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les apôtres devant
la
J
érusalem
céleste
(?)
Fragment extrait d’un antiphonaire ou
graduel ?
Tempera, gouache et or bruni sur parche-
min
France, Lorraine (Metz), vers 1300
Artiste lorrain
Dimensions : H. 100 x L. 100 mm
12000 / 15000€
Sur un fond beige avec un décor en damier orné
de petites croix rouges, une initiale «A» histo-
riée apparaît sur un fond bleu outremer parsemé
d’un décor géométrique de croisillons blancs et
de ronds rouges. Le Christ, au nimbe cruciforme,
se tient debout à la porte de ce qui semble être
la Jérusalem Céleste. Il y accueille l’ensemble
des apôtres, dont Pierre et Paul au premier rang.
L’Apocalypse selon saint Jean dit des remparts
de la Jérusalem céleste qu’ils
« reposent sur
douze assises portant chacune le nom de l’un des douze Apôtres »
(21 :14) et c’est une ville symbolique qui représente le
groupe des disciples de Jésus appelés à régner au ciel avec lui dans le royaume de Dieu (Révélations 3 :12 ; 21 :2). L’architec-
ture se détache de l’initiale même pour occuper l’espace entier du décor.
L’exécution parfaite de l’architecture de la Jérusalem céleste, le traitement des coloris, et la minutie apportée dans le traite-
ment des figures malgré une uniformité dans leurs traits (yeux en amande avec des pupilles très noires sur les côtés, cheve-
lure longue et ondulée, orteils et doigts longs et sinueux, silhouettes longilignes) placent cette miniature sur le même plan
artistique, qualitativement et stylistiquement, que des manuscrits réalisés à Metz pour son évêque Renaud de Bar (entre 1303
et 1316), grand mécène. Plusieurs mains ont été identifiées dans ces manuscrits, et nul doute que l’artiste qui a peint cette
miniature a travaillé auprès des plus grands. D’autre part, l’enracinement d’une tradition d’illustration du texte apocalyptique
est encore attesté en Lorraine au début du XIV
e
siècle par les deux Apocalypses en français conservées à Dresde (OC 50) et
à Liège (MsW5).
Malheureusement, durant la Seconde guerre mondiale, 1450 manuscrits furent transférés de la bibliothèque de Metz au Fort
du Mont-Saint-Quentin et dont la moitié disparaîtra lors de l’incendie qui ravagea le fort en septembre 1944. La miniature
serait-elle extraite d’un de ces manuscrits disparus ?
Texte :
en latin, écriture gothique liturgique. Au verso, notation musicale carrée sur des portées de quatre lignes tracées en
rouge, « [a]d nomini tuo […] celi […]. Rubrique
ad n[onas]
».
Comparaisons :
Bréviaire à l’usage de Verdun
, Verdun, Bibl. mun., ms. 0107, f. 090v, f. 092 ; Londres, Sotheby’s, Western Ma-
nuscripts and Miniatures, December 1 1998, lot. 12. Des rapprochements stylistiques sont également à faire avec les person-
nages de la
Chronique dite de Baudouin d’Avesnes
(Arras, BM, MS 863, f. 7, f. 9, f. 19v, etc.), probablement de la région de
Thérouanne (nord de la France) datant de la fin du XIII
e
siècle. Ainsi, en dépit de
son anonymat, le maître de cette miniature appartient à un noyau d’influences
provenant d’ailleurs, qui témoigne du mouvement des artistes vers la Lorraine
à la faveur du mécénat entourant Renaud de Bar.
État :
excellent. Au recto, décor de la haste montante tronquée. Au verso,
restes de papier dû à un encollage ancien.
Bibliographie :
Kay Davenport,
The Bar Books : Manuscripts Illuminated for
Renaud de Bar, Bishop of Metz (1303-1316)
, Turnhout, Brepols, 2017 ; Alison
Stones,
Les manuscrits de Renaud de Bar
, colloque « L’écrit et le livre peint en
Lorraine, de Saint-Mihiel à Verdun (IX
e
–XV
e
siècles) », Turnhout, Brepols, 2014,
pp. 11-27.
Verso




