ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 189

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M. de D
URAS
souffrant trop de la goutte pour lui répondre, c’est donc elle qui s’en charge, et elle ne cache pas son grand
étonnement : « je ne scait qui a put vous dire qu’on vous avoit desservi auprès de moy n’y ce que c’est que l’intrigue et les
calomnies dont vous parlé il n’y a aucun fondement personne ne ma rien dit qui puisse vous blesser, je n’ay rien dit n’y rien fait
qui put vous marquer de la défiance, je ne scait ce que tout cela veut dire, je n’y entend rien du tout ». Pour elle, chaque partie
est certes libre de consulter qui elle veut autant qu’il lui convient, « sans qu’aucune ay le droit de s’en choquer. J’en ay usé de
même avec des personnes qui étoient mon conseil depuis 20 ans et en qui j’avois la plus grande confiance ». Elle l’assure qu’elle
n’a jamais eu l’intention de lui causer des désagréments : « au contraire je serois très aise de pouvoir vous donner des preuves de
la reconnoissance que jay des soins et des peines que vous avez pris. Des circonstances particulières qui ne vous sont nullement
personnels décident Mr de Duras à ne donner aucun autre mémoire dans ce moment cy que le petit. La tournure que prendra
l’affaire déterminera le parti qu’il prendra par la suite ; il rend ainsi que moy justice à vos talents. Nous serions bien faché que vous
imaginaciez que le manque de confiance en vous eut contribué au parti qu’il prend. Votre mémoire ne sortira pas de ses mains »,
et s’il envisageait de faire des changements, il ne manquerait pas de le consulter...
324.
MARIE-ANTOINETTE
(1755-1793) Reine de France ; Archiduchesse d’Autriche, fille de l’Empereur François I
er
et
de l’Impératrice Marie-Thérèse, épouse (1770) du futur Louis XVI ; elle mourut guillotinée.
Pièce signée avec un mot autographe « payez Marie Antoinette », Versailles 31 décembre 1783 ; signée aussi par le
secrétaire de la main, et contresignée par son secrétaire des commandements Jacques-Mathieu A
UGEARD
; 1 page in-
fol. (portrait gravé joint).
1 500/2 000
P
AIEMENT
DU
LAVANDIER
DU
LINGE
DE
CORPS
DE
LA
R
EINE
.
Mandement au Trésorier Général de ses Maisons et Finances Marc Antoine François Marie R
ANDON
DE
L
A
T
OUR
de payer, sur
les fonds arrêtés « pour l’entretennement et nourriture de plusieurs de nos officiers », au S
r
Bonnefoy D
UPLAN
« lavandier du linge
de notre corps », la somme de 250 livres, dont 150 « pour récompenses » et 100 pour son logement pour six mois ; cette somme
sera « passée et allouée en la depense de vos comptes par nos chers et bien amés les gens des Comptes du Roy notre très honnoré
Seigneur et Epoux »… La pièce porte la signature du secrétaire de la main « Marie Antoinette », puis est visée de la main de la
Reine : « payez Marie Antoinette ».
Étienne Charavay, 1890
.
Reproduction page 182
323.
Charles-Geneviève de B
EAUMONT
, chevalier d’ÉON
(1728-1810) officier de Dragons, agent secret et aventurier,
travesti en femme.
Lettre autographe (minute), Tonnerre 23 août 1781, au
comte d’O
SSEVILLE
, chef d’escadron du Régiment de
Languedoc en quartier à Joigny ; 3 pages in-fol. avec ratures
et corrections.
500/700
A
MUSANTE
LETTRE
DE
« M
ADEMOISELLE
»
D
’É
ON
.
Elle a reçu, « avec la sensibilité d’un jeune cœur femelle hanté
sur celui d’un vieux Capitaine de Dragons l’invitation pleine
d’honnêtetés & d’agremens que vous m’avez fait l’honneur de
me proposer tant en votre nom qu’en celui de tous vos Messieurs
[…] Il m’eut été bien doux & bien agreable d’aller me ranger sous
les guidons de Languedoc le jour de la fete que vous preparés à
Madame la Comtesse d’A
RNOUVILLE
qui en ne laissant enchainer
son cœur que par son mari a neanmoins le talent rare de captiver
l’homage de tous les Dragons & de tous ceux qui ont le bonheur
de la connoitre. C’est bien à mon grand regret & chagrin que
je suis forcée de rester chez moi acause d’une espece de coup
de soleil que j’ai attrapé sur la tête en faisant construire une
terrasse sur le bord de la riviere d’Armençon […] Je suis entre les
mains des medecins […] J’ai trop bonne opinion & du Regiment
de Languedoc & de moi même Monsieur pour le jour même de
votre fête, aller vous présenter un vieux Dragon sans tête & sans
queue. Attendez je vous suplie que ma tête au moins se soit
un peu remise […] J’espere bien qu’après votre fête, & la revue
de l’inspecteur vous aurez le tems & l’occasion de venir dans
quelques châteaux du voisinage de Tonnerre et que cela vous
donnera celle ou à quelques uns de vos Messieurs de venir passer
quelques jours chez M
lle
D’Eon qui se fera toujours honneur de
recevoir de son mieux les Compagnons de sa gloire »…
Librairie de l’Abbaye, 1967
.
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