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Lettres & Manuscrits autographes
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26 mai 2020
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BRETON André (1896-1966)
L.A.S. « André Breton », Paris 9 janvier 1931, au collectionneur et mécène
René GAFFÉ ; 1 page et quart in-4.
Intéressante lettre sur les manuscrits des Manifestes du Surréalisme
.
« De Suisse, ÉLUARD m’écrit très inexplicablement que vous attendez une
lettre de moi relative aux possibilités d’achat par vous des deux manifestes
du surréalisme. […] Malheureusement le manuscrit du premier est en
possession de ma femme [Simone Kahn], à qui j’ai essayé vainement
de le reprendre et cela moyennant toute compensation mais croirez-
vous que cette charmante personne y attache une valeur de souvenir
de jeunesse (c’est ce qu’elle n’a pas hésité à me faire répondre) ! Quant
au second manuscrit il appartient à René CHAR qui, je crois, serait
disposé à vous le céder. Le cas échéant je m’offrirais à vous adresser
soit une copie du premier manifeste soit le manuscrit du texte revu »… Il
a honte d’avoir tardé si scandaleusement à lui faire parvenir des pages
introductives ; il persiste à se débattre dans de pénibles circonstances
matérielles. « L’hostilité grandissante de certains milieux dans lesquels,
à la suite du voyage d’ARAGON, nous espérions moralement trouver un
appui, hostilité qui est en train de se traduire par des actes, n’est pas
étrangère à cette négligence apparente et encore, le diable sait, s’il n’y
avait que cela. Et voici maintenant qu’il faut en toute hâte préparer le
troisième numéro de la revue [
Le Surréalisme au service de la révolution
],
si l’on ne veut pas devenir la proie des animaux féroces »… Il le prie
de devancer l’échéance prévue pour « le versement île de Pâques »…
600 - 800 €
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BRETON André (1896-1966)
L.A.S. « André Breton », Paris 26 décembre 1948, à Francis DUMONT ;
1 page et quart in-4, en-tête
Compagnie de l’Art brut
.
Il reconnaît ses torts, en ne répondant pas : « C’est, en quelque sorte,
impardonnable, je ne me le dissimule pas. J’ai même ici deux livres à
vous dont le poids contre moi vient s’ajouter dans la balance de la justice
(heureusement que l’un d’eux est de M. GARAUDY). Mais je n’ai pas
envie de plaisanter, croyez-le bien. Il vous faut, même avec toute l’humeur
du monde, vous passer de moi, de ce texte du moins. Les voies pour
l’entreprendre ne se sont pas ouvertes, je ne passais sans doute pas ces
derniers temps du côté voulu. Je suis de plus en plus ennemi du travail
forcé, surtout pour des revues aussi éclectiques pour concevoir l’oppor-
tunité de numéros spéciaux staliniens, par exemple. Je suis persuadé
que ce que vous aurez réuni […] se suffit parfaitement sans moi. Tout ce
que je regrette est de vous avoir sans doute indisposé personnellement.
Je souhaite que vous ne m’en gardiez pas définitivement rigueur »…
400 - 500 €
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BRETON André (1896-1966)
L.A.S. « André Breton », Paris 26 octobre 1962, à Madeleine CHAPSAL ;
1 page in-4, enveloppe.
« Il y a deux mois je vous ai dit comme je me louais de vos procédés
envers moi et combien j’appréciais l’offre de votre amitié. Je tenais de vous,
d’autre part, que la rédaction de
L’Express
avait fait grand cas des propos
que nous avions pu échanger et je m’en suis réjoui, espérant qu’à l’avenir
me serait épargnée une malveillance assez peu justifiable de la part d’un
journal avec lequel je pourrais me croire en sympathie d’idées et qui me
paraissait résulter d’un malentendu. Permettez-moi de vous faire juge de
ce qu’il en est […]. Si aguerri que je sois à cette sorte de venin, croyez-vous
qu’on puisse faire plus infâme que ce M. Cournot du “rire jaune”, accumuler
plus de mensonges préjudiciables et de vilenies ? Dans la presse il me
semble que, sur les moyens de nuire, on est plus scrupuleux presque par-
tout ailleurs. Aux soins très particulièrement attentifs que j’avais pris pour
satisfaire au désir de
L’Express
, je serais curieux de savoir comment M. le
rédacteur en chef de cet organe peut faire répondre par la diffamation »…
On joint
4 photographies
de presse de Breton interviewé dans son
bureau par Madeleine Chapsal.
400 - 600 €
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BRETON André (1896-1966)
P.A.S. « AB. » ; 1 page et demie in-4 sur feuillet de classeur quadrillé
et perforé.
Réponses à un questionnaire en 23 points.
« 1 Pruderie. – Humilité. – Sottise.
2 Cocteau. – Abbé Pierre. – Floriot.
3 Rome. – New York. – Marseille.
4 La Fontaine. – Molière. – Voltaire.
5 Dieu. – Travail. – Patrie.
6 Justice. – Église. – Suffrage universel.
7 “Carrière”. – Sport. – Tricot. […]
13 Napoléon. – Jeanne d’Arc. – Poincaré.
14 Pendule. – Pyjama. – Cravate.
15 Rembrandt :
Le Syndic des drapiers.
– Raphaël :
Vierge
(au choix).
Cézanne : Grandes
Baigneuses
»… Etc.
500 - 700 €
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BRETON André (1896-1966)
MANUSCRIT signé « André Breton » et par douze autres, écrit par
Gérard LEGRAND,
Les Masques de la Mi-Carême
, [1957] ; 4 pages in-4
sur papier gris.
Protestation contre les tentatives de récupération chrétienne du
surréalisme
.
Ce violent manifeste proteste contre les expositions de la Galerie Klé-
ber, notamment contre celle consacrée à Judit REIGL, « cette bas-bleu
arriviste » ; contre l’annexion du
celtisme
; les tentatives de récupération
du surréalisme par un « groupe capétien », etc. : « le Surréalisme ne
laissera pas un cléricalisme fasciste se développer sur le plan théorique,
à l’abri des divagations de quelques peintres en mal de gigantisme
rentable
. […] De tout artiste, nous sommes en droit d’exiger aujourd’hui
qu’il prenne un minimum d’engagement
moral
, mais sans équivoque, à
l’égard de l’immonde tyrannie dont la tête, quel qu’en soit le masque,
est à Rome
».
Ont signé, outre André Breton et Gérard Legrand, Robert Benayoun,
Adrien Dax, Georges Goldfayn, Pierre Marteau, Pierre de Massot, Jehan
Mayoux, Benjamin Péret, José Pierre, Jean Schuster ; plus (p.p.) Charles
Flamand et Jean-Claude Silbermann.
Provenance
Ancienne collection Jean BÉLIAS (13 octobre 2008, n° 53).
1 000 - 1 200 €
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