ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 166

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Elle a su son aventure au sujet du voyage de Bayreuth, mais voudrait savoir s’il a joué avec Fierville. « Je fais de mon mieux
pour engager mon Oncle [V
OLTAIRE
] a vous faire encor une tragedie, il a toujours des travaux differans qui le detournent joint a
une santé assez foible. Cependand il nous promets d’en commencer une cet hyver et si une fois il la commence elle sera bientot
achevée ».
Elle revient à
Sémiramis
: « Je vous fais mon compliment sur les bras ensanglantés. Je consois que ce recit rendu comme vous etes
capable de le faire a du inspirer une terreur et une pitié dechirante. En general la piesse est fort belle votre scene du quatrieme
acte avec M
lle
Dumeni est a mon gré ce que l’auteur a fait de mieux sans nulle ecception. Je vois que vous allez introduire tout
a fait le Costume au theatre. Cest une perfection de plus, mais vous n’y pousserez jamais la cruauté au point ou les anglais lont
fait. Ils sont souvant boureaux ou bouchez et nous voulons etre tragique soions le et notre gout nous empechera de passer le but
comme eux. Vos bras ensanglantez en sortant du tombeau me paroissent admirables et dans la verité de la chose. Continuez a nous
donner du plaisir. Que ne puis je vous aller admirer ». Son oncle a demandé qu’une édition de ses œuvres lui soit remise, il « ne
peut la donner a personne avec autant de plaisir qu’a vous »… M
me
F
ONTAINE
est en séjour aux Délices et s’y porte mieux grâce aux
soins de T
RONCHIN
278.
Anne-Marie L
E
P
AGE
, Madame DU BOCCAGE
(1710-1802) femme de lettres et poétesse.
Lettre autographe, [1758 ?, au comte François A
LGAROTTI
] ; 1 page oblong in-8.
250/300
« J’oublie Monsieur de vous dire qu’on dit effectivement que le Dictionnaire encyclopédique sera continué en Hollande et que
D
’A
LEMBERT
pouroit bien etre president de l’accademie de Berlin a la paix tant desirée qui nous viendra peutêtre par M
elle
A
SSELIN
danseuse françoise de notre opera par congé apresent a Londres et maitresse declarée du roy d’Angleterre à ce qu’on assure ».
Charavay, 2001
.
279.
Marie-Charlotte-Hippolyte de C
AMPET
-S
AUJON
, comtesse de BOUFFLERS
(1724-1800) femme de lettres, dont
le salon rivalisait avec ceux de Mme Du Deffand et de Julie de Lespinasse, amie de Hume et Jean-Jacques Rousseau.
2 lettres autographes, 3 et 29 janvier 1759, au comte de S
CHOMBERG
; 4 pages in-4 et 1 page et demie in-4, adresse et
cachet de cire rouge aux armes.
500/700
B
ELLES
LETTRES
SUR
LA
MALADIE
DE
LA
DUCHESSE
D
’O
RLÉANS
[Louise-Henriette de Bourbon-Conti,
duchesse d’Orléans, mère de Philippe-Égalité,
mourra le 9 février].
3 janvier
. Mme de Boufflers rapporte la
consultation et le verdict du médecin, que la
duchesse accepta bravement : « elle annonça à tout
le monde quelle recevroit le viatique le lendemain,
elle pria ces dames de prendre un air plus gay,
disant quelle ne vouloit pas quon lattristat et se
mit a chanter
pour le peu de bon tems qui nous reste
rien nest si funeste qu’un noir chagrin
le lendemain
qui etoit hier on luy aporta les sacremens avec
beaucoup de pompe elle les reçut dans son grand
lit »... Après ce spectacle attendrissant auquel
assistèrent les Princes, les Princesses et toute
la maison, la duchesse se leva et dîna de bon
appétit... « jusqua present l’on s’etoit imaginé, que
le plus grand effort d’une fermeté stoique etoit
de voir ce moment la avec egalité d’ame, M
e
la
duchesse d’Orleans fait beaucoup plus elle le voit
avec gayeté elle trouve matiere de plaisanterie dans
ce qui effraye les plus courageux et cela sans avoir
rien qui puisse la degouter de la vie »...
29 janvier
. « Je vous avois écrit une lettre de
quatre pages pour rabattre un peu des transports
de votre admiration, mais comme depuis, les
traitemens de cette merveilleuse personne pour
qui vous vous sentes si attendri, sont venus au
point de ne me plus permettre de la voir j’ay craint
que vous natribuiez au depit et a la vengeance des
reflexions qui dans tout autre cas auroient servis a vous prouver que vous vous livres trop a lenthousiasme [...] votre comparaison
avec Socrate me fait venir ce que nous appellons entre M
e
de Blot et moy la vilaine peau. Croyes moy Monsieur le Comte sil est
des Socrates dans ce siecle ce n’est pas la qu’il faut les chercher a moins que ce n’en soit de tels quon pretend qu’il etoit par la
nature avant que la vertu ne leut refformé »... Elle donne des nouvelles du duc et de la duchesse d’Orléans qui « na pas huit jours
a vivre », de Mme de Barbantane...
Anciennes collections Alfred B
OVET
(n° 2092)
, puis Alfred M
ORRISON
(2, I, p. 380-381).
1...,156,157,158,159,160,161,162,163,164,165 167,168,169,170,171,172,173,174,175,176,...444
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