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BEAUX-ARTS
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CHIRICO GIORGIO DE (1888-1978)
12 lettres autographes signées adressées à Julien LÉVY
Paris, 26 janvier 1934 ; Rome, 2 décembre 1948, ensemble
de 19 pages in-4 et in-12 à l’encre.
8 000 / 10 000 €
Magnifique correspondance évoquant l’hostilité réciproque entre
de Chirico et les Surréalistes.
En 1933, Chirico voulut organiser une exposition de ses œuvres
récentes à New York et choisit la galerie de Julien Lévy. Ce dernier
lui reprochait de se répéter : « Je ne réussis pas bien à comprendre
ce que vous voulez dire à propos de mes tableaux quand vous parlez
de répétition et de trop de chevaux. Ma production est très variée et
en Amérique les marchands ont vendu un peu tous les genres : j’ai
fait beaucoup de tableaux de chevaux […] mais à côté de ça, j’ai fait
beaucoup d’autres sujets : gladiateurs, courses de chars, mannequins,
ruines et paysages dans les chambres, meubles dans les vallées, etc.
Il y a peu de peintres qui ont eu une production aussi variée que
moi » écrit Chirico en janvier 1934.
Une lettre étonnante révèle l’animosité qu’éprouvait Chirico pour les
Surréalistes : « L’origine de cette hostilité vient de ce que leurs deux
chefs Breton et Eluard, avaient tout de suite après la guerre réussi
à ramasser pour très peu d’argent et parfois même pour rien, un
certain nombre de tableaux de moi peints avant et pendant la guerre
[…] Ils espéraient faire un coup dans le genre Douanier Rousseau ;
ils ont commencé à parler de moi dans leur revue en me décrivant
comme une espèce d’halluciné qui a peint quelques toiles qu’eux
seuls possèdent […] Leur rayon d’action est très limité et ils perdent
toujours du terrain car les gens commencent à en avoir assez de leurs
histoires et tout le monde comprend que c’est une bande d’individus
fainéants et sans talent qui cherchent d’attirer l’attention sur eux par
de petits scandales, des intrigues » (lettre du 10 novembre 1934).
Il a ainsi reporté son exposition chez Julien Lévy pour ne pas exposer
en même temps que Dalí, « le peintre qu’ils soutiennent le plus en
ce moment […] Je suis sûr que Dali et sa femme tâcheront de parler
mal de moi à New York ». Cette exposition sera finalement annulée,
suscitant une amère réaction d’orgueil de l’artiste : « D’après ce qu’on
m’a dit, votre clientèle se compose surtout de snobs, d’esthètes et
d’autres gens pareils, c’est-à-dire de personnes qui ne comprennent
rien à la peinture » (lettre du 13 juin 1935). Les deux hommes se
réconcilieront par la suite.
Correspondance d’un grand intérêt.
Il est joint
un texte signé de Giorgio de Chirico relatif à Léonor Fini,
1 page et quart in-4 au crayon (froissée).
« Leonor, avec le chant qui éloigne le jour et le sommeil,
Leonor avec le chant ou même le luth
et l’arquebuse, ou même la sébille
et le carquois se fondent en un
torrent infini de pleurs […] ».




