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Lettres & Manuscrits autographes

26 mai 2020

Tout va paisiblement ici, les partis sont un peu endormis ou du moins fatigués

de leur haine. […] la majorité possédante et pensante veut et peut le bien ;

mais la majorité écrivassante et calculante veut l’impossible et le trouble »…

Mâcon 12 décembre 1821

. Commentaire sur la crise ministérielle :

« la France se félicitoit comme le Roi d’un état d’amélioration et de

fixité morale, quand nous avons été replongés tout à coup dans nos

perplexités ordinaires par toutes les basses passions déchaînées, des

haines personnelles l’ont emporté sur les grandes vues générales et

nous contemplons les uns avec effroi, les autres avec une joie insensée,

l’union monstrueuse de deux partis qui ne peuvent se toucher que par

les extrêmes. Si ce ridicule accouplement ne produit pas quelque avor-

ton, comme je l’espère encore, ce sera à coup sur quelque monstre :

l’union du péché et de la mort dans Milton, n’est pas plus bisarre et pas

plus funeste que l’union de la sottise et du crime »…

Mâcon 13 février

1822

. À l’instar des séismes sur la côte napolitaine, « nous tremblons

aussi politiquement », mais « ce sont d’impuissantes clameurs pour

cette fois, la nation qu’on évoque dort encore d’un profond someil, et

si le ministère continue dans sa voie de sagesse actuelle elle dormira

à jamais. Ces conspirations sont trop répétées, trop infructueuses,

trop avantureuses pour être un symptome national »… Quant à lui, pris

par sa famille, il s’estime « un homme coulé enfin, acrochant encore

par indulgence une continuation d’appointements […] tandis que vous

monterez d’échelon en échelon au pinacle de la diplomatie »…

Londres

4 octobre 1822

. Son père lui apprend l’arrivée à Mâcon de dessins

charmants qui rappelleront à sa femme son séjour d’Ischia : « Vous ne

pouviez nous faire une gentilezza plus aimable »… Lui-même espère « en

vain à quelque chose de mieux qu’une place d’attaché diplomatique,

je n’ai pu parvenir à rien, c’est un grand malheur que d’avoir fait une

fois quelques vers dans sa vie on vous juge à jamais incapable d’autre

chose ! »…

[Paris 7 septembre ? 1823]

. « Vous allez nous quitter pour

un siècle vous marchez aux grandeurs, moi je m’en retourne confus

dans mon coin. Florence est donné à Boissy.

Sic vos non vobis

. […] Si

vous pouvez parler de moi à l’empereur de Russie, lui présenter un de

mes volumes et m’avoir quelque croix russe, n’y manquez pas. Cela

flatteroit merveilleusement ma belle-mère et ma famille »…

Saint-Point 13 septembre [1823]

, sur

La Mort de Socrate

: « Je viens

de donner ordre qu’on le fasse relier élégament et qu’on vous en porte

2 exemplaires 1° pour vous et puis pour l’empereur de Russie ». Mais

quand son « 2

e

volume » [

Nouvelles méditations poétiques

] paraîtra, il

n’enverra pas d’exemplaire pour l’empereur, « à cause de l’ode sur S

te

Hélène »…

27 mars 1824

. « Je vous envoie le 1

er

volume de mes œuvres

pour S.M. l’empereur accompagné d’une petite offrande poétique. Si

cela n’est pas écrit dans les formes, faites-le recopier et donnez le lui

directement ou indirectement. Je tiendrais beaucoup à obtenir une

marque quelconque de faveur de sa part car je n’en obtiens pas ici.

Le 2

me

volume sera bientôt imprimé de même. Je vous l’enverrai […].

Ce 2

me

volume sera un peu amendé de choses qui l’ont sans doute

fait arrêter en Russie. Le siècle est sévère. On écrit ici que je suis

plus

obscène

que Catulle Horace et l’Arioste »…

Schinznach 12 juillet

1824

. Il le félicite d’être « chef dans la première cour du monde », en

l’absence de son ambassadeur : « encore un échelon de la fortune de

grimpé. Mais grimper n’est pas le mot pour vous vous les enjambez :

pour moi qui ne suis pas d’un naturel rampant, je rampe cependant

dans la Carrière dipplomatique. Je suis encore votre attaché et peut-être

mourrai-je avec ce seul titre. Cependant j’aspire toujours a Florence.

M. de CHATEAUBRIAND qui ne m’a pas favorisé y a nommé un ancien

attaché du M

is

qu’il avoit en horreur »…

Saint-Point 29 juillet 1825

. Il est nommé à Florence, alors qu’il n’y pensait

plus, et accepte par égard pour la santé de sa femme. « Vous savez à

quoi se borneroit mon ambition. Depuis que je ne vous ai écrit j’ai vécu

presque toujours dans ma solitude rustique […]. De toutes les insipidi-

tés dont se compose l’existence humaine une fois la saison de l’amour

passée, la moins insipide encore c’est une vie occuppée à remuer la

terre et les pierres, première et dernière destinée de l’homme. […] Je

ne fais plus de vers, j’en suis dégouté »…

Florence 15 novembre 1825

.

Nouvelles de la légation, où « l’ami Antoir » [attaché de légation] et lui-

même regrettent Fontenay. « Le service étoit doux de votre règne, vous

n’étiez ni éxigeant ni capricieux, le m

is

de La Maisonfort ne l’est pas non

plus quand il est seul, mais il a un entourage qui quoique spirituel ne

rend pas les relations aussi sures et aussi simples que seroient les notres

sans cela. Jusqu’à présent pourtant je me tire d’affaires en louvoyant

et il n’y a pas eu encore de choc direct, mais beaucoup de mots dits

par-derrière »… Il fait un tableau agréable de sa vie de tous les jours…

168

LITTÉRATURE

10 L.A.S.

Virginie ANCELOT, Casimir DELAVIGNE, Charles-Marie de FÉLETZ

(5, au comte Emmanuel de Las Cases), SAINT-MARC GIRARDIN,

Eugène SUE, Jean-Pons VIENNET. On joint un extrait du

Mercure du

XIX

e

siècle

sur Mazeppa.

100 - 150 €

169

LITTRÉ Émile (1801-1881)

5 L.A.S. « E. Littré », Mesnil 1851-1863 et s.d. ; 7 pages in-8 ou in-12,

une adresse.

4 juin 1851

, à Léopold AMAIL, le remerciant d’avoir fait figurer son nom

sur la quatrième page [de la revue

La Politique nouvelle

] : surchargé de

travail mais désireux de lui être agréable, « je ferai tous mes efforts pour

m’acquitter »…

Vendredi [15 mai 1863]

, à Louis HACHETTE : « Veux-tu

me faire la largesse d’un exemplaire de plus du

Dictionnaire

? […] J’ai

encore 40 pages à relire pour parfaire la 5

e

livraison »…

17 septembre

1863

. Renseignements sur une 3

e

édition de sa traduction de la

Vie

de Jésus

par Strauss. « Vous avez certainement raison, à côté de la

Vie de Jésus

par M. Renan, il y aurait place pour d’autres idées et un

travail différent »… Etc.

120 - 150 €

Florence 20 avril 1826

. Remarques sur la religion et la poli-

tique, qu’il voudrait éloigner l’une de l’autre. « Les gouverne-

ments la professent quand ils s’en servent comme d’un instrument.

Je passe ici pour un Jésuite déguisé, tant ils ont en horreur tout ce qui

croit en Dieu et vous savez combien je suis loin de l’ultracisme en tout

genre »… Allusion à son duel avec le colonel Pepe…

Florence 1

er

février

1827

. « Je vous avais cru ministre en Hanovre et un an s’est écoulé sans

résultat. J’espère qu’enfin vous me montrerez le chemin vous mon maître

en diplomatie […]. Je vous imite ici, car j’adore Florence plus qu’aucun

pays que j’aye habité. Je me résignerais pour toute ambition à y rester

toute ma vie humble chargé d’affaires »…

Paris 27 octobre [1828]

. Annonce de sa venue à Fontainebleau. Il prie

Dieu « pour qu’il bénisse comme vous le méritez ce point capital de

votre vie. Raportez-vous-en au cœur de vos amis pour ceci, et soyez

heureux »…

Mercredi soir [29 octobre 1828]

. « Voyons-nous : et sur-

tout donnez-moi à souper et à coucher à Fontainebleau. Rien ne porte

bonheur que de fréquenter les heureux et vous le serez alors plus

qu’oncques vous ne le fûtes »…

Mâcon 13 décembre 1829

. Il est au

« comble de la douleur » : la mort de sa mère le détache « encore plus

de tout excepté de ma femme et ma fille et du souvenir de quelques

vrais et bons amis. […] Je ne sais où en est ma destinée diplomatique.

Le duc de Laval me demande à Londres on m’a parlé de mille choses

ailleurs. Je ne m’y intéresse plus non plus qu’à rien »…

22 mars 1836

.

« J’ai publié ces jours-ci un épisode à poésie [

Jocelyn

] que je voudrais

vous envoyer ainsi qu’à M.

Swab

et je désirerais bien qu’il fût tenté de

le traduire »… Dans quelques jours il part à Venise…

Genève 29 juillet

1841

. Sa femme lui apprend sa visite, « une bonne pensée perdue pour

moi mais dont la mémoire restera dans mon cœur. Votre présence et

votre amitié m’auraient rapellé les beaux jours de 1820 à Naples et les

sombres jours de 1833 à Stugardt. Bonheur et tristesse vous rendaient

également cher à nos souvenirs […] Continuez à nous représenter

et à nous honorer en Allemagne. Ma politique à moi est éminement

allemande. C’est la seule qui convienne à ce

demi-siècle

rempli par la

question d’Orient. L’Allemagne est un contrepoids posé au milieu des

deux grandes ambitions du monde. C’est à nous de ne pas le jetter

dans un des bassins russe ou anglais mais de nous combiner avec

elles pour faire force et paix »…

4 000 - 5 000 €

167

LAMARTINE Alphonse de (1790-1869)

17 L.A.S. (« Alphonse de Lamartine », « Lamartine », etc.), et 3 L.A.,

1819-1841, à Gabriel de FONTENAY ; 53 pages in-4 ou in-8, nombreuses

adresses.

Importante correspondance politique et amicale à son « maître en

diplomatie » et ami fidèle

.

[Secrétaire de légation et chargé d’affaires à Florence (1816), puis à

Naples (1820) où il connut Lamartine, second attaché à l’ambassade,

Gabriel, chevalier puis vicomte de FONTENAY (1784-1855) poursuivit sa

carrière comme secrétaire d’ambassade à Saint-Pétersbourg (1823), puis

ministre plénipotentiaire à Stuttgart (1827-1849). À son retour d’Orient,

en deuil de sa fille, Lamartine passa quelques jours chez lui à Stuttgart.]

Mâcon 15 janvier 1819

. Lamartine rappelle les circonstances dans

lesquelles ils se sont connus, et prie Fontenay d’intervenir auprès du

gouvernement toscan, en vue de faire concéder, près de l’île d’Elbe,

« une petite isle nommée la

Pianozza

inculte et inhabitée, quoique son

sol soit très susceptible de culture » ; le gouvernement français, tant

que c’était en son pouvoir, « craignoit je pense que l’etablissement

qu’on y formeroit ne servît a ravitailler les Corsaires anglais »… Des

agriculteurs-propriétaires français, dont « M

r

de Nansouty de Dijon

et quelques uns de mes amis et moi-même si je puis aussy y mettre

quelques fonds » désireraient mettre l’île en culture…

Milly 8 décembre

1821

. Il s’occupe de son manoir dans le Charolais, en attendant « qu’un

favorable souvenir du ministre me renvoye en quelque coin d’Italie,

ou que son oublié précoce me laisse vieillir où je dois mourir […].