241
HISTOIRE
en argent de l’Empereur… Une épidémie terrible règne depuis l’Oder
jusqu’à la Vistule ; Louise serait eÀrayée de voir la misère autour de
lui… Arrivé à Dantzig le 7 décembre, il devra rejoindre Louise et les
enfants le 9 à Stettin…
1810
, année riche pour la correspondance (près de 100 lettres), voit
Soult, désormais major-général du Roi Joseph, mener la
guerre
d’Espagne
, envahir l’Andalousie et s’emparer de Séville. Il se plaint
des agissements de ceux qui jalousent ses succès (depuis Austerlitz !) ;
il a rendu en Espagne et au Portugal des services trop remarquables ;
cependant il reste confiant en la justice de l’Empereur… À Baylen, où
DUPONT avait capitulé aux Espagnols, il se félicite d’avoir manœuvré
de manière à faire oublier « ce facheux evenement, et pour cette fois
les français pourront prononcer avec honneur le mot de Bailen […], et
j’ai le bonheur insigne de voir realiser ce que j’eus l’honneur d’écrire
à l’empereur en aprenant la fameuse catastrophe du général Dupont,
“que je m’estimerois le plus heureux des hommes si je pouvois par
mes actions, sur les lieux mêmes faire oublier à sa majesté, cette
honteuse deÀaite” » (21 janvier)… Les troupes sont entrées à Grenade,
puis à Séville… Les insurgés ont conduit le général FRANCESCHI à
Malaga, et Soult œuvre des mois durant pour faire échanger son ami
prisonnier… Content que l’Empereur lui impose « l’honorable tache de
terminer les aÀaires d’Espagne » (2 mars), il aspire surtout à rentrer
dans la vie privée, et regrette de ne pouvoir assister aux fêtes à Paris,
à l’occasion du mariage de leur souverain : puisse l’Empereur voir
une « nombreuse postérité faire comme Titus les delices du genre
humain » (17 mars)… Il envoie à S.M. à cette occasion les aigles que
le général Dupont perdit à Baylen, et des drapeaux pris à l’ennemi
dans la campagne de 1810… Il voudrait vendre ses domaines de
Poméranie, Pologne, Westphalie et Hanovre, et constituer un majorat
1807
le voit prendre part à la
campagne de Pologne
(environ 60
lettres). Son frère est son premier aide de camp, et M. ANTHOINE,
neveu du Roi de Naples, en est un autre. Il parle de la mort du général
d’HAUTPOUL, qu’il attribue autant à la folie incurable de son épouse
qu’à ses blessures à Eylau ; HEUDELET se remet de la sienne ; les
généraux LEGRAND, GUDIN et SALME vont bien… Un violent incendie
a ravagé Liebstadt… Fin mai, il refuse l’oÀre de Louise de venir auprès
de lui, car ils s’attendent à reprendre les hostilités, depuis la prise de
Dantzig ; le 6 juin, ils se battent depuis deux jours, et il se porte bien :
« Hier au milieu d’un feu très vif on me remit ta lettre du 21 may. Je
l’ai lue avec transport »… Il entre à Königsberg le 16 juin, et se repose
dans cette ville « opulente » en attendant l’Empereur : « Sa Majesté a
elle-même poursuivi ses ennemis qui continuent à s’éloigner, et à le
raprocher de leurs frontieres, il faut esperer […] que tous les avantages
que l’empereur a obtenus produiront un heureux resultat, et que la
paix en sera peut être la consequence » (18 juin)… « L’empereur poursuit
toujours les debris de l’armée russe, déjà il leur a fait repasser leurs
frontieres apres avoir eprouvé des pertes immenses » (20 juin)… « C’est
presque un reve ! que dans dix jours de campagne l’empereur ait
pu obtenir d’aussi grands avantages et preparer des resultats aussi
inattendus, que de gloire ! Dans ces dix jours il a eÀacé tout ce qu’il
avoit precedament fait, que de reconnoissance et d’amour de si
hauts faits nous imposent ! L’admiration pour son genie etoit déjà
ineÀable, et cepandant il a encore ajouté à ce sentiment, que rien
ne sauroit egaler et qui ne peut être contenu. Les trois souverains
sont reunis à Tilse [Tilsitt] sur le Niemen, où leurs plenipotentiaires
traitent de la paix […], l’armée se mettra en marche pour en assurer
l’execution » (28 juin)… L’Empereur donne des domaines en Pologne
à ses maréchaux et à plusieurs généraux ; renseignements sur celui
de Raciazek que lui-même a reçu… Donation en rentes sur l’État et




