ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 175

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justice que vous demandés, je tacherois de le faire parvenir a Mr de S
ARTINE
». De plus il faudra, dès que ce mémoire sera remis,
que son frère aille à l’audience de M. de Sartine, « car l’on oblige rarement les presents, mais a coup sur l’on ne s’ocupe pas, dans
le ministere, des absents ». Elle est prête à faire pour lui une nouvelle tentative : « mon zele et mon interet ne se rebateront jamais,
mais je suis desolée qu’ils soient aussi inutiles a votre bonheur ».
Anciennes collections C
HAMBRY
(7-9 mars 1881),
Alfred M
ORRISON
(III, p. 155),
puis Mme G. W
HITNEY
H
OFF
(1934, n° 309).
Reproduction page 169
293.
Marie-Madeleine Masson de P
LISSAY
, Mme Claude-René Cordier de Launay de MONTREUIL, dite la
Présidente de MONTREUIL
(1721-1789) épouse d’un président à la Cour des aides, belle-mère du marquis de
Sade qui avait épousé en 1763 sa fille Pélagie.
2 lettres autographes (la 2
e
signée « M. de M. »), Paris juin-août 1775, à l’abbé de S
ADE
au château de Saumane, et à
l’avocat G
AUFRIDY
; 2 pages et demie, adresse avec cachet de cire rouge aux armes, et 4 pages et demie in-4.
2 500/3 000
L
ONGUES
ET
TRÈS
INTÉRESSANTES
LETTRES
DÉNONÇANT
LA
CONDUITE
DU MARQUIS
DE
S
ADE
AVEC
SA
FEMME
.
Paris 21 juin [1775]
, à
L
ABBÉ
DE
S
ADE
à Avignon. La conduite de son gendre lui donne de l’espoir : « J’en conserverai tant que je
lui verrai de l’amitié et de la confiance pour vous. Elle ne peut pas être mieux placée et plus utilement pour lui. Ha ! Qu’il en a
besoin ! Mais vous ayant fait l’aveu fidel de ses folies pourquoi ne vous l’a t’il fait qu’à la seconde entrevue. […] Vous ne devés cet
aveu qu’à son amitié, car je ne lui ai parlé de vous Monsieur en aucune façon »… Depuis son départ, elle lui a écrit deux lettres
« telles que mon cœur partagé entre lui et ma fille me les a dictés »… La réponse de son gendre était si modérée qu’elle soupçonne
son oncle de la lui avoir en partie dictée : « Je ne me flatte pas que son amitié pour moi soit au point qu’il me l’assure, et je ne
crains rien tant que la fausseté. S’il estime sa femme autant qu’il le dit, et craigne de multiplier mes chagrins, pourquoi ne lui pas
cacher plus soigneusement ses maitresses. Pourquoi passer les nuits et les jours entiers chés elles. La croit-il assés imbécile pour
ne pas s’en apercevoir et croire toutes les histoires qu’il lui fait. Elle est assés sage pour paroître le croire et tout ignorer plutôt que
d’y mettre de l’aigreur. […] Elle l’aime, souffre, et a la même complaisance pour tout ce qui peut lui plaire et linteresser que si elle
en étoit cherie. Si elle avoit plus de vivacité et de gentillesse, elle lui plairoit davantage, je le desirerois, mais on est comme on est,
et en cherchant a sortir de son caractere on est encor plus gauche. Ce n’est pas d’avoir une maitresse dont je lui fais un proçès. Je
sçai qu’a son âge on ne se fixe guerre a sa femme amoins qu’on en fasse sa maitresse, chose bien rare. L’amour et l’himen réunis
ne se trouvent guerre qu’en peintures mais je me fâche du peu de ménagement qu’il y met »… Elle explique ses démarches auprès
du Lieutenant de police [L
ENOIR
]… « Enfin tant que je m’interesserai a mon gendre jéclairerai sa conduitte, n’importe comment »…
Elle parle enfin de la santé inquiétante de son fils cadet, et des préparatifs du mariage du marquis de Toulongeon, son neveu par
alliance, avec Mlle d’Aubigné…
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