ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 286

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518.
Juliette DROUET
(1806-1883).
Lettre autographe signée « Juliette » avec
DESSIN
, 8 septembre [1838] samedi midi 3/4, à V
ICTOR
H
UGO
; 4 pages in-8.
1 500/2 000
L
ETTRE
AVEC
DESSIN
.
« Mon cher petit bien-aimé vous êtes aussi bête que moi, ce qui est un superlatif soigné, vu l’état de l’animal auquel je vous
compare. Mais enfin... Une autre fois je ne m’en rapporterai plus à vos lumières. La chandelle de l’épicier m’éclairera mieux que
vous. Nonobstant je vous adore et je vous trouve le plus gentil des animaux. Voici le tableau demandé. [D
ESSIN
représentant Victor
Hugo au milieu de personnages et dames levant les bras d’admiration.] Je doute que Claire [sa fille Claire Pradier] atteigne à cette
vaste conception dont l’idée première appartient à je ne sais pas qui, mais qui n’est est pas moins un critique des plus mirifiques.
[…] Pauvre bien-aimé, je voudrais être à ce soir pour toutes sortes de bonnes choses que je sais bien... Quel Bonheur !!!!!!! Vous
êtes mon Toto vous êtes mon amour et ce soir vous serez mon AMANT. »
519.
Juliette DROUET
(1806-1883).
Lettre autographe signée « Juliette » avec
DESSIN
, 20 août [1841] vendredi soir 4 h. 3/4, à V
ICTOR
H
UGO
; 4 pages in-4
(trous par corrosion d’encre au dessin).
1 200/1 500
L
ETTRE
AVEC
DESSIN
.
« Est-ce que je suis ton domestique dis-donc toi, heim ? Tâche un peu de me répondre plus vite que ça. Et puis je te dirai l’âge du
capitaine Lambert. Voim, scélérat avec une pipe et bas des rouges. Et ma copie ? Est-ce que par hasard vous voulez m’empêcher de
TRAVAILLER ? C’est que vous en êtes très capable avec votre air sournois. Dis-donc, est-ce que je suis ton domestique ? Pauvre
ange bien aimé en pensant à tous les ennuis et à tous les embarras auxquels tu es en proie je n’ai plus le courage de rire. […] Pour
moi je ne vois pas du tout comment tu pourras suffire à toutes les charges qui se multiplient autour de toi ; pour mon compte
j’en suis effrayée au-delà de ce que j’ose dire. Pauvre Toto bien aimé comment ferons-nous tant que nous sommes ? Enfin, ce n’est
pas le moment de se laisser aller au découragement au contraire […] je ferai des dettes, dettes et redettes plutôt que de manquer
à ce que je dois à mon amour et à ton dévouement. Ainsi fichons-nous de ça en somme et soyons heureux en dépit de toutes les
absurdes iniquités qui nous crèvent sur la bosse. Dis donc nous ne sommes pas leurs domestiques et nous nous fichons d’eux à
pied et à cheval et bientôt en voiture s’il plait à Dieu. [D
ESSIN
d’une diligence tirée par six chevaux, dans laquelle on peut voir Toto
et Juju.] Ainsi mon Toto n’aie pas de chagrin. Je t’aime. Je ferai des dessins pour gagner TA vie. Sois donc tranquille et puis si je
ne suis pas
TON
DOMESTIQUE
je suis ta
SERVANTE
bien fidèle et bien dévouée. Ne sois pas triste mon cher petit homme bien aimé. »
520.
Juliette DROUET
(1806-1883).
Lettre autographe signée « Juliette » avec
DESSIN
, 30 juin [1845] lundi après-midi 3 h. 1/2, à V
ICTOR
H
UGO
; 4 pages in-8.
1 200/1 500
A
MUSANTE
LETTRE
AVEC
DESSIN
.
« Toto fais-toi faire un habit neuf. À force de
travailler
sur celui que tu sais il finira par s’user. Je t’en supplie fais-toi faire un
habit vivement. En même temps tu feras repasser ta scie qui m’a parue un peu ébréchée tantôt. C’est un conseil bien désintéressé
que je te donne là et qui prouve en faveur de ma générosité et de ma naïveté.
À boire, à boire, à boire nous quitterons-
nous sans boire.
Partant pour la Scierie
le jeune et beau Toto
allait à la pairie.
Mais pour calmer la soif qui me dévore je veux boire, je veux boire à ton habit. Verse, verse Toto.
[D
ESSIN
: 2 femmes, l’une disant : « il est pardessus le mur », l’autre : « c’est pace que c’est pace que c’est pace que j’ai voulu »]
Je ne suis pas contente de mon dessin. Je suis difficile il est vrai et moi seule en ai le droit. Une autre fois je serai mieux inspirée.
Aujourd’hui je me trouve au-dessous de moi-même. Cela tient peut-être à ce que j’ai soif ou que je suis gênée dans les entournures
de
TON
habit. Baisez-moi cher scélérat et aimez-moi scie vous l’osez. Vous saurez ce que c’est que de scier une malheureuse femme.
Il en
cuira
à votre habit. Trempe ton pain Juju trempe ton pain, trempe ton pain dans la sauce. S
CIE
pourtant cela vous désoblige
vous n’avez qu’à le dire. Rien ne pourrait pourtant me dé
SCIE
der à vous désobliger dans votre toilette auda
SCIE
use. Au
SCIE
vous
n’avez qu’à parler
SCIE
vous trouvez que vous en avez assez. As-tu soif Juju ? Comme
SCIE
comme ça. Veux-tu boire Juju ? Oui
SCIE
ça ne peut pas tacher ton habit. Eh ! bien vos yeux sont-ils de
SCIE
ler sur le mérite de votre
SCIE
bille ? J’attends votre réponse
pour continuer. »
521.
Juliette DROUET
(1806-1883).
Lettre autographe signée « Juliette », 8 juillet [1846] mercredi matin 10 h. 1/4, à V
ICTOR
H
UGO
; 4 pages in-4. 700/800
« Bonjour mon aimé, bonjour mon adoré petit Toto, bonjour, je t’aime et toi ? Je me dépêche à t’écrire à cause de la fameuse
séance d’aujourd’hui. Il faut que je sois prête de bonne heure : à
2 h
. J’ai encore bien des choses à faire d’ici là et j’en ai fait déjà
beaucoup. Riez tant que vous voudrez, mais c’est ainsi. J’ai déjà taillé 6 plumes ! » Puis elle parle des séances de pose pour son
buste par Victor V
ILAIN
: « Je n’ai pas besoin que P
RADIER
sache à la minute ce qui se fait chez moi. D’ailleurs cela pourrait peut-
être lui donner une sorte d’humeur bête qui le refroidirait pour ce qui reste à faire à la mémoire de ma pauvre chère enfant [Claire
Pradier, fille de Juliette et de James Pradier]. […] Tu ne peux pas t’imaginer, mon amour, combien cette séance me coûte. Si je
pouvais reculer devant ce buste futur, je le ferais car je trouve bien ridicule de poser à mon âge sans autre nécessité que de faire
plaisir à quelqu’un qu’on ne connaît pas ou plutôt pour une simple reconnaissance à venir. […] je suis vexée de m’être laissée aller à
cette pourtraiture tardive et inopportune. J’espère encore que le mal s’arrêtera à un plâtras quelconque et qu’on ne poussera pas la
mystification jusqu’à la faire en marbre. Je compte un peu là-dessus pour échapper au ridicule futur. […] Tâche de venir d’ici là et
de revenir pendant la séance ne fusse que pour le dégoûter de son idée peu lumineuse. En même temps je profiterais de cela pour
te voir et pour remplir mes yeux, mes oreilles et mon cœur de toi, cher adoré. Je vous aime à deux genoux. »
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