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marchands, boutiquiers et industriels. Il serait bien plus sûr, à mon avis, de ne

point parler de la trop grande multiplication des établissements de commerce, et

de laisser au temps à éclairer désormais sur ce point le public. Chacun se croira

menacé par votre manifeste, tandis qu’il faudrait, aujourd’hui surtout que nous

prêchons la conciliation, rassurer tout le monde. Vous le pouvez sans faillir à vos

principes, et avec bien plus d’avantages pour votre entreprise. En effet, tous les

boutiquiers et marchands établis, peuvent et doivent même être considérés par

vous comme les succursalistes responsables d’une immense société de Commerce,

ayant pour objet la vente des produits ou matières premières, et conséquemment

la mission de les mettre à portée de tous les consommateurs. C’est l’agglomération

de population […] qui multiplie les épiciers ; et c’est la stagnation des affaires

et la misère des masses qui les ruine. Peut-être le nombre des magasins ne vous

paraîtrait-il pas aussi excessif, si tout le monde gagnait de quoi vivre. […] Si chacun

en France pouvait s’acheter seulement une douzaine de chemises, cela ferait

36 millions de douzaines à fournir d’ici à deux ans : pensez-vous que le commerce

des toiles, tel qu’il existe actuellement, ne peut pas être tout entier satisfait d’une

pareille commande ? Raisonnez de même du vin, de la viande, de l’épicerie; et

au lieu de vous tant préoccuper du soin de réduire le nombre des marchands,

vous vous attacherez davantage à leur procurer de la clientèle. La réduction

viendra plus tard : il faut commencer par la circulation. De ce point de vue, qui

ne touche pas du reste à vos projets ultérieurs de simplification, vous pouvez, ce

me semble, remanier votre plan, et y intéresser tous ceux qu’aujourd’hui vous

avez l’air de vouloir combattre. Vous leur feriez entendre qu’il s’agit pour eux

d’acheter, avec un léger prélèvement sur leurs bénéfices, une clientèle, un débit

toujours plus considérable ; de telle sorte, par exemple, que si les bénéfices du

commerce français sont, comme vous le dites de 2 milliards, le commerce, en

se cotisant pour une subvention annuelle de 100 millions (un 20

e

des bénéfices

nets), s’assurerait chaque année un accroissement de rentes qui lui laisserait un

bénéfice bien supérieur. Cette idée maîtresse bien comprise, votre Société n’est

plus qu’une société

d’agence

, bureau d’indication et renseignements, qui ne fait

ombrage à personne, qui sert tout le monde, et dans les transactions qu’elle prépare ne fait que des satisfaits et jamais de mécontents.

Les abus, qui dans ce moment vous choquent davantage, disparaîtraient ensuite d’eux-mêmes : vous auriez l’égal échange et le commerce

véridique. En résumé, toute critique de l’ordre établi, si juste qu’elle soit, est bonne pour le journalisme, la tribune ou les livres, mais

ne doit jamais se montrer dans un projet de société commerciale et industrielle. Ce qui seul doit paraître, en affaires, c’est le profit ; ce

qui reste toujours sous-entendu, ce sont les réformes. Ainsi est fait le genre humain : ne vous gendarmez pas contre les susceptibilités

et les délicatesses de sa routine ». Ainsi, Proudhon pourrait prendre « part et intérêt dans votre entreprise ; d’autant plus que je ne suis

peut-être pas loin de remettre en branle la grosse cloche du crédit gratuit »…

688.

Pierre Joseph PROUDHON

. L.A.S., [vers 1851-1852], à Marc-Lucien

B

outteville

 ; 2/3 de page in-8.

500/600

À

son

collaborateur

B

outteville

à

propos

du

projet

d

une

H

istoire

de

la

D

émocratie moderne

.

Il le prie de venir dîner avec lui : « Il s’agit de prendre une décision sérieuse au sujet de notre

Histoire

, et comme je présume que je

pourrai encore avoir besoin de votre collaboration, il s’agit de bien la déterminer ». Il doit donner demain une réponse aux éditeurs

B

roussard

et

M

onnier

, « que leur abonnés sollicitaient et qui ne savent eux-mêmes que dire. J’ai promis que vous vous trouveriez chez

eux avec moi, demain »… [Ce projet fut abandonné.]

689.

PRUSSE. ÉLISABETH-CHRISTINE

(1715-1797) Reine de Prusse, fille du duc Ferdinand Albert II de Brunswick-

Wolfenbüttel, épouse de Frédéric II. L.A.S. « Elisabeth », à la princesse Sophie

G

alitzine

; ¾ page in-8, encadrement

gaufré, adresse avec cachet de cire rouge à la devise

Souvenir

.

200/250

« Je vous demande bien des pardons ma chere Princesse si je vous ai fait attendre ; si ce que vous m’avez demandé avoit dependu de

moi vous n’auriez pas été arettée un seul instant, mais il a fallu la permission de l’Imperatrice qui me l’a accordée. Je vous souhaite un

bon voyage, et j’espere que vous ne trouverez pas Mad. votre tante bien serieusement malade »…

O

n

joint

une L.A.S. du Dr Karel

R

okitansky

, Vienne 17 février 1865 (en allemand).

690.

Joseph REINACH

(1856-1921) homme politique et journaliste. 15 L.A.S., Paris et Marienbad [1897-1911 et s.d.], à

Gaston

C

almette

, au

Figaro

 ; 30 pages in-8 ou in-12, qqs en-têtes

Chambre des Députés

, plusieurs adresses et enveloppes.

1 200/1 500

T

rès

intéressante

correspondance

sur

l

’A

ffaire

D

reyfus

.

Lundi [29 novembre 1897]

. Faisant allusion à « l’admirable manœuvre du plateau de Gratzen » de Napoléon à Austerlitz : « Vous avez

occupé le plateau de Gratzen ce matin [en publiant le fac-similé d’une lettre d’Esterhazy]. Il faut maintenant tirer à boulets rouges

sur les étangs glacés », et publier le triple fac-similé Dreyfus-Bordereau-Esterhazy : « vous achèverez ainsi la victoire. Il ne suffit pas