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Lettres & Manuscrits autographes
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26 mai 2020
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GAINSBOURG Serge (1928-1991)
MANUSCRIT autographe d’aphorismes, et TAPUSCRIT en partie
autographes,
Ecce homo
; 1 page in-4, et brochure de 4 pages in-4
(légère mouillure dans le bas).
Bel ensemble d’aphorismes
. Ils ont été publiés dans
Au Pays des
Malices
(Nantes, Le Temps singulier, 1980).
La page manuscrite rassemble cinq aphorismes, dont certains demeurent
célèbres ; le troisième est raturé. « Amour hélas ne prend jamais qu’un
seul m,/ faute de frappe on écrit haine pour aime. – Le snobisme c’est
une bulle de champagne qui hésite entre le rot et et [
sic
] pet ». – Le
mensonge étant un alibi je ne vois pas ce dont on m’accuse. – Qui
promène son chien est au bout de la laisse. – L’amour est aveugle et
sa canne est rose ».
Ecce homo
. La brochure dactylographiée présente de nombreuses
corrections et additions autographes. C’est un recueil d’apho-
rismes, fragments de dialogue et réflexions autobiographiques.
L’épigraphe d’Oscar Wilde a été barrée et remplacée par une cita-
tion de Lichtenberg, depuis partout attribuée à Gainsbourg :« La
laideur a ceci de supérieur à a beauté c’est qu’elle dure ».
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GAINSBOURG Serge (1928-1991)
MANUSCRIT autographe signé « Gainsbourg » ; 1 page in-4 à l’encre
brune (déchirée et recollée au scotch).
« Ce synopsis démarre à fond la caisse à la page trois suivez mon regard ».
On joint
2 brouillons inachevés de ce texte à l’encre noire (2 pages in-4,
déchirées et recollées au scotch).
1 000 - 1 200 €
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GOUNOD Charles (1818-1893)
L.A.S. « Ch. Gounod », Courtavenel 15 juillet 1850, à Ivan
TOURGUENIEV
;
6 pages in-8, cachet sec de la
Collection Viardot
.
Très belle et longue lettre à Tourgueniev, sur son opéra
Sapho
.
(qui sera créé à l’Opéra le 16 avril 1851, avec Pauline VIARDOT dans
le rôle-titre).
Depuis son départ, il attend impatiemment les lettres de son ami, mais
met son silence sur le compte de la longueur et des encombrements du
voyage : « Au reste je ne suis pas sans nouvelles de vous puisque Madame
VIARDOT
m’en a déjà donné deux fois », de Berlin et de Stettin, et qu’elle
en attendait de Saint-Pétersbourg : « C’est une préférence de laquelle je
ne serai jamais jaloux »... Tourgueniev manque à tout le monde à Courta-
venel, où la vie suit son cours : « nous ne troublons pas par des vociféra-
tions bachiques la paix du lieu ». Seul le vieux chien Sultan, affolé par les
chaleurs de Flore, perturbe cette paix : « il s’obstine quoique Flore lui ait
déclaré cent fois, des pattes et des dents, qu’elle n’agréait pas ses vœux ;
Suivent une vingtaine d’entrées, la plupart corrigées, et deux biffées.
« Lucien [Gainsbourg
biffé et corrigé en
] GINZBURG … maintenant ça
passe. Je voulais m’appeler Julien à cause de Julien Sorel. Après je suis
tombé sur Lucien Leuwen, autre héros de Stendhal. Ça m’a réconcilié avec
mon prénom, mais finalement j’ai choisi Serge… – Pourquoi Serge ? – Par
nostalgie d’une Russie que je n’ai jamais connue »… – « J’ai retourné
ma veste quand je me suis aperçu qu’elle était doublée de vison »… –
« Je ne suis pas de ce monde. Je ne suis d’aucun monde »… – « [Moi
je suis juif. En 42, j’avais une étoile de Shériff comme ça ! Mais
biffé
]
juif ce n’est pas une religion. Aucune religion ne fait pousser un nez
comme ça. [Je n’ai pas de religion.
biffé
] »… Etc.
On joint
un portrait photographique par Yannick Couprie.
Provenance
Vente Sotheby’s Paris, 29 mai 2013, n° 125.
4 000 - 5 000 €
quoique Zéphyr, époux légitime et vengeur, le lui ait également indiqué »,
le chien est hors de contrôle, « dans sa rage vénérienne », hurle toute
la nuit et cause de nombreux dégâts : « Rien ne l’arrête ; il est comme
un torrent impétueux »…
Sapho
avance, et Gounod en a complètement revu et corrigé avec Émile
AUGIER
le second acte, dont il a déjà composé les plus importants
morceaux : « d’abord les 4 idées principales du dernier tableau – ensuite
la chanson à boire de Pythéas : “ô large Amphore” – Ensuite le
Duo des
Tablettes
avec Glycère – puis enfin le Serment des conjurés à la fin du
Banquet
. Je crois que tout cela vaut au moins le premier acte, sinon
mieux ». Mais le jugement de Tourgueniev lui manque : « Où est-il cet
heureux temps où je ne restais pas longtemps dans l’incertitude après
avoir fait un morceau ! » On a engagé Massol pour le rôle d’Alcée, ou
celui de Pythéas ; Mme Laborde aura le rôle de Glycère. En ce moment
il cherche « le chant du Banquet “à Bacchus”, et puis j’orchestre mon
Duo
de Glycère et Pythéas dont je suis
très content
: je regrette que
vous ne le connaissiez pas, parce que c’est une donnée comique, et
que vous n’avez pas encore vu cette face de ma composition ». Sa
mère et Berthe, qui l’ont entendu, ont beaucoup ri. Il ne lui reste que 7
semaines !... Il ne lui parle pas des succès de Mme Viardot à Londres :
« Ses lettres, les journaux, vous en auront instruit […] ; Chorley m’écrit
que l’effet qu’elle produit va toujours croissant. Quant à elle, elle me
dit que sa voix est excellente, qu’elle ne l’a jamais mieux servie »…
« Jespère que vous aurez de bonnes nouvelles à nous donner de vos
ouvrages : vous savez si nous en sommes impatients »… Il est allé
embrasser sa petite nièce à Paris, qui est « belle comme un ange »…
Gounod assure son ami de toute son affection : « nous sommes unis
bien fraternellement et bien solidement jespère »…
1 000 - 1 200 €
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