ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 158

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266.
CATHERINE II
(1729-1796) Impératrice de Russie (1762-1796).
Lettre autographe, 12 novembre 1762, [à S
TANISLAS
A
UGUSTE
P
ONIATOWSKI
] ; 3 pages
in-4 ; en français (portrait gravé joint).
10 000/12 000
R
EMARQUABLE
LETTRE
SECRÈTE
À
SON
ANCIEN
AMANT
,
ÉCRITE QUELQUES MOIS
APRÈS
LE
DÉBUT
DE
SON
RÈGNE
.
[Stanislas Poniatowski, venu en Russie en 1755 comme secrétaire privé de l’ambassadeur
anglais Sir Hanbury Williams, ne tarda pas à devenir l’amant de Catherine. Mais, rappelé en
Pologne, il se vit supplanter dans le cœur de l’Impératrice par le comte O
RLOFF
. Celle-ci n’aura
néanmoins de cesse de le défendre et de le protéger, lui promettant le trône de Pologne, auquel
il accèdera en 1764. La présente lettre se situe à un moment critique, en cette année 1762 qui vit
mourir successivement la tsarine Elisabeth I
ère
, à laquelle a succédé en janvier Pierre III, le mari
de Catherine ; en juillet, Pierre III est renversé et assassiné, et Catherine accède au pouvoir et est
couronnée le 22 septembre. Cette lettre secrète évoque cette situation critique ; tout en encourageant
Stanislas et en lui promettant son appui, Catherine veut surtout l’empêcher de venir la retrouver en
Russie, alors qu’il voudrait jouer à nouveau un rôle près d’elle et supplanter Orloff, dont Catherine, sans le
nommer, prend ici la défense.]
Elle a reçu la lettre n° 5 : « pour traiter l’affaire de la prétendue trahison avec vigueur il faudroit bien des preuves, mais enfin il est
impossible qu’au juste celui que vous me nommé sache mes desseins parce qu’il n’y a que K
AYSERLING
[ambassadeur de Catherine
à Varsovie] a qui je me soyent ouverte il a toutte ma confiance et mes instructions écrite de ma propre main, je mettrai ordre a
etre servie selon mes intentions. Je ne puis ni ne veut vous dire tous les empechement qu’il y a pour vous a venir ici, je vous en
ai dit assés dans mes precedentes et je ne vous ment point il n’y a que moi qui puisse me gouverner dans touttes les situations
de ma vie. Je vous deconçeille des voyages secret parce que mes pas ne peuvent pas l’etre ; ma situation est telle que j’ai bien des
menagemens etc. etc. a gardé et le moindre soldats ou garde en me voyant ce dit
Voilà l’ouvrage de mes mains
et malgré cela tout
est fermentation dont encore nouvellement vous devés avoir entendu des preuves »…
Elle aimerait connaître ce que l’on dit d’elle dans les autres pays, « car pour ici tout est couçi couçi »… Elle assure Stanislas une
nouvelle fois de son soutien : « je vous soutiens et soutiendrés ». Elle se plaint de R
ZYZEWSKI
, qui « aura un pied de nez. J’en étois
deja fort mal contente et apresent je le suis encore plus » ; ainsi que de la conduite d’A
NEKALOW
… Elle va écrire à Keyserling « pour
vos nouvelles recomandations, je meurs de peurs pour les lettres que vous m’écrivés. Je ne sai point ce qu’on dit des gens qui
m’entoure mais je scais bien que ce ne sont ni des vils flatteurs ni des ames laches et bassent je ne leurs connois que des sentimens
patriotiques aimant et pratiquant le bien ne trompant personnes et ne prenant point d’argent pour ce que leur credit les mest en
droit de faire. Si avec ses qualités ils n’ont pas le bonheur de plaire a ceux qui les voudroit voir corrompus ma fois eux et moi nous
passerons de leurs aprobation »…
Catherine termine en assurant son ami de son appui complet : « En cas de trop grande persecutions pour vous ches vous, vous
pouvés me reclamer comme garante de vos libertés et s’est sur ce point que sont fondées touttes les instructions de Kayserling je
ne fait pas de lettre a cet Ambassadeur sans lui dire de vous soutenir »… Elle ajoute que « Best » [Alexis B
ESTOUJEV
-R
IOUMINE
, exilé
après accusation de trahison pendant la guerre de Sept Ans, réhabilité par Catherine II en cette année 1762] « n’a casi pas de crédit
chez moi et je ne le consulte que par forme ».
Grands hommes et grands événements de l’Ancien Régime et de la Révolution française
(10 juin 1971, n° 14).
267.
CATHERINE II
(1729-1796) Impératrice de Russie (1762-1796).
Lettre autographe, [fin 1762, à S
TANISLAS
A
UGUSTE
P
ONIATOWSKI
] ; 4 pages in-4 ; en français.
12 000/15 000
R
EMARQUABLE
LETTRE
SECRÈTE
,
ÉCRITE
QUELQUES MOIS
APRÈS
LE
DÉBUT
DE
SON
RÈGNE
À
SON
ANCIEN
AMANT
,
QU
ELLE
DISSUADE
DE
VENIR
LA
RETROUVER
. C’
EST
AUSSI
UNE
EXTRAORDINAIRE
EXPLICATION
DE
SA
POLITIQUE
.
« Vous lisés mes lettres avec peu d’attention je vous ai dite et répété que je coure les derniers risque de differens coté si vous
mettés les pieds en Russie. Vous vous desesperé je m’en etonne car enfin tout homme raisonable doit prendre son partie, je ne
puis ni veux m’expliquer sur bien des choses [...] toutte ma vie votre famille et vous aurés ma très parfaite amitié accompagné de
reconnoissance et d’une consideration particuliere, quoique je sois brouillé par les affaires de Courlande avec votre Roy ». Elle
fera cependant toutes les recommandations nécessaires par l’entremise de son ambassadeur le comte de K
EYSERLING
... « Il ny a que
ma conduite qui puisse assurement me soutenir elle doit etre telle que je la tiens. D’ailleurs tout les embarras du monde peuvent
me survenir et votre nom et votre arrivé est capable de produire les plus tristes effet. [...] Vous voulés etre flatté je ne le puis ni le
veux il me faut mille fois par jour pareille fermeté ».
Puis elle parle de son entourage : « O
STEN
a trop d’esprit j’aime mieux un sot dont je viendrais a bout [...] La D. [la Princesse
D
ACHKOV
] m’est suspecte et puis la Cour me fait des chicanes sur les affaires de mon fils dont j’ai tout lieu de me plaindre
assurement je ne dois ni ne puis ceder ni partager ses affaires avec ame qui vive et leur traité est nul, parcequ’un cadet en
Allemagne sans son ainé ne peut rien conclure ». Elle a donné son congé à M
ONSEY
, envoyé K
EYSERLING
en Pologne... « Mon sisteme
est et sera a moins de perdre l’esprit de ne vouloir etre sous le joug d’aucune Cour [...] de faire la paix de metre mon Etat oberés
dans le meilleur etat que je pourres et puis s’est tout. Tout ceux qui vous disent autre choses sont de grand menteurs »...
Elle parle de ses ministres et conseillers : Alexis B
ESTOUJEV
, à qui elle a pardonné et qui prend « des vues honetes pour la patrie » ;
H
ETTMANN
, qui « est toujours avec moi » ; Nikita P
ANINE
, « l’home de ma Cour le plus habile le plus sensé le plus zelé », etc. : « je
vous peu jurer qu’ils ne font que ce que je leur dicte je les ecoutes tous et je fais mes conclusions moi meme ».
Elle assure encore Poniatowski « que j’aurai toujour une singuliere amitié pour vous et tout ce qui vous touche et laissé moi
demeler mes embarras. Si tout les embarras de dix huit ans ou naturellement je devois succomber ce sont reduit a me faire ce que
je suis que ne dois je attendre mais je ne puis point flatter et je ne veux point nous perdre ».
Elle ajoute que B
ESTOUJEV
« aime et caresse beaucoup ceux qui m’ont servi avec autant de zele que la beauté de leur caractere le
pouvoit faire attendre. Vraiment ce sont des heros prets a sacrifier leur vies pour la patrie et aussi estimé qu’estimable ».
Ancienne collection Georges U
LLMANN
(7 novembre 2000, n° 248).
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