L
A VuE
:
Jolie bizarre enfant chérie
Je vois tes doux yeux langoureux
Mourir peu à peu comme un train qui entre en gare
Je vois tes seins, tes petits seins au bout rose.
Souvenir bien précis, celui de séances de flagellation :
Je vois tes sauts de carpe aussi la croupe en l’air
Quand sous la schlague tu dansais une sorte de kolo
Cette danse nationale de la Serbie
L’
ODORAT
:
Jolie bizarre enfant chérie
Je sens ta pâle et douce odeur de violette
Je sens la presqu’imperceptible odeur de muguet de tes aisselles
Je sens l’odeur de fleur de marronnier que le mystère de tes
jambes
Répand au moment de la volupté
Parfum presque nul et que l’odorat d’un amant
Peut seul et à peine percevoir.
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Pour évoquer les charmes physiques de Lou, dont le souvenir l’obsède, Apollinaire va procéder méthodiquement : chacune des strophes
célèbrera un de ses cinq sens.
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