ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 164

160
275.
Charlotte R
EYNIER
, dame C
URÉ
, puis Mme BOURETTE
(1714-1784) poétesse, dite « la Muse limonadière ».
M
ANUSCRIT
autographe de 10 poèmes, dont 8 signés, avec dédicace autographe à M
ALESHERBES
; titre et 11 pages in-4
et 1 page in-8, liées par un ruban, certains sur papier à bordure bleue.
500/700
R
ARE
ENSEMBLE
DE
POÈMES
datés de 1751 à 1776, réunis sous un feuillet portant « A Monseigneur de Malherbes » et la date de
1776. Ils sont dédicacés à M
ALESHERBES
: « A Monsieur de Malherbes de la part de la muse qui ne perdra jamais le souvenir de ses
bontés ». Nous citerons le début du premier :
« La fraude est rentrée aux enfers,
Et votre integrité suprême
Sait tenir la chicane aux fers,
Au milieu de ses détours même
Vous n’adoucissez vos regards,
Que pour encourager les arts »…
D’autres pièces s’adressent à la comtesse de B
RIONNE
, à MM. de B
ELZUNCE
et S
AINTE
-C
ROIX
, au marquis et à la marquise de B
USSY
,
et au duc de G
ESVRES
, gouverneur de Paris. Ils sont signés : « par la muse limonadiere », « Curé Bouret », « Mde Bourette », puis
« Veuve Curé ».
Ancienne collection Mathieu-Guillaume V
ILLENAVE
, avec son annotation autographe.
Reproduction page 158
276.
Louise M
IGNOT
, Madame DENIS
(1712-1790) nièce de Voltaire.
Lettre autographe, des Délices 17 septembre [1755, au comte d’A
RGENTAL
] ; 4 pages in-4.
2 000/2 500
T
RÈS
INTÉRESSANTE
LETTRE AU
SUJET DE
SON ONCLE
V
OLTAIRE
,
DU VOL DU MANUSCRIT DE
LA
G
UERRE DE
1741
,
ET DES COUPURES À
EFFECTUER
DANS
LA
TRAGÉDIE
L’O
RPHELIN
DE
C
HINE
.
« J’ai mille graces à vous rendre Monsieur des soins que vous avez bien voulu vous donner pour les
Campagnes
[
de Louis XIV
].
M
r
de M. [M
ALESHERBES
] est injuste d’etre faché. On s’est adressé a lui avant que d’en parler aux autres et comme il ne rendait pas
justice jai pencé quil ne le pouvoit pas. Sil se plaint de ce que je lai compromis quil se plaigne aussi de ce que je n’ai pas le don
de deviner. Ma sœur me mende positivement que c’est Chymene [marquis de X
IMÉNÈS
] qui a pris louvrage, que vous tennez ce
fait de M
r
de M. quil en a des preuves positives et elle ne me demende point le secret. […] A legard du manuscrit je n’en suis pas
garante. Je suis a cent lieux de Paris et hors detat de le suivre ». Selon ce que lui apprend C
OLLINI
, « il ne me paroit point certain
que ce manuscrit vienne de Chymene. Je vous repete que sil a quelque suite et quil soit un peu etandu il ne peut vennir de lui,
que les caiers que javois étoient pleins de feuilles dechirées et si eparses qu’il n’a pu avoir le temps de les choisir. Cest precisement
la raison qui m’a causé le plus grand effroi lorsqu’on ma nommé Chymene. Jai jugé que louvrage devoit etre decousu et mauvais
[…] et jai mis tout en euvre pour le faire suprimer. J’ai senti qu’on ne manqueroit pas d’en attribuer toutes les fautes a mon Oncle,
et que les gens qui favorisoient lédition seroient fort aises de dire pour leur excuse quil est de lui et qu’il se l’est fait voler. Par les
precautions que jai prises on n’a point eu cette excuse la »… Pour l’instant, on n’a aucune preuve, seulement « des soupçons bien
legers ». La lettre de Chymene « est de la derniere insolence. Cependant si cette affaire est conduite prudament, et qu’on letouffe,
croyez que Chymene nosera pas souffler […] les eclats sont toujours facheux ; il faut les eviter […] A legard de ce que deviendra le
manuscrit cest l’affaire de la Cour ce n’est plus la notre ».
Puis elle parle de
L’Orphelin de la Chine
. « Primo je suis tres convincue de la necessité des retranchemens que vous avez bien
voulu y faire, jai fait limpossible pour engager mon Oncle a les ratifier en y mettant quelqu’ordre, il m’a été impossible d’en venir
a bout. Il me dit pour toute raison qu’il la faite comme cela et quil veut limprimer comme il la faite. 2
ondo
je n’ai jamais trouvé la
derniere scene du 4
ème
acte poussée a sa perfection. Je lai prié avec instance de la travailler meme avant quil vous envoie la piece,
je n’ai point reussi. Je n’ai obtenu que trois ou quatre vers quil vous a envoié mais je n’ai jamais pu lui faire auter les derniers vers
de la tirade de Zamti ny lui faire dialoguer la scene qui laurait rendue plus fillée en developant le sentiment de Zamti qui pouvoit
produire de grandes bautez si mon Oncle setoit donné la peine de le traiter ». Elle n’a pas non plus réussi à l’empêcher de donner
l’ouvrage à son libraire pour les pays étrangers, et de le faire imprimer par L
AMBERT
pour la France : « Il dit pour ses raisons que sil
ne la fait pas imprimer il sera prevenu et qu’on masacrera son ouvrage. Enfin Monsieur je suis tres faché de tout ceci, mais je n’ai
jamais vu mon Oncle si indifferant et en meme temps si entier que dans cette occasion. Heureusement la pièce est si belle, quelle
fera toujours grand plaisir. Il est desesperé de ce quon lui a changé ce vers il le croit le plus beau de louvrage
Les loix vivent encor
et lemportent sur vous
»… Quant à L
EKAIN
, « je ne doute pas quil n’ait joué comme un ange. Je connais son talent, et ce role qui est
rempli de combats de passion doit lui aller amerveille »…
Ancienne collection Alfred D
UPONT
(II, 18-19 juin 1957, n° 67).
277.
Louise M
IGNOT
, Madame DENIS
(1712-1790) nièce de Voltaire.
Lettre autographe signée « Denis », des Délices 7 août [1756], à L
EKAIN
« Comedien du Roy à la Comedie françoise à
Paris » ; 3 pages in-4, adresse avec cachet de cire rouge aux armes (brisé) et marque postale de
Genève
(petite déchirure
par bris de cachet).
1 800/2 000
T
RÈS
BELLE
LETTRE
SUR
LA
TRAGÉDIE
S
ÉMIRAMIS
DE
V
OLTAIRE
(créée le 29 août 1748 à la Comédie-Française, et reprise avec un très
grand succès par L
EKAIN
).
« Votre lettre Monsieur m’a fait un plaisir extreme. Je savais deja que vous aviez joué Ninias comme un ange, mais jai été fort aise
dapprendre de vos nouvelles par vous meme. On dit que vous n’avez jamais si bien joué. Il n’y a qu’une voix aussi sur M
lle
Dumeni
[D
UMESNIL
], jen suis dautant plus aise que jai toujours fait grand cas de son talent. Elle a une vérité sublime et un sentiment si
vif dans son jeu quand elle a un bon role et quelle n’est point decouragée, quil est bien juste qu’on lui donne les louanges quelle
merite. Vous savez que jai toujours été sa partisane parce que jaime les talens a la folie ».
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