32
E
nluminures
34
I
nitiale
«S»
historiée
. D
avid dans
les
eaux du désespoir
Fragment d’un psautier liturgique ou de chœur
Tempera, gouache et encre sur parchemin
Allemagne (sans doute vallée du Rhin), second quart du XVI
e
siècle (vers 1540?)
Attribuable à Claudio Rofferio (artiste italien actif en Allemagne).
Dimensions : feuillet : H. 257 x L. 127 mm; initiale : H. 82 x L. 79 mm
4000 / 5000€
Initiale «S» historiée sur fond ocre jaune parsemé d’un décor floral. Le «S» est formé par un profil
hybride, dont le corps à la fois végétal et marin («écailleux ») forme la lettre, surmonté de la tête d’un
homme barbu fantastique. La scène peinte représente David dans les eaux du désespoir, scène qui,
traditionnellement, introduit le psaume 68. Dans un paysage de crépuscule, le roi David, nu, sans
couronne, marche dans l’eau, les mains jointes en prière. Dieu lui apparaît, sortant la tête des nuées.
En marge, le décor végétal est composé de feuilles d’acanthe dans les tons de bleu, rose, et vert.
L’artiste de cette initiale historiée est clairement sous l’influence de l’enluminure ou des gravures
italiennes. Il reprend pour le tracé de cette lettre des modèles attribués à Benedetto Bordon artiste
actif à Padoue et à Venise (1460-1531). Par exemple, dans le
Graduale romanum
imprimé à Venise par
Johannes Emericus de Spira pour LucAntonio Giunta en 1499-1500 (exemplaire consulté, New York,
Pierpont Morgan Library, 127642), on relève au fol. 179 une initiale «S» historiée dont le tracé de la lettre
reprend en tous points celui de notre initiale historiée, d’après un dessin de Benedetto Bordon. Notre
artiste a donc en tête les modèles italiens du premier quart du XVI
e
siècle, qu’il adapte avec une palette
qui lui est propre.
Nous penchons pour une origine plutôt allemande (vallée
du Rhin) pour cette initiale historiée, peinte par un artiste
visiblement familier des modèles italiens. Il affectionne
les couleurs contrastées, les profils anthropomorphes et
zoomorphes et les jetés de fleurs et végétaux. Ce n’est pas
sans rappeler les manuscrits attribués à Claudio Rofferio
(documenté entre 1522 et 1567) un peintre enlumineur
originaire de la vallée d’Aoste qui se partagea entre sa
région d’origine, Berne, Altenberg et Cologne, et dont
le style marie bien des aspects italiens à des éléments
proprement germaniques. Chanoine de saint Augustin,
il enlumina de 1539 à 1544 une série de manuscrits pour
l’abbaye cistercienne d’Altenberg, près de Cologne. Puis,
de 1550 à 1560, il travailla pour de nombreux monastères
et institutions religieuses en Suisse (comme Beromünster,
Muri, ou encore Saint-Urbain).
Texte :
en latin, écriture gothique liturgique.
Au recto, initiale «S» introduisant le psaume
68 «Salvum me fac […] » ; au verso, éléments
de texte provenant du même psaume,
versets 7 et 8 : « [supe]r me qui […]
[Israh]el […] [su]stinui op[robrium] […] »
Comparaisons :
Graduale de tempore
, Solothurn, Zentralbibliothek, Cod.
S III 13, 1556-1559, (f. 3r, 288, 295, et 298v).
État :
au verso, trace de colle et chiffre « 1» en bleu.
Bibliographie :
Armstrong, L.
Studies of Renaissance Miniaturists in
Venice
, vol. II, London, 2003, p. 627. – «Enlumineur anonyme», in Avril,
F., N. Reynaud, D. Cordellier (éd.),
Les Enluminures du Louvre. Moyen
Age et Renaissance, Paris
, 2011, n°174, p. 335 : «Dans l’exécution de l’initiale du Louvre,
Karl-Georg Pfändtner relève d’ailleurs l’incidence d’une manière italienne sur un style
globalement germanique dont il perçoit des manifestations comparables à la même
époque en Bohême et en Hongrie».
Verso




