Previous Page  236 / 260 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 236 / 260 Next Page
Page Background

les collections aristophil

234

796

SAINT-SIMON Louis de Rouvroy,

duc de

(1675-1755) duc et pair, le

célèbre auteur des

Mémoires

.

L.A.S. « Le Duc de S

t

Simon », Paris

9 avril 1713, à Michel CHAMILLART ;

3 pages et quart petit in-4.

2 500 / 3 000 €

Très belle et amusante lettre à cet ami

et allié, sur ses a£aires financières, des

aventures féminines, et les séjours à la

Cour à Marly et Fontainebleau

.

[Le beau-frère de Saint-Simon, Guy Nicolas

de Durfort duc de Lorge, était l’époux de

Geneviève Chamillart, fille de l’ancien

ministre.]

Ce n’est pas la Cour qui l’occupait : « Il m’a

fallu finir l’aÀaire de M

r

de Lausbespine & luy

compter 50 000 ecus ce qui n’est pas trop

aisé, mais enfin je suis sorti de ses griÀes

pour n’en jamais plus ouïr parler. En mesme

temps il m’a fallu courir apres 20 juges &

essuyer la lie de la plus fine & de la plus

impudente chicane de M

rs

Nicolaï de Seuil &

Dorieux qui s’estoient si bien accoustumés a

se rouler sur mon argent depuis 28 ans qu’ils

l’ont qu’il n’est sorte d’infamie qu’ils n’ayent

mis en usage pour le garder enfin finale j’ay

eu ce matin un arrest dišnitif a ce que dans

6 mois pour tout delay les bonnes gens me

rendent gorge, & je vous promets bien de

leur serrer le gavion comme il faut. Il faut que

tous ces diables la m’ayent fait faire plus de

50 lieues sur le chemin de Marly dpuis qu’on

y est. Nous y retournons demain harassez

comme des chevaux de poste »…

Le séjour de la Cour à Fontainebleau, « fixé

le 30 pour durer 27 jours », le fait enrager de

ne pouvoir aller en son château de La Ferté

[La Ferté-Vidame], « & le temps inouï qu’il fait

acheveroit de me desesperer s’il n’amortissoit

mon envie ord[inair]e d’aller chez moy. Je

compte que ce sera a la fin de 7

bre

au hazard

de l’arriere saison qui au pis aller ne peut

estre plus fascheuse que celle cy » ; il y

recevra M. d’Englesqueville, qui « bastit chez

luy fort et ferme ». Il évoque également les

travaux de Chamillart, qui a fait démolir une

grange, « n’en déplaise aux mangeuses de

muscat » (les filles de Chamillart) : « je suis

moins gourmand qu’elles ».

Il rappelle avec humour un incident

concernant Mme de LISTENOIS : « Vous

estes excellent de vous souvenir encore

avec aise de nostre avanture Listenique.

Premierement ces sortes d’égueulées qui ont

un sexe & un nom metourdissent toujours, &

puis vous scaurez quelque jour pourquoy je

fus si stupide. Je l’eusse esté alors avec une

maistresse, jugez de ce que je pouvois estre

avec une si vilaine et si halbrenante femelle.