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172.
Félix GRAS
(1844-1901) poète provençal, Capoulié du Félibrige à la suite de son beau-frère Roumanille. L.A.S. à
l’éditeur Albert Savine, 1890, et 2 manuscrits autographes en provençal ; 6 pages in-8 et 23 feuillets in-4. 250/300
Avignon 11 novembre 1890
. Très intéressante lettre à son éditeur sur la publication de ses œuvres. Il rêve d’une édition
populaire du
Romancero
et voudrait publier un volume de prose formé de six contes ou nouvelles : «
La Comtesse de Die
,
Les Cardinaux avignonnais
,
L’Herbe des Sabres
,
La Barbe d’Innocent VI
,
En Camargue
,
Catherine de Sienne
, et d’une farce
tragique :
Le Marquis d’Ecourjudas
, tiré de la romance de la Mirabelle ». Il explique les raisons du refus de son beau-frère
Joseph Roumanille, « éditeur né des œuvres félibresques mais en même temps bien-pensant », d’éditer le
Romancero
: « le
moindre accroc à sa religion et à ce qu’il appelle sa morale l’arrête et le paralyse. [...] Pécaïre ! si un livre est inoffensif, c’est bien
celui-là. À plus forte raison il ne pourra éditer mon livre de prose ». Si certains de ses contes sont très pieux, il reconnait aussi
que quelques-uns sont « un peu lestes »...
Lou rèi di Sarrasin
. Poème a.s. dédié « à T. Aubanel », à chanter sur l’air de « La bello Margoutoun » (3 p. in-8)... Manuscrit
autographe de l’acte II de
L’Eiretage de l’ouncle Bagnou
, comédie en trois actes, dont le 1
er
acte a été publié dans l’
Armana
Prouvençau
de 1910 (23 ff. petit in-4), avec de nombreuses ratures et corrections (publié chez Roumanille en 1911).
On joint 25 pages d’épreuves du
Romancero
, avec corrections autographes ; 2 affiches pour
Li Papalino, Nouvelles
provençales
; et des copies dactyl. de lettres de Gras.
173. [
Bernard GUYARD
(1601-1674)]. Manuscrit,
La Fatalité de S
t
Cloud prez Paris
, [vers 1700] ; in-4 de [66] ff. n.
ch. sur papier réglé, reliure de l’époque basane brune, dos à nerfs, pièce de titre (charnière sup. fendue, réparation
maladroite en coiffe sup, coins et coupes frottés).
500/600
Version manuscrite, faite d’après l’imprimé, de l’étrange opuscule anonyme du dominicain Bernard Guyard,
La Fatalité de S.
Cloud
, publié à la date de 1672 [Cioranescu, XVII, 34562]. Commencée au Mans en 1672 où Guyard fut prieur quelques mois,
l’impression en fut contrariée, et achevée seulement à Paris l’année suivante, mais antidatée. Il existe aussi une impression de
1673 à l’adresse de Lille. La thèse défendue relève du « négationnisme » historique : Jacques Clément n’a pas été le meurtrier de
Henri III, ni, au demeurant, aucun autre Dominicain, mais le coupable est un ligueur déguisé en religieux. L’attribution à Guyard
provient, 45 ans après l’édition du livre, de la grande bibliographie dominicaine d’Échard et Quétif (1721), qui semblent d’ailleurs
considérer la thèse comme plausible. Plus tard, le Père François de Robecq de Pallières projettera une réédition qui ne vit pas le jour.
Mais il n’y eut guère que dans l’Ordre des Prêcheurs que cette thèse fut prise au sérieux ; les historiens de tradition régalienne se
prononcèrent évidemment contre elle. Dans notre manuscrit, l’attribution reste un mystère, puisque l’exorde donne l’opuscule au
Père Nicolaï, autre Dominicain, ce qui milite pour une date de copie antérieure à 1721, dans tous les cas.
À la suite on a relié l’
Oraison funèbre de très-haut et très-puissant seigneur François Henry de Montmorancy, duc de
Luxembourg et de Piney, Pair et Mareschal de France, gouverneur de Normandie
… par le P. Delarue (Paris, Veuve de Simon
Bénard, 1695).
174.
Reynaldo HAHN
(1875-1947) compositeur. L.A.S., à une demoiselle « et aimable amie » ; 1 page in-4. 100/120
« Je ne suis pas mort ; mais j’ai été fort occupé, un peu enrhumé et j’ai dû aller à Nice. Je viendrai travailler demain à 11
h
.
Je me suis même permis de convoquer un jeune chanteur que je dois entendre ; j’espère que ce n’est pas indiscret »…
On joint 2 photos signées d’Harold Bauer et Mme Willaume-Lamber.
175.
Reynaldo HAHN
. L.A.S., Monte Carlo dimanche [vers décembre 1943], à une dame ; 3 pages in-8.
300/400
Belle lettre sur la mécèneWinnaretta Singer, princesse Edmond de Polignac, décédée à Londres le 26 novembre 1943.
« C’est avec un profond chagrin que j’ai appris la mort de ma grande et chère amie la princesse Winnie. Que de fois j’ai pensé à
elle en ces trois années tragiques. Et avec quelle impatience j’attendais le jour où il me serait permis de la revoir ! Hélas, voilà
encore un espoir anéanti... Si je pouvais du moins me dire qu’elle devinait la fidélité de mon affection ! […] J’espère qu’elle
n’a pas su la mort de Jean de Polignac... Enfin, Madame, son image et son souvenir me hantent sans cesse depuis que j’ai su la
navrante nouvelle, et à tous les griefs que j’avais déjà contre les faux musiciens de ces derniers vingt ans vient s’ajouter celui de
m’avoir – oh ! sans le vouloir, mais par le seul fait de leur présence – empêché de la voir assidûment, comme autrefois. D’ailleurs
nous avions, il y a quatre ans, causé de tout cela, en déjeunant, et juré de reprendre notre commerce fréquent et amical qui lui
plaisait et auquel j’attachais tant de prix »...
176.
HansWerner HENZE
(1926-2012) compositeur allemand. 4 L.A.S. « Hans », 1955-1959 et s.d., [àAlain Ollivier] ;
6 pages formats divers ; en anglais.
500/600
Allemagne 25 décembre 1955
. Il est flatté et fier de la dédicace de Cocteau. Alain a été un si grand ami à Ischia, il a
parfaitement compris ses sentiments dans la taverne où il y avait le jeune guitariste, début d’une tragédie toujours inachevée,
mais le garçon s’est révélé être honnête, et un compagnon charmant, et est maintenant un véritable ami. Il s’agit d’un de ces
cas exceptionnels où l’amour triomphe en se transformant en art, affection immortelle, et foi, mais cela n’a pas été sans un
combat terrible qui l’a souvent rendu misérable... Cependant 1955 a été une bonne année puisqu’il a terminé son opéra [
König
Hirsch
] qui sera présenté au festival de Venise en septembre 1956 : c’est une sorte d’apothéose de sa jeunesse et un adieu à ce
qu’il était...
Cologne 28 novembre 1959
. « Nicholas Nabokov m’a raconté de toi, hier soir, et alors que je me rends compte que
tu me manques. [...] Je sais que H.L. de La Grange est en colère avec moi, toujours, toujours »... Il invite Alain à Naples, où il
va travailler à un nouvel opéra,
The Prince of Homburg
(livret d’Auden) ; il se plaît toujours à composer et, depuis deux ans, à
diriger, et il a depuis trois ans un ami merveilleux qui est aussi son élève en composition, très talentueux et très méditerranéen...
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