ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 276

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connaissait pour traîtres à ses intérêts et cela dès Marengo !... Ah s’il fut coupable alors ce ne fut pas d’ingratitude mais bien de
trop de faiblesse. Sans doute il a fait des mécontents et même il fut injuste. Je connais des talents remarquables qu’il a tenus dans
l’ombre [...] Je ne me suis pas d’ailleurs établie son champion et je ne brandis pas la lance menaçant de
tuer
qui ne parle pas comme
moi. Je suis juste et même lorsque j’arriverai à ses fautes je serai aussi fidèle que pour sa gloire ». Elle attend Carrion-Nisas : « Vous
me trouverez entourée d’épreuves, de cahiers, de manuscrits, de griffonnages [...] Je fais paraître dans un mois un roman historique
sur l’Espagne (
L’Amirante de Castille
) ». Elle parle du comédien Charles V
ANHOVE
et de son immense coffre à tabac, de la tragédie
de Carrion
Montmorency
... « Vous rappelez-vous un dîner chez Joseph B
ONAPARTE
avec lequel nous étions tous deux avec R
ŒDERER
– il vous parla du clair de lune de
Pierre Le Grand
[autre pièce de Carrion-Nisas] – et vous lui répondites avec un tel esprit, une
finesse si aimable riant tout le premier des sifflets en cadence que vous fites à vous seul tous le charme du dîner »...
497.
Laure P
ERMON
, duchesse d’ABRANTÈS
(1784-1838) mémorialiste ; veuve du général Junot duc d’Abrantès (1771-
1813), elle fut la maîtresse de plusieurs écrivains romantiques.
Lettre autographe signée « La D
sse
d’A. », 19 août [1832], à son éditeur Charles L
ADVOCAT
; 3 pages in-8, adresse.
600/800
B
ELLE
LETTRE
SUR
SES
M
ÉMOIRES
.
Elle lui envoie un exemplaire de son
Chant funèbre de la mort du Roi de Rome
, et lui demande « de le chanter avec votre belle
voix
à la Martin
, je dis cela sans plaisanterie, vous avez une voix superbe et une très bonne manière »… Elle lui enverra « de la copie
sans faute demain. J’ai voulu n’avoir plus un mot à faire à
L’Amirante
[son roman
L’Amirante de Castille
(Mame-Delaunay, 1832)]
pour aller droit & vite en besogne pour nos placards. Je vous ai donné ma parole écrite et de vive voix que je mettrais mon bon à
tirer sur la dernière feuille du huitième volume dans le mois d’août et je la tiendrai mais de votre côté tenez aussi vos promesses
et surtout, quand j’ai eu la complaisance de
redevenir
votre créancière pour le billet de 400 fr. il faut au moins que cet argent (que
du reste vous me rendrez je le sais bien) soit imputé sur les derniers payements du tome huit […]
On dit
que vous
avez dit
que vous
m’aviez
sauvé
la vie en
m’achetant
mes Mémoires – mon existence alors pourrait être sauvée par beaucoup de gens. J’ai plus de
dix lettres de Baudouin datées de 1827 dans lesquelles il me persécutait pour avoir mes mémoires mais alors je ne les
voulais
pas
faire », et il lui proposait le double de ce qu’a donné Ladvocat. « Ensuite quand je les ai vendues
tous les libraires
de Paris auraient
eu la pensée que vous avez eue. C’est que vous pouviez gagner de l’argent avec moi ce que vous avez fait effectivement »…
Pierre Cornuau, 1953
.
498.
Laure P
ERMON
, duchesse d’ABRANTÈS
(1784-1838) mémorialiste ; veuve du général Junot duc d’Abrantès (1771-
1813), elle fut la maîtresse de plusieurs écrivains romantiques.
Lettre autographe signée « La Duchesse d’Abrantès », Paris samedi 18 octobre [1834 ?] ; 4 pages in-8.
150/200
Son ami H
ESSE
, Directeur général de l’Instruction Publique à Darmstadt, est en visite à Paris pour quelques jours : « Il a vu Paris
comme pouvait le voir un étranger entouré d’amis comme je puis l’être, qui se sont entremis de tout leur pouvoir pour lui faire
emporter dans sa patrie un beau souvenir de notre patrie ». Elle voudrait aussi lui montrer la Manufacture de Sèvres : « c’est moi
qui suis le
directeur
en chef des
tournées
savantes ». Son oubli « n’est pas pardonnable à une
ayeule
, qui n’est pas encore imbécille,
et qui ne radote pas tout à fait », et elle prie son correspondant, qui est « à la fois un honneur à toutes les cours littéraires, savantes
et politiques », d’intervenir pour lui faciliter l’entrée à la Manufacture dimanche…
499.
Delphine G
AY
, Madame de GIRARDIN
(1804-1855) femme de lettres, poétesse et journaliste ; elle épousa (1831)
Émile de Girardin (1802-1881).
Lettre autographe, [Paris 4 janvier 1835], à Alfred de M
USSET
; sur 1 page in-8, adresse (petite déchirure par bris du
cachet, sans manque).
300/400
A
MUSANTE
LETTRE À
M
USSET
après la publication de son poème
Une bonne fortune
dans la
Revue des deux mondes
(1
er
janvier 1835) :
« Je viens de lire des vers de vous qui m’ont fait grand plaisir. J’éprouve le besoin de vous le dire, et je vous demande pardon de
vous faire payer trois sols ces remerciemens. Ils vous coûteraient moins cher si vous veniez les chercher »… Elle termine : « Je ne
signe pas c’est plus piquant ». [Musset sut percer l’anonymat et répondit le 6 janvier.]
Librairie de l’Abbaye
.
500.
Louise COLET
(1810-1876) femme de lettres, poétesse et romancière ; née R
ÉVOIL
, elle avait épousé (1834) le
musicien Hippolyte Colet (1808-1851), et fut la maîtresse (entre bien d’autres) de Gustave Flaubert.
P
OÈME
autographe signé « Louise Colet née Révoil »,
À Madame Lebrun !
, Paris février 1836 ; 4 pages in-4 (légères
fentes réparées).
500/700
L
ONG
POÈME
dédié à Madame V
IGÉE
-L
EBRUN
(1755-1842).
Comptant 74 vers, ce poème a été recueilli en 1840 dans
Penserosa
(Delloye, 1840, XIII). Il est précédé de deux épigraphes :
citation d’Horace : « Ut Pictura Poesis », et cette phrase d’une conversation avec Mme Lebrun : « Mon enfant vous êtes poète ! ».
« Oh ! C’est vous qui fûtes poète
Vous dont l’âme dès le berceau
Reçut de Dieu pour interprète
Au lieu d’une lyre, un pinceau !
La poésie a sur vos toiles
Répandu son enchantement »…
Et elle évoque quelques-uns des plus célèbres portraits de Mme Vigée-Lebrun : Marie-Antoinette, « la grande Catherine », Paësiello,
Hubert Robert, Grassini, en terminant par son autoportrait où elle se peint « tout entière aux transports de l’amour maternel »…
Frédéric Castaing
.
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