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Il parle ensuite de son ami le photographe-graveur belge Nys, qui veut revenir en Belgique :

Ce serait un coup de fortune

pour les aqua-fortistes Belges.

D’ailleurs lui-même voudrait

refaire quelque chose là-bas, si j’y trouve quelqu’appui. Ce

n’est pas pour moi

[...]

mais pour notre pays qui reste en arrière de tous les autres comme école de gravure. Nous parlerons

de tout cela

, mais il faudrait trouver

un imprimeur sérieux.

Ayant une heure devant lui, il ajoute un long post-scriptum

(2 pages), à propos justement des imprimeurs belges :

Il n’y a pas d’imprimeur en Belgique, je connais ceux qui y sont, ils

ne savent pas leur métier & sont des imbéciles flagrants par-dessus le marché avec un léger subside du gouvernement...

Nys qui est des meilleurs d’ici, s’établirait à Bruxelles & prendrait la direction matérielle d’une publication.

Les graveurs

belges devraient avoir une

Publication

, comme l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne :

tout peut se faire à Bruxelles

, et il rêve

d’une publication belge dont Baës serait

le directeur spirituel

. quant à lui, assure-t-il,

j’irais à Bruxelles, je donnerais aux

« jeunes » dans un local quelconque, quelques conférences pratiques sur l’eau-forte, sur le vernis-mou, l’aqua-teinte, la

manière noire, la pointe-sèche.

Au marasme de Bruxelles, il oppose la fermentation de Paris, en une superbe évocation :

Si vous saviez les gens bizarres

qui passent chez moi : Jeunes élèves venus de province avec la flamme aux yeux, vieux amateurs pauvres en loques, apportant

le prix de leur dîner pour avoir une épreuve, vue par hasard & qui leur manque, & qu’on leur donne ; Bibliophiles bizarres

cherchant le « 3 e état » — introuvable !! — Banquiers & Juifs à l’affût des réputations qui se cachent & qui veulent faire

une « ponne avaire » en dehors des marchands de tableaux. Tout ce Paris mystérieux qui fait que Paris est Paris & qu’on

ne peut quitter cette ville endiablée, dès qu’on en connaît les dessous.

(...)

La Belgique artistique végète de par le Bien-Etre

qui rend adipeux le cerveau, de par le Bon Sens qui arrête l’Imagination aux limites des choses “raisonnables”.

Emporté par son élan, il continue longuement dans les marges de la première page, évoquant le peintre-poète belge Théodore

Hannon, dont il avait illustré autrefois les œuvres :

Moi je ne peux lui écrire, il s’est conduit avec moi de telle façon, en se

faisant le complice d’une infamie, que toute relation entre nous ne peut exister. Cependant, par respect pour notre ancienne

amitié, j’ai résisté aux sollicitations qui m’ont été faites de tout raconter.

[…]

Il en serait resté écrasé. Je n’ai pas voulu. Je

juge les choses de plus haut.

[O

N JOINT

:]

P

ORTRAIT DE

F

éLICIEN

R

OPS

. P

HOTOGRAPHIE ORIGINALE

. Tirage albuminé au format carte de visite (85 x 55 mm), monté sur

carton (109 x 62 mm), avec mention du studio Ghémar Frères, à Bruxelles, 27 rue de l’Ecuyer, titrée sur le carton.

quelques taches sur la première page, trace d’onglet.

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