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Mercredi 7 octobre 2020
416.
Guerre d’ALGÉRIE
. 234 L.A.S. d’Henri
C
olas
, 1955-1962, à
sa
femme
Josette et leur fille Mireille, à
Boulogne-sur-Seine puis Verneuil-sur-Seine ; plus de 530 pages formats divers d’une écriture parfaitement
lisible, nombreuses enveloppes.
800 / 1 000€
I
mportante et très
intéressante correspondance d
’
un militaire de carrière
, né en 1923, engagé en octobre 1945 ;
Henri Colas avait déjà connu la Corée et l’Indochine avant d’arriver en Algérie, avec le grade de sergent (il passera
sergent-chef, puis adjudant). Ces lettres, écrites de Boufarik, Relizane, Marna, Bab-el-Assa, environs de Tlemcen,
Montagnac, Saint-Cloud (Oran), Tizi-Ozou, etc., témoignent de conditions de vie souvent très dures : carences
d’équipement et de vivres, températures extrêmes, sabotages, exactions, désertions, composition suspecte des
troupes, etc. Selon les journaux de France la pacification est presque terminée : « ce sont de sacrés menteurs,
car j’ai l’impression, étant aux premières loges, que c’est tout le contraire » (24 janvier 1956)… Dénonciation de
l’égoïsme de ses compatriotes, qui rapetissent la France : « Si tu avais vu […] les atrocités commises par ces bandits
qui ne sont nullement des hommes, cela dépasse l’honneur d’être un homme, quand tu vois les enfants de quatre
mois, jusqu’à sept ou huit ans, la gorge ouverte et que tu les prends dans tes bras et qu’il n’y a que la peau du cou
arrière qui tient. De plus terrible, ils osaient enfoncer dans l’anus de ces innocents des manches de pioches ou de
pelles. Aux femmes, les seins leur étaient coupés et d’autres mutilisations. Est-ce que tu vois sur les journaux de ces
photos, certainement non mais on parle de répression militaire » (1
er
mars 1956)… Commentaires sur la mentalité
« désastreuse » des indigènes, et l’inégalité des sexes : « C’est une infamie de voir les chefs de famille laisser leur
femme et leurs enfants dans un état de saloperie. Eux font les beaux, le restant ne compte pas, pire que des bêtes.
Le jour où la femme d’ici sera émancipée, je n’en vois pas l’aube » (10 novembre 1957)… La France est généreuse
avec le sang de ses hommes : « L’Armée perd combien de cadres de valeur, car nous savons “pacifier” et non
conquérir par la terreur et cela coûte cher, comme politique » (17 janvier 1958)… Les harkis sous ses ordres sont
fidèles et braves… Il espère qu’un
D
e
G
aulle
pourra sortir la France du pétrin… Vers la fin de 1958, on sent chez les
salopards une nette tendance à la débandade… À Philippeville, il fait connaissance avec le Centre d’instruction à la
pacification et à la contre-guerilla, « le fameux centre du colonel
B
igeard
et je t’assure que la discipline est stricte. Il
faut serrer les dents » (22 avril 1959)… Aucune lettre en 1960. En 1961, Colas opère le long de la frontière marocaine.
« Je ne sais si nous allons encore rester longtemps en Algérie, mais d’après le discours du général De Gaulle, je
crois que les événements vont se précipiter » (30 décembre 1961)… Échos de rapatriement des unités militaires
et du référendum… Situation anarchique malgré de belles phrases de réconciliation… Rumeurs sur la mobilisation
des femmes… Attentats visant les gendarmes, puis l’armée… Exode des Européens, abandonnant leurs biens. « La
radio officielle a beau leur donner des garanties sur tous les plans, ils n’ont pas confiance et moi je les comprends,
car il faut voir les dessous. La presse française ne dit rien et ne peut rien dire. Le pauvre De Gaulle s’est fait rouler
comme un bleu » (4 août 1962)… Les civils européens supportent des brimades de toute nature : enlèvements,
pillages, viols. « Nous, nous respectons loyalement les accords d’Évian, mais eux ils en profitent, cette race de chiens
d’Arabes, je ne suis pas raciste mais c’est la plus belle saloperie que la Terre ait sortie […] tout ce que peut raconter
notre T.V. pourrie n’est que mensonges » (11 octobre 1962)… Etc.
On joint
un ensemble de lettres à lui adressées par sa femme (plus de 50), leur fille (6), son père (5), son frère Robert
(6), sa belle-sœur Micheline, et quelques camarades d’armes. Plus divers documents imprimés ou dactylographiés
relatifs au service : cours de topographie ; dossier du Centre de perfectionnement des cadres à l’intention des sous-
officiers des corps d’armée d’Alger, d’Oran et de Constantine ; extrait de directives sur la politique de pacification,
etc.
417.
ALLEMAGNE
. 9 lettres ou pièces manuscrites, la plupart L.S. ou P.S., 1526-1914 ; en allemand.
200 / 300€
Joachim margrave de
B
randenburg
(Cologne, 1526,vélin), Charles-Guillaume-Ferdinand duc de
B
runswick
-
L
uneburg
(Braunschweig 1780, à Frédéric-Eugène de Wurtemberg), Heinrich-Julius-Gottschalck von
H
oym
(certificat
militaire, Wolfenbüttel 1769), Charles
M
organ
(Berg-op-Zoom 1636), etc.
418.
ANCIEN RÉGIME
. 13 lettres ou pièces, la plupart L.S. ou P.S., XVII
e
-XVIII
e
siècle.
400 / 500€
Armand duc d’
A
iguillon
(1773, au landgrave de Hesse-Darmstadt, à propos de brigands en Lorraine), Charles-
Léon de
B
outhillier
de Beaujeu (1777, comme colonel en second du régiment d’infanterie de Béarn, demandant la
croix de Saint-Louis), Louis-Marie-Athanase de Loménie comte de
B
rienne
(au comte de Lauzerne, 1778), Charles-
Alexandre de
C
alonne
(1784, à la comtesse d’Ailly), Louise-Honorine Crozat duchesse de
C
hoiseul
(2, Compiègne et
Chanteloup 1770), Eustache II de
C
roÿ
comte de Rœux (Douai 1641, concernant des prisonniers de guerre), Charles
d’
H
ozier
(armoiries peintes de Jeanne de Verrière, 1698), Yves-Marie Desmarets de
M
aillebois
(à Necker), Chrétien-
Guillaume de Lamoignon de
M
alesherbes
(sur sa nomination au ministère, 1775), Jean-Frédéric Phélypeaux comte
de
M
aurepas
(évoquant une pénurie de blés, 1740), Charles de Rohan prince de
S
oubise
(Hanau 1758),
A
ntoine-
Gabriel de
S
artine
(concernant Lally-Tolendal, prisonnier à la Bastille, 1764).




