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Elle prie Heugel d’envoyer rapidement le
Trio
de
Françoise de Rimini
à Mlle
I
saac
: « Il ne faut pas la froisser. Si ce n’est pas la
femme rêvée, elle a un immense talent, auquel on commence à rendre justice à l’opéra »…
Île Illiec
: « Barbier pas signe de vie et
pas de récitatifs. Le Maître s’en désole, il ne veut pas les lui réclamer, et m’a défendu de le faire, même en mon nom. Voyez, si
vous pouvez en tirer quelque chose ! »…
Mardi [1887]
, sur un projet de reprise de
Mignon
à l’Opéra-Comique : « Je suis étonnée
que Barbier n’ait eu aucune action sur cette reprise, dont j’ai entendu promettre des merveilles. Le Maître en a éprouvé un grand
chagrin. Il comptait sur la réapparition de sa
Mignon
, abandonnée depuis quelques années, et la voilà encore sacrifiée à cause du
moment inopportun que l’on a choisi. […] Mlle
S
imonnet
qui sera une charmante Mignon avait encore besoin de travailler avec le
Maître, et méritait mieux qu’une reprise
pour ainsi dire clandestine
, pour un rôle aussi important »…
O
n
joint
une l.a.s. de Jules
B
arbier
au sujet d’un rendez-vous de travail pour
La Tempête
(31 décembre 1888), que Mme Ambroise Thomas renvoie à Heugel.
43.
Charles TOURNEMIRE
(1870-1939) organiste et compositeur. L.A.S., Paris 27 décembre 1929, [à Jacques
H
eugel
]
;
1 page et demie in-fol. (lég. rouss., petite fente réparée).
200/250
Il a lu avec attention ses beaux poèmes : «
Andromède
atteint à la grandeur antique. Il y a au début de l’acte II un chef-d’œuvre de
grande poésie : “O fraîche caresse étrange de la lune […]” Dans l’ensemble cette œuvre honore la pensée française dans ce qu’elle
a de plus haut. J’ai également été profondément ému à la lecture de
Le Double Trésor
. Les grands poèmes sont d’une profondeur
parfois insondable. Quant aux petits, j’ai particulièrement remarqué :
L’anneau des jours
,
Virginité
,
Cloches
, etc. Que d’imagination
dans
Un royaume en péril
. Et comme tout ce que vous écrivez s’élève vers les régions où tout est Lumière et Paix. Votre amour
pour l’harmonie et le rythme éternels est immense. Je ne parle pas de l’érudition qui est
très vaste
. Mais, chez vous, vous n’en
faites pas inutile étalage. En un mot, je suis
tout à fait heureux
d’avoir pu communier avec vous et mon âme s’est émue à tant de
belles pensées salvatrices »...
44.
Charles TRENET
(1913-2001) chanteur. 8 L.A.S. (la plupart « Charles »), 1958-1978, à Colette
P
icard
; 8 pages in-4
et 2 cartes in-12, enveloppes.
1 000/1 200
A
musante
correspondance
fantaisiste
à
une
amie
et
admiratrice
.
[22 mai 1958]
. « Chère Piquette Colard, De toutes façons j’ignore de fond en comble le sens périssable que vous donnez à mes
contours ! Quelle équivoque ! Suis-je digne d’autant de sollicitudes que seul votre bon sens parvient à mettre en équilibre dans
votre Thalamus ? »...
[La Varenne] 5 ou 6 décembre [1964]
, avec
dessin
en marge le montrant soulevant des altères. « Je n’ai pas mal
au bard – mais à la main. À force d’écrire n’importe quoi à des tas de crétins », mais il est bien obligé puisqu’il vaut mieux « être
bienveillant avec ses créanciers »...
[Juan-les-Pins 26 mars 1965]
. « Je suis loin de mériter votre façon de me voir mais peut-être
aussi que vous manquez un peu de jugement à mon égard, c’est mon seul bénéfice avec vous ! »...
La Varenne 16 juin 1966
. Il ne
lui en veut pas : « Si je ne dine pas avec le Secrétaire Général du
Figaro
c’est parce que ça m’emmerde et non parce qu’il a peur de
mon fantasque. J’ai renoncé aux honneurs et la gloire ne m’intéresse que dans la mesure où elle “m’arrange” vis-à-vis de ceux qui
m’aiment. Ne vous faites pas un monde de ma vie : elle est simple, saine et naturelle puis que je vis dans ma nature. [...] Je suis
loin, très loin, très haut dans les béatitudes enchanteresses de mes dons. Je crois au bon Dieu qui est en moi. Les choses défendues
ne sont agréables que si le diable les interdit. Le diable, c’est les autres, a dit à peu près, Sartre. Voilà pourquoi je suis parfaitement
heureux
seul
dans ma poésie. Dormez en paix ! »...
Antibes 20 juillet 1967
, lettre ornée de
dessins
de fleurs. Il conseille à Colette
de s’ouvrir, de « vivre plus
extérieurement
, ce qui ne vous empêcherait pas d’avoir des visites profondes en vous. J’ai, pour ma part,
toujours vécu
en dehors
, si bien que ma réputation d’être léger est définitive ». Mais il a gardé le meilleur de lui-même pour lui,
intact dans son cœur. « Si bien que je ne compte sur personne. Les amis charmants sont introuvables. Il y a les charmants qui ne
sont pas des amis et les
amis
qui vous aiment sans charme. J’ai toujours été la victime [...] de cette étoile au jour de laquelle je suis
éclairé et qui n’est pas le Soleil. Le Soleil c’est les chansons. Les chansons c’est le 30 % de moi-même. Je vis à peu près retiré des
chansons qui pourtant me font vivre. Je ne compte pas remonter sur scène. J’en ai marre de faire le guignol »...
Antibes 31 janvier
1974
, lettre ornée de
dessins
de fleurs, du soleil, et d’un
autoportrait
d’un trait léger comme en filigrane. « Je ne fais faire aucune
opération esthétique. Je ne bois pas. Je n’aboie plus. Je ne fais pas de gymnastique. Je
ne m’ennuie jamais
. Je marche devant la mer.
Je fais ce qui me plait c’est-à-dire beaucoup de choses car j’aime tout à l’exception du sadisme ». Il ajoute en marge : « Sortez vous
de l’idée que je n’aime pas les femmes »... Au dos il a ajouté 6 courtes lignes :
« Pour dire je t’aime
j’ai peur d’écrire un poème.
en prose
j’ose.
En vers
je m’y perds »...
Plus un billet au dos d’une carte commerciale de son père (
T
renet
, 12 rue Saint-Sulpice. Pianos. Musique ancienne et moderne.
Lutherie d’art. Phonos et disques
), remerciant Colette de l’envoi d’une médaille : « elle représente beaucoup pour moi mais c’est
peut-être trop : votre souvenir de communion ! »... ; et un autre de 1974 au dos d’une carte postale de sa propriété du Domaine
des Esprits à Aix-en Provence : « Vieux murs au soleil et vieux cœur ensoleillé à l’intérieur »...
O
n
joint
un billet a.s. de Trenet à son père écrit au dos d’une enveloppe (1945) ; une photo signée (carte postale, 1966) ; un
menu manuscrit (15 oct. 1945) ; et une aquarelle gouachée, légendée au dos : « Barbouillage fait avec les couleurs de Charles enfant.
Perpignan juillet 1945 ».
Reproduction page 17




