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E

nluminures

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I

nitiale

«S»

historiée

. D

avid dans

les

eaux du désespoir

Fragment d’un psautier liturgique ou de chœur

Tempera, gouache et encre sur parchemin

Allemagne (sans doute vallée du Rhin), second quart du XVI

e

siècle (vers 1540?)

Attribuable à Claudio Rofferio (artiste italien actif en Allemagne).

Dimensions : feuillet : H. 257 x L. 127 mm; initiale : H. 82 x L. 79 mm

4000 / 5000€

Initiale «S» historiée sur fond ocre jaune parsemé d’un décor floral. Le «S» est formé par un profil

hybride, dont le corps à la fois végétal et marin («écailleux ») forme la lettre, surmonté de la tête d’un

homme barbu fantastique. La scène peinte représente David dans les eaux du désespoir, scène qui,

traditionnellement, introduit le psaume 68. Dans un paysage de crépuscule, le roi David, nu, sans

couronne, marche dans l’eau, les mains jointes en prière. Dieu lui apparaît, sortant la tête des nuées.

En marge, le décor végétal est composé de feuilles d’acanthe dans les tons de bleu, rose, et vert.

L’artiste de cette initiale historiée est clairement sous l’influence de l’enluminure ou des gravures

italiennes. Il reprend pour le tracé de cette lettre des modèles attribués à Benedetto Bordon artiste

actif à Padoue et à Venise (1460-1531). Par exemple, dans le

Graduale romanum

imprimé à Venise par

Johannes Emericus de Spira pour LucAntonio Giunta en 1499-1500 (exemplaire consulté, New York,

Pierpont Morgan Library, 127642), on relève au fol. 179 une initiale «S» historiée dont le tracé de la lettre

reprend en tous points celui de notre initiale historiée, d’après un dessin de Benedetto Bordon. Notre

artiste a donc en tête les modèles italiens du premier quart du XVI

e

siècle, qu’il adapte avec une palette

qui lui est propre.

Nous penchons pour une origine plutôt allemande (vallée

du Rhin) pour cette initiale historiée, peinte par un artiste

visiblement familier des modèles italiens. Il affectionne

les couleurs contrastées, les profils anthropomorphes et

zoomorphes et les jetés de fleurs et végétaux. Ce n’est pas

sans rappeler les manuscrits attribués à Claudio Rofferio

(documenté entre 1522 et 1567) un peintre enlumineur

originaire de la vallée d’Aoste qui se partagea entre sa

région d’origine, Berne, Altenberg et Cologne, et dont

le style marie bien des aspects italiens à des éléments

proprement germaniques. Chanoine de saint Augustin,

il enlumina de 1539 à 1544 une série de manuscrits pour

l’abbaye cistercienne d’Altenberg, près de Cologne. Puis,

de 1550 à 1560, il travailla pour de nombreux monastères

et institutions religieuses en Suisse (comme Beromünster,

Muri, ou encore Saint-Urbain).

Texte :

en latin, écriture gothique liturgique.

Au recto, initiale «S» introduisant le psaume

68 «Salvum me fac […] » ; au verso, éléments

de texte provenant du même psaume,

versets 7 et 8 : « [supe]r me qui […]

[Israh]el […] [su]stinui op[robrium] […] »

Comparaisons :

Graduale de tempore

, Solothurn, Zentralbibliothek, Cod.

S III 13, 1556-1559, (f. 3r, 288, 295, et 298v).

État :

au verso, trace de colle et chiffre « 1» en bleu.

Bibliographie :

Armstrong, L.

Studies of Renaissance Miniaturists in

Venice

, vol. II, London, 2003, p. 627. – «Enlumineur anonyme», in Avril,

F., N. Reynaud, D. Cordellier (éd.),

Les Enluminures du Louvre. Moyen

Age et Renaissance, Paris

, 2011, n°174, p. 335 : «Dans l’exécution de l’initiale du Louvre,

Karl-Georg Pfändtner relève d’ailleurs l’incidence d’une manière italienne sur un style

globalement germanique dont il perçoit des manifestations comparables à la même

époque en Bohême et en Hongrie».

Verso