ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 83

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131.
CHRISTINE DE SUÈDE
(1626-1689) Reine de Suède ; fille unique de Gustave II Adolphe, elle lui succéda en
1632, et fit de sa cour un foyer d’humanisme, avant d’abdiquer en 1654.
Lettre autographe signée « Christine », [3 février 1652, à Pierre C
HANUT
] ; 5 pages in-4 avec ratures et corrections
(quelques taches et petites déchirures marginales avec perte de quelques lettres, cote d’inventaire notarial).
10 000/12 000
I
MPORTANTE
LETTRE À
L
AMBASSADEUR DE
F
RANCE
EN
S
UÈDE
,
GRAND AMI DE
C
HRISTINE AUPRÈS DE QUI
IL AVAIT
INTRODUIT
D
ESCARTES
,
LORS
DE
SA
NÉGOCIATION
EN
FAVEUR
DE
LA
R
EINE
AU
C
ONGRÈS
DE
L
ÜBECK
EN
FAVEUR
D
UNE
PAIX
GÉNÉRALE
DU
N
ORD
.
Elle est confuse des soins que Chanut prend pour l’obliger. « Jay si peu merité de vous les sentiments d’affection que vous me
tesmoingés que je confesse librement de vous estre redevable à un point quil me sera difficil de me degager des obligasions que
je vous ay. Vous demandes de moy la permission de retourner en France, et vous prenes la peine d’emploier leloquance de vostre
bel esprit, pour obtenir de moy ce qui nest pas en mon pouvoir de vous octroier, vous prenes plaisir de me faire croire que vostre
liberté est entre [mes] mains, touttes ces belles galanteries font voir la delicatesse et la bauté de vostre esprit, mais elle ne sauroit
me rendre vaine, et je vous asseure que je nabuseres jamais de vos civilités. […] je say comment je dois user du pouvoir que le Roy
ma donné sur vous, je nignore pas que je dois remettre entierement entre ses mains le droit quil a voulu partager avec moy, cest
pourquoy Monsieur que je me repoze sur les ordres que vous aures receus de luy, cet a luy de disposer de vostre employ comme il
le jugera bon, toutefois jespere de son amitié, quil mestera en consideration ce mesmoire », et ce sera à lui « de juger de laffaire du
traitté »… Elle lui a déjà dit son sentiment sur leur réponse : « jugés vous-mesme se que vostre a[ffaire] poura ou nuire ou profiter a
ceste negotiasion » ; qu’il consulte le sieur S
ALVIUS
[son ancien chancelier, présent aux négociations d’Osnabrück en 1643] : « apres
cela, consideres si je ne seroit arester le cours du traitté dalience que vous aves ensemble entre les mains si vous quittes le poste […]
Je serois faché que la gloire de ces deux ouvrages fust a un austre qua vous et je ne vouldrois devoir a personne qua vous la satisfac-
tion qui men reviendra. Donc je vois bien que vous aves peu desperence pour la paix. Moy mesme je n’en ay aussi guere. Neamoins
nous avons rompu la glace et il faut achever ce quest commencé et remestre lissiue entre les mains du ciel quoy quil en arive jespere
que nous joueron si bien nostre personnage que nous ny perderon rien »... Elle lui propose d’aller « faire un tour en France », et de
faire un rapport à la Cour de
tout ce qui s’est passé dans les
traités d’alliance, et de revenir
à temps. « Mais je crains quil y
auroit trop de temps perdu […]
jay tan de confience en vostre
affection et en vostre prudence
que je suis certaine lune vous
empechera de manquer et autre
a me prejudicier ». Salvius aura
bientôt « toutte les ordres nai-
sessaires pour la conclusion de
l’alience on y travaille apres
si tot que cela cera fait je luy
envoierois les expeditions »…
Elle le prie de l’avertir de la ré-
solution qu’il aura prise… « Je
say bien quil me sera dificile
de recompenser vos merites
mais aumoins permettes que je
vous face conoistre la moindre
partie de ma reconoissence
afin que vous puisies juger de
sa grandeur, en quell lieu ou
labsence vous esloingera. Je
me souviendrois tousjours
des obligations que je vous
ay et je rechergerois tousjours
avec soin les occasions pour
maquitter envers vous Je vous
souhaitte de tout mon cœur
une fortune digne de vostre
merite. Si cela dependoit de
ma volonté elle sera aussi
grande quest vostre vertu »…
Vente 26 janvier 1967
(J. Arnna, n° 37).
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