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COCTEAU (Jean).
Brouillon autographe relatif à la Machine
infernale.
Sans lieu ni date
[1934].
Manuscrit autographe, avec ratures et corrections, de 2 pages
in-4.
Intéressante ébauche autographe offrant des réflexions théoriques
sur la
Machine infernale
, version moderne de l'Œdipe de Sophocle.
“Notre travail à la machine infernale avec Jouvet, Bérard et
tous les autres collaborateurs de la scène et des coulisses,
consiste à essayer, non pas de faire revivre dans le mort une
époque morte, mais de le ressusciter, de le rendre vivant, de
lui restituer cet aujourd’hui que toutes les choses d’hier eurent
de même tué que la ligne précédente, déjà écrite dans les
jadis et portant toujours en elle le prestige actuel d’avoir vécu
sous ma plume.
On se demandera le pourquoi de l’accent de Jocaste. J’ai
senti que Jocaste devait parler avec un accent et que tout
le personnage parlerait (?) de cette manière de prononcer
les paroles. Il n’y a pas d’autre motif que cette nécessité
instinctive et comme animale où je me trouverai de peindre
Jocaste sous le signe de cet accent – accent des personnages
royales nées sous un autre ciel que celui où ils gouvernent,
qui donne du comique à leur truculence (?), une force étrange
à leur tendresse. La phrase de soldat au 1
er
acte (...) nous
présente (...) la reine des Thébains et sa solitude. (...) Je donne
ces quelques planches comme exemple de cette manière
de s’exprimer, entre l’écriture et le dessin, mise en œuvre
par tous les poètes. Ils furent exécutés en 1926 entre Œdipe
Roi et l’Œdipe Rex (en collaboration avec Igor Stravinsky.) Il
s’intitulait : Le Complexe d’Œdipe (...) Si je les imprime c’est
pour bien marquer la rupture profonde entre le style d’intellect
et le style humain. (...) Il faut en conclure que la reine d’opéra
bouffe sort plus vraie que la reine de tragédie. (...) Le théâtre a
vite fait de prendre un aspect bouffe ; il suffira de ressusciter
des ombres...”
1 000 / 1 200
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