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89. SPANHEIM (Fr.) – [DES VIGNOLES (A.)].
Histoire de la papesse Jeanne…
À La Haye, Aux dépens de la
compagnie, 1758
, 2 vol. in-12, maroquin rouge, triple filet doré autour des plats, fleuron en angle, armes au centre,
dos lisses ornés, doublure et gardes de papier à fond étoilé doré, roulette intérieure dorée, tranches dorées (
reliure de
l’époque
).
Traduction française par Jacques Lenfant avec des annotations et des ajouts d’Alphonse des Vignoles.
Elle parut initialement en
1694
.
Théologien et historien hollandais auquel on doit d’importants travaux sur l’histoire ecclésiale, Friedrich Spanheim (
1632
-
1701
), dit le Jeune, s’est attaché ici à rassembler de nombreux documents anciens émanant d’auteurs religieux et profanes
afin d’établir l’existence de ce personnage féminin ayant, selon la légende, occupé au IX
e
siècle le trône de Pierre en tenant
cachée sa condition de femme.
5
gravures hors-texte non signées, dont une dépliante, qui reprennent celles parues dans l’édition de
1720
.
L’une d’elles présente la papesse Jeanne accouchant en public lors de la procession de la Fête-Dieu ; une autre décrit
la
chaise percée
dont l’Église crut devoir se munir à la suite de cet épisode afin de vérifier la virilité des successeurs de saint
Pierre avant leur accession au trône papal…
L’histoire de la papesse Jeanne…
aux armes de la comtesse du Barry.
Il y a quelque ironie à trouver l’histoire de cette usurpatrice supposée de l’autorité catholique suprême dans la bibliothèque
de celle à qui ne fut pas épargnée la critique d’avoir circonvenu le roi par d’autres savoirs que ceux de son érudition ! Le
libraire, dont la tradition veut qu’il n’eut garde d’oublier de placer quelques érotiques parmi les livres rassemblés pour
« cette reine de la galanterie », y glissa-t-il aussi quelques allusions caricaturales ? Paul Lacroix ne l’exclut pas lorsqu’à
propos de l’avertissement (sorte de mode d’emploi à l’usage de la comtesse) placé par le libraire qui fournit la bibliothèque
en tête du catalogue manuscrit qui l’accompagne, il écrit que cet avertissement était « une maladresse, sinon une perfidie »
et que ce fut peut-être «
par malice que le libraire
admit parmi les livres quelques-uns qui prêtaient plus ou moins à
allusion
».
L’ouvrage est décrit dans le
Catalogue
de la bibliothèque constituée en
1771
pour la comtesse au moment de son installation
à Versailles et publié par Paul Lacroix en
1874
: pp.
14
-
15
. Il a été fourni au prix de
2
livres et
8
sols pour les
2
volumes et
4
livres et
10
sols pour la reliure.
Dimensions :
167
x
95
mm.
Provenances :
comtesse du Barry ; annotation ancienne au verso du faux-titre du premier tome : « Par Jc Lenfant.
A.D.R. » ; Florin de Duikingberg (
Cat.
,
24 nov. 2010
,
n° 17
(provenance : « Richard Wallace »)), avec son ex-libris.
Barbier, II ,
1882
, col.
705
; Hoefer, XLIV,
1865
, col.
292
-
293
; Quentin Bauchart, II, pp.
181
-
215
; Caucheteux (C.), « La
Bibliothèque de madame du Barry », in
Madame du Barry. De Versailles à Louveciennes
, Flammarion,
1992
, pp.
131
-
135
;
Barber,
The James A. de Rothschild Bequest at Waddesdon Manor. Printed Books and Bookbindings
, Rothschild
Foundation,
2013
, I, p.
482
(«Many books bound by Louis Redon and P.-J. Bisiau») ; Olivier, pl.
657
, fer n°
1
.




