6
1
[MANUSCRIT].
Recueil d’
ordines
épiscopaux (Pontifical) : usage
bénédictin.
En latin, manuscrit décoré sur parchemin
Centre ou Sud-est de la France
[Auvergne ?],
vers 1050-1100.
In-4 (150 x 240 mm) de 48 feuillets, apparemment complet
[collation (i8+1, ii8, iii8, iv8, v8, vi8)], écriture romane à l’encre
brune (plusieurs mains ; une main majoritaire, avec écriture
de deux modules), première ligne de texte copiée au-dessus
de la réglure (signe d’archaïsme), texte sur une seule colonne
(justification : 113 x 185 mm), piqûres encore visibles, réglure
tracée à la pointe sèche, quelques lettres d’attente, rubriques
à l’encre rouge pâle le plus souvent en capitales romanes,
capitales rehaussées de rouge dans le texte, certaines initiales
à l’encre rouge ou brune au décor géométrique sur fonds
réservés, initiales simples tracées à l’encre rouge, initiales
ornées à l’encre rouge et brune, certaines avec un décor floral
ou végétal (par exemple f. 10v ; 11v ; 17 et passim), initiales
avec abréviations comprises dans la lettre (par exemple
« O/mps » pour « Omnipotens », f. 22 ; « D/s » pour « Deus »,
f. 24v), musique rajoutée avec notation à points superposés
(notation dite « diastématique ») (ff. 1v, 2, 11v), des formes
plurielles sont parfois indiquées dans les interlignes.
Reliure du XVIII
e
siècle, veau brun, dos à 5 nerfs, pièce de titre
dorée « Vetus Ordo Eccle MSS », tranches mouchetées. Court
en marge supérieure et parfois en marge extérieure, avec
petite perte de texte par endroits. Intérieur très frais et fort
lisible ; encre des rubriques pâle par endroits.
Précieux manuscrit liturgique roman non répertorié, ayant servi
certainement dans la collégiale de Saint-Julien de Brioude à partir
de la fin du XV
e
siècle.
Les pontificaux ou livres associés des XI
e
et XII
e
siècles sont de
toute rareté, et toujours précieux pour la connaissance de la
liturgie du pontife et des évêques avant sa fixation par la Curie
romaine au XIII
e
siècle.
Ce recueil ne suit pas la séquence traditionnelle du Pontifical
romain et semble être plutôt un recueil d’
ordines
compilés pour
un usage local, mais sans indices précis dans les litanies ou
dans les prières, à part des références à la règle bénédictine :
exécuté en Auvergne ou dans le Sud-Est de la France, son
origine exacte reste à déterminer.
La rubrique initiale indique : « Incipit ordo ad ecclesiam
consecrandam ex Romano editus a beato Gregorio » [Ici
commence un ordo pour la consécration de l’Eglise à l’usage
de Rome, promulgué par saint Grégoire]. La première de ces
ordines
figure dans le
Liber sacramentorum de circulo anni
exposito a sancto Gregorio papa
, livre d’oraisons réunies
par Saint Grégoire le Grand au IVe s. et remanié sous le
pontificat de Grégoire VII (cf. J. Deshusses,
Le sacramentaire
grégorien
, Fribourg, 1992) : cela explique la rubrique en tête
qui attribue la paternité du premier
ordo
à Saint Grégoire. Les
ordines
suivants contenus dans le présent manuscrit sont
repris pour certains dans les
Ordines romani
(ed. Andrieu,
1961-1974), dans le Pontifical romano-germanique (ed. Vogel
et Elze, 1963-1972) et dans le Pontifical romain du XII
e
siècle
(ed. Andrieu, 1938), sans jamais suivre l’ordre des manuscrits
et des éditions connus. Il s’agit peut-être d’une collection
intermédiaire destinée à un usage local.
Selon une note du XVIII
e
siècle en tête, ce manuscrit daterait
du X
e
siècle, ce qui est une erreur : il a été copié dans la
seconde moitié du XI
e
siècle voire dans les toutes premières
années du XII
e
. Il est copié d’une large écriture qui alterne avec
une écriture de plus petit module. On remarque les lettres
« r » descendant sous la ligne, rappelant certains traits des
manuscrits bénédictins du Mont-Cassin.
Si une origine auvergnate se confirme, on ne peut faire abstraction
de la puissante influence de Cluny en Bourgogne, et on compte
plusieurs fondations bénédictines anciennes en Auvergne dont
Sauxillanges, St-Allyre de Clermont et Aurillac. Il est certain que
l’origine bénédictine n’aurait pas dérangé les chanoines de Saint-
Julien de Brioude, car il est connu que la collégiale fut fortement
influencée par Cluny et la liturgie bénédictine.




