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Présentation
Les objets d’art ont un bonheur. Depuis leur création, ils le tiennent intimement dans leur essence, ils en
jouissent intensément dans leur existence, à l’inverse des hommes qui, selon l’enseignement d’Aristote,
sont en quête permanente d’un bonheur que peu d’entre eux atteignent.
Et s’il est vrai que seul la vertu rend l’homme heureux, la vertu de l’objet d’art, celle qui lui confère son
bonheur, c’est la beauté. La beauté est l’habitus de l’œuvre d’art. Sorti de l’âme de l’homme autant que
de ses yeux et de ses mains, l’objet d’art tient sa beauté, sa
virtus pulchritudinis
, des nombreuses vertus
humaines : vertus opératives de l’artisan qui sait son métier, vertus intellectuelles de l’artiste qui discerne
la ligne et dispose les parties, vertus morales de tout homme droit qui règle son œuvre selon la beauté.
C’est pourquoi l’art, le bel art, l’art véritable, l’art qui rend les objets heureux d’être une image de la beauté,
contribue au bonheur des hommes.
C’est donc avec bonheur, ami lecteur, que nous te présentons une pleine brassée d’objets heureux.
Tout d’abord, la beauté céleste de ces icônes, dont la plupart nous offre le visage du “plus beau des enfants des
hommes”. Remarquons l’icône miraculeuse de Notre Dame de Tchernigov (n°
10
), parée d’une somptueuse
riza de vermeil et d’auréoles en émaux cloisonnés.
Quelques gravures nous présentent sous différents points de vue la ville impériale de Saint Pétersbourg (n°
34
à
36
). Viennent ensuite huit caricatures contre l’empereur Napoléon (n°
37
à
44
), publiées au lendemain
du voyage de Russie. Sous le n°
54
, un livre très rare, contenant plus de huitante planches gravées sur les
monuments pétersbourgeois ; puis un voyage aux armes de l’impératrice Marie Feodorovna (n°
57
).
Les manuscrits commencent avec plusieurs lettres provenant des archives de Nicolas Sabloukoff (n°
61
à
64
). Notons une lettre du comte Rostopchine (n°
67
), une autre du prince Zoubov (n°
68
).
Parmi les nombreux objets présents dans le chapitre sur les Empereurs de Russie, distinguons le verre gravé
au portrait d’Elisabeth (n° 90) et celui au chiffre de Catherine II (n° 91) ; le buste en marbre de la future
impératrice Marie Feodorovna (n°
98
), seul exemplaire connu en marbre du modèle exécuté par Boizot ;
les nombreux portraits en miniature : Catherine II en Minerve (n°
92
), la grande-duchesse Elena Pavlovna
peinte par Ritt (n°
102
), Alexandre et Elisabeth Alexievna par l’atelier d’Isabey (n°
104)
, Nicolas 1
er
par
le baron de Staël (n°
113
), et surtout la grande-duchesse Elena Pavlovna (n°
115
), sublimement peinte par
Alexandre Brulloff : on admirera la ligne de la main, l’intensité du regard, l’élégante douceur qui se dégage
de l’ensemble de ce portrait peint avec si peu de matière qu’il en paraît irréel. La lettre de l’empereur
Alexandre II à sa fille (n°
119
), au retour de la guerre contre le Turc, nous montre un souverain lucide et
actif, qui écrit l’histoire plutôt qu’il ne la subit.
Le chapitre consacré aux Armées russes s’ouvre par quelques portraits d’officiers, dont celui d’un aristocrate
peint par Rockstuhl (n°
138
). Les dessins du canon secret de Chouvaloff (n°
140
) manifestent le degré de
perfection auquel étaient parvenus les ingénieurs russes. Parmi les ordres & médailles, la croix de Saint
Vladimir (n°
151
) portée par l’amiral Bostrem, gouverneur militaire de Sébastopol.
La guerre patriotique contre Napoléon mit en vogue les décors militaires : à preuve, les deux assiettes (n°
157-158
) issues de la Manufacture impériale de porcelaine dès le règne d’Alexandre. Certains généraux des
armées alliées à celles de Russie ont reçu des décorations russes : ainsi le baron de Wacquant-Geozelles (n°
161
), qui arbore toute une iconostase de décorations dominées par la croix de Saint Vladimir.




