ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 198

194
J’avoue j’enviois cet home je l’adorois et aurois desiré etre lui, durant les cinque jours, que cette illusion si cruellement detruite
a duré. Je souhaite vivement et crains d’en recevoire des nouvelles. Quel état que celui de ma malheureuse sœur elle n’y survivra
point et il est a lui desirer la fin de ses soufrances presentes et encore pires futures. Si vous en savez des nouvelles vous m’obligerez
infiniment de m’en donner. Car yci par tous ces papiers publiques on sait mille sorte de contradictions. Mon cher mary est penetré
de ces horreurs envers son cousin et belle sœur, et de ce manque de tous égard envers la Souveraineté ; il est resolue et déterminé
et en a fait part au vertueux Chef l’Empereur de prendre tous les moyens et le suivre s’unir a lui en tout pour venger reparer et
s’il se peut sauver les malheureux Princes »... Elle termine avec des compliments à ses enfants et se réjouit : « Heureusement le duc
de G
UICHE
[gendre de Mme de Polignac], qu’on avoit nomé, n’etoit point entre ces trois victimes, mais l’avoir nomé prouve qu’on
rend justice aux sentimens qu’il a si bien temoigné »…
Archives Yolande de P
OLIGNAC
(1
er
février 1877, n° 20) ;
puis collection Marcel P
LANTEVIGNES
(Versailles, 8 mars 1977, n° 23).
338.
Jeanne-Marguerite de R
IGNY
, Madame Roger de CHALABRE
(1752 ?-1795 ?) châtelaine de Groslay près de
Montmorency, amie et admiratrice passionnée de Robespierre.
Lettre autographe signée « Chalabre », 11 janvier 1792, [à Maximilien de R
OBESPIERRE
] ; 3 pages in-4.
400/500
B
ELLE
LETTRE
SUR
LE
D
ISCOURS
SUR
LA GUERRE
DE
R
OBESPIERRE
,
DÉNONÇANT
LES
PRÉPARATIFS DE GUERRE
ET
L
ESPRIT MILITAIRE QUI
POURRAIT
TUER
LA
L
IBERTÉ
.
« Non, je ne trouve pas d’expression qui puisse rendre à l’inimitable Robespierre la surprise, l’émotion que m’a causée la lecture
de son intéressant et utile Discours dans la dernière
Révolution de Paris
. Les patriotes ont bien fait de l’y insérer, parce que le
journal se lit beaucoup et va partout. On ne sauroit trop se hâter de prémunir les vrais François contre le piège exécrable de la
guerre. Mais hélas ! je crains bien que ce ne soit un parti pris dans l’assemblée nationale, car le député R
AMOND
[de Carbonnières]
nous annonce un long et beau rapport du Comité diplomatique dont les conclusions seront sans doute pour la guerre. Juste ciel !
Que de trahisons ! Malheureuse patrie. De faux guides vous détournent encore du bon chemin par de nouvelles ruses plus fines
que celles des modérés. Elles n’ont pas un caractère si marqué de fausseté et n’en sont que plus dangereuses. Patriotes égarés dit-on,
à ceux qui ne veulent point la guerre. Ah ! continuons de nous égarer ainsi pour l’étouffer et sauver la patrie. Encore un discours
aux Jacobins lundy loué par les cruels partisans de la guerre qui s’y acharnent comme les corbeaux à leur proye. S’il en est ainsi,
désespérons du Salut de la patrie. Vainqueur même avec le pouvoir ennemi, c’est être vaincu. [...] Comment avec tant soi peu de
jugement donner dans un pareil piège ? Cela me paroit incroyable ; au lieu de suivre la nature, on aime mieux raisonner contre.
Fi, fi de l’éloquence est bien le cas. Foibles humains qui vantez vos lumières, l’instinct des animeaux est bien supérieur à votre
bel esprit, car il ne les trompe jamais. Je ne puis résister au sentiment de reconnoissance que m’inspire la vertueuse conduite et
les sages écrits du fidel Robespierre »...
O
N
JOINT
une note autographe de la même protestant contre un projet de décret d’établissement d’un tribunal prévôtal, « un
tribunal de sang contre les patriotes (1 page in-8, identifiée au dos par C
OURTOIS
: « de la cit
ne
Chalabre amie de Robespierre et de
Duplay »).
Anciennes collections Alfred M
ORRISON
(2, II, p. 136)
, puis Jean P
ROUVOST
(24-25 juin 1963, n° 41).
Reproduction page 193
1...,188,189,190,191,192,193,194,195,196,197 199,200,201,202,203,204,205,206,207,208,...444
Powered by FlippingBook