre couteau à palette

le susdit vernis, vous en faites des boules enveloppées de taffetas, vous vernissez votre planche comme pour l’eau-forte

ordinaire mais sans noircir la plaque. Vous prenez un papier très fin avec un grain imperceptible.

Il décrit avec une minutie

extrême les diverses phases du travail :

vous placez vis-à-vis de la planche un petit miroir (le petit miroir doit être placé sur

une hausse, moi je me sers du dictionnaire Littré, mais il y a d’honnêtes gens qui préfèrent se servir de Noël et Chapsal

[célèbre grammaire]

), & vous examinez votre travail dans le petit miroir.

Ici, dans un espace laissé en blanc, Rops a exécuté

un beau

DESSIN ORIGINAL

à l’encre (50 x 98 mm) : une main en train de décoller la feuille d’épreuve, face à un petit miroir

soutenu par un Littré. Puis il continue ses explications :

Quand vous le jugez convenable vous enlevez le papier vous bordez

avec de la cire & vous faites mordre comme pour une planche ordinaire

[…]

C’est la simplicité même,

conclut-il

paradoxalement, ajoutant :

mais comme pour l’eau-forte aussi les

tours de main

sont infinis. Il n’y a plus que moi & mes

élèves : Gérardin, Leiris et Louis Legrand, qui fassions du vernis-mou à Paris.

134