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les premiers mois de l’année prochaine paraîtra le premier roman d’une série sur les manifestations publiques de la volonté, et la réaction

de l’individu pensant sur les milieux. Ce roman aura pour titre

L’Orient vierge

. Il passera vers 2000 dans l’Ancien Monde et imaginera

l’effort suprême des races latines contre la poussée des races jaunes » (début 1895)... D’autres témoignages d’amitié et de confiance :

« Je vous affectionne bien plus que vous ne pensez et j’ai toujours souffert de n’avoir pu vous parler, depuis cette époque lointaine où

vous avez connu un être si différent, si étranger à l’homme que je suis, et, à vrai dire, si insupportablement artificiel comme tous les

contaminés du feu symbolisme dont une crise de chagrin et de bon sens m’a fait sortir (2 novembre 1907)... « Vous me demandez par

quelles voies j’ai passé pour arriver à penser comme vous, c’est-à-dire en

homme 

? Tout simplement par la route la plus sûre, celle de

la douleur, qui m’a jeté hors de l’égotisme, du raffinement de style et de l’esthétisme, pour me faire bien comprendre que dans la vie

le secret de la santé morale est de s’oublier pour ne penser qu’à autrui. J’ai payé cette leçon par une peine atroce, de grandes blessures

d’injustice, et six ans de lutte quotidienne contre la tuberculose » (novembre 1907)... « Non, je ne suis pas

fier

de ma pauvreté. J’estime

que je suis riche, puisque l’indépendance d’opinion est un luxe suprême en ce temps. [...] J’ai connu des heures désespérées, notamment

à l’époque du prix Goncourt, où je râlais de congestion pulmonaire double dans une bicoque du Midi et où ma femme avait douze francs

pour me soigner, le jour même où

M

irbeau

faisait échouer ma candidature » ; mais l’argent corrompt l’artiste (16 novembre 1913)...

On rencontre aussi les noms de Juliette Adam, Henri Albert, Beaubourg, Calmette, Hervieu, Hirsch, Lorrain, Rochegrosse, Tardieu,

Vauxcelles, etc.

O

n

joint

un fragment de

brouillon autographe de réponse à une enquête sur le théâtre, et 3 cartes de visite autogr.

321.

Guy de MAUPASSANT

(1850-1893).

M

anuscrit

avec corrections autographes, avec 2

manuscrits

autographes par Jules

H

uret

; 3 pages petit in-4, plus 3 pages petit in-4 au crayon, et 4pages in-4.

300/400

R

éponses

de

M

aupassant

à

l

enquête

de

J

ules

H

uret

. –

M. Guy de Maupassant

, [1891]. Entretien et portrait de Maupassant par

Huret, pour sa célèbre

Enquête sur l’évolution littéraire

. Ce manuscrit a été corrigé au crayon par Maupassant, et a servi à l’impression ;

il ne parut pas dans la série publiée par

L’Écho de Paris

entre mars et juillet 1891, mais fut recueilli dans le volume paru peu après

(Charpentier, 1891). – Notes autographes de Jules Huret prises lors de son entretien avec Maupassant : « Pas d’écoles. Des individus.

École suppose élèves, imitateurs. Pas intéressants. Le chef seul est intéressant. Il n’y a donc qu’individus et anarchie. – Dédain du passé.

Haine du présent [...] – Romans de hasard. Pensums. Procédés de style appliqués à des sujets indifférents. La littérature, continuation de

la vie. La vie qui passe sur la page. Tout est à faire, tout recommencer pour des yeux neufs. Émotion, inquiétude de l’homme devant la

nature qui existait avant lui et qui lui survit »... Etc. – Notice biographique rédigée par Jules Huret sur Maupassant et son œuvre, après

la mort de l’écrivain, pour la

Grande Encyclopédie

.

322.

Charles MAURRAS

(1868-1952). 3 L.A.S., Paris 1894 et s.d., à Jules

H

uret

 ; 6 pages in-8, un en-tête

Ligue d’Action

française.

150/200

29 décembre 1894

. Vif remerciement pour « la mention si honorable » de son nom dans

Le Journal

[à propos du

Chemin de Paradis

].

« Un jour ou l’autre, grâce peut-être à notre commun ami Le Goffic, nous aurons l’occasion de nous joindre [...] “Ardent et réfléchi” que

je voudrais être vraiment cela ! »...

Lundi

. « Vous avez bien raison de compter entre les causes de suicide la maladie, l’affaiblissement,

les autres modes de la sensibilité. Beaucoup se tuent par faiblesse. Ce que je m’attachais à faire voir [...] c’est qu’on se tue également par

force d’âme et par raison ». Il l’encourage à faire là-dessus une de ses « curieuses enquêtes » : « il est impossible que dans ce milieu-ci

le suicide n’ait pas une foule de partisans secrets »... – Il voudrait le voir, « d’abord pour m’excuser de mon silence, ensuite pour vous

remercier de tout cœur de vos lettres, surtout de la grande, dernière, qui m’a fait tant de plaisir »...

323.

Octave MIRBEAU

(1848-1917). 39 L.A.S., 1891-1908, à Jules

H

uret

,

; 57 pages formats divers, quelques adresses et

enveloppes.

3 000/3 500

T

rès

belle

et

importante

correspondance

entre

M

irbeau

et

le grand

journaliste

J

ules

H

uret

,

qui ont noué des

relations d

amitié

et

d

admiration

réciproque dès

leur

première

rencontre à

l

occasion de

l

E

nquête

sur

l

évolution

littéraire

; H

uret

sera

le dédicataire

du

J

ournal

d

une

femme

de

chambre

. Huret, plus jeune que Mirbeau de 16 ans, a conservé les brouillons des premières lettres à celui

qui appelle d’abord « maître ». La sympathie chaleureuse que lui manifeste Mirbeau permet très rapidement des relations d’une grande

complicité dont témoigne cette correspondance émaillée de confidences, d’échanges de services, et d’aperçus tantôt sévères tantôt drôles

de la presse, de l’édition et du théâtre. Les lettres de Mirbeau sont ici complétées par les brouillons de 10 très intéressantes lettres de

Jules Huret (que nous ne pouvons ici commenter). Voir Octave Mirbeau-Jules Huret,

Correspondance, interveiw & articles

(éd. de Pierre

Michel, Du Lérot, 2009).

[Les Damps 13 août

1891

]

. Mirbeau est content que son article plaise à Huret : « quoique savetier, je suis aussi, à mes moments de savate

perdus, un psychologue ! »... Maintenant

S

imond

lui réclame des contes pour

L’Écho de Paris

, et il a répondu agressivement : « ces gens-là

ne pourront, je vous assure, me forcer, à montrer mon derrière nu, sur une page du journal, et à y lâcher, avec des pets parnassiens, des

fusées de merde naturaliste. Et ils s’étonnent qu’il y ait des anarchistes ! Dites-moi, mon cher Huret, par quelle hypocrite aberration,

ont-ils un journal, au lieu de tenir carrément, un bordel, un vrai bordel ? Non, vraiment, il y a des heures où, quand je regarde mes

belles fleurs, j’ai un peu honte de l’argent que je gagne dans cette maison »...

[Début octobre]

. En parlant l’autre jour avec Henry Simond,

le fils, Mirbeau a senti une résistance : ce sont d’irréductibles imbéciles. Mais il aimerait mieux Huret à

L’Écho

qu’ailleurs, et il a déclaré

à Simond : « “Tant que vous vous obstinerez à garder les Bauër, les Lepelletier, les Dubrujeaud, et autres Deschaumes, votre journal sera

un journal idiot, et qui répugnera à des masses de gens. Il est déjà bien assez odieux avec Silvestre.” [...] quelle effrayante sottise couvent

le journalisme et la littérature ! Et quelles canailleries ignobles »...

[17 octobre]

. Mirbeau est retenu aux Damps par son roman [

Journal

d’une femme de chambre

], « sur lequel je halète, comme un crucifié sur sa croix » ; il rapport un propos du père Simond sur Huret :

« “C’est Mendès et Mirbeau qu’ils l’ont perdu.” Ainsi, mon cher Huret, vous êtes perdu ! Et je comprends ce que cela signifie, dans la

… / …