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ELUARD (Paul). 1895-1952.
Ecrivain poète.
2 L.A.S. à René Gaffé. S.l.,
6 novembre 1933 et Dimanche.
3 pp. et 1 p. in-4 sur papier rose.
Intéressante lettre d’Eluard, proposant d’en-
richir la bibliothèque de René Gaffé par des
écrits surréalistes.
(…) Un libraire de Paris
(Forbin) dont j’ai longtemps été le client, sa-
chant que j’étais très gêné et disposé à vendre
n’importe quoi pour me sortir de l’embarras,
est venu me dire qu’un de ses clients s’inté-
ressait beaucoup à des livres et manuscrits
surréalistes. Pas une minute, je n’ai pensé
que c’était pour vous les présenter. (…)
Vous
savez combien André Breton et moi, rêvons
de réunir dans votre bibliothèque tout ce qui
est indispensable à la compréhension par-
faite de ce que nous défendons
(…). Mais
vous pouvez aussi vous douter facilement de
notre pauvreté habituelle. Tout a changé pour
nous. Les soucis matériels, chaque jour un peu
plus, risquent sans cesse de nous enlever tout
courage (…). Il nous est plus pénible d’avoir
recours à vous (…).
Il souhaite lui proposer des
documents, à des prix inférieurs à ceux trou-
vés en librairie; ainsi, le livre de Chirico, avec
«manuscrit et nombreux dessins», le manus-
crit de
Télémaque
d’Aragon avec une partie
inédite sur le mouvement Dada, le «dossier
Rimbaud» contenant une lettre du poète de 4
pages, etc. Dans une autre lettre, Eluard se dit
accaparé par la publication prochaine du
Mi-
notaure
. Il est navré que le manuscrit Lautréa-
mont de lui convienne pas ;
où échouera-t-il ?
600 / 800 €
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ELUARD (Paul).
1895-1952. Ecrivain poète.
L.A.S. à José Corti. Nice, 23 février 1934.
2 pp. in-8.
A l’éditeur José Corti, directeur des Edi-
tions surréalistes, à propos du livre de Ben-
jamin Péret, «
De derrière les fagots
» et de
son propre recueil de poèmes, «
Capitale de
la douleur
», évoquant le poème dédié à la
troupe de danseuses de Gertrude Hoffman.
Eluard lui adresse deux souscriptions au livre
de Péret, espérant en obtenir d’autres.
(…)
Les Hoffman girls sont à Cannes. Pouvez-vous
m’envoyer vite «Capitale de la douleur » car
je voudrais communiquer à Mme Gertrude
Hoffman le poème que j’ai consacré à son an-
cienne troupe. (…)
Pourquoi ne vous adres-
seriez-vous pas directement à Sarraut, ce
mandarin. Où en est la revue? Et le livre de
Char? L’eau-forte de Picasso est-elle faite?
J’aimerais avoir des nouvelles et de vous et de
tout ce qui nous intéresse. Ici, le soleil continue
à dominer artificiellement la situation (…).
400 / 500 €
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ELUARD (Paul). 1895-1952.
Ecrivain poète.
L.A.S. à Guillermo de Torre. 12 mars 1936.
1 p. in-4 au dos d’une carte routière
de Madrid et de sa région.
Eluard le remercie de lui avoir adresser le cata-
logue de l’exposition Picasso.
(…) Je le mon-
trerai ce soir à Picasso qui me traduira l’essen-
tiel de votre importante préface. Vous avez dû
recevoir le numéro de Cahier d’Art. Paris est
sans couleur et agité par l’invraisemblable ton
de toute la presse à l’égard de l’Allemagne.
Ne manquez jamais de me dire ce qui vous
intéresse des productions surréalistes ou ce
qui vous manque (…).
Il adresse ses amitiés
à Ferrant dont il passera ses photos dans le
prochain numéro de Cahier d’Art.
400 / 500 €
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ELUARD (Paul). 1895-1952.
Ecrivain poète.
Poème aut. signé « Sans toi ». S.l.n.d.
1 p. in-4, ratures et corrections.
Poème de 22 vers publié en février 1944 dans
Le Lit La Table
, chez son éditeur suisse Fran-
çois Lachenal ; censuré, il sera édité à nouveau
en 1945 dans son recueil
Double d’ombre.
Premier jet de ce poème écrit à l’encre noir, et
signé à l’encre bleue «Paul Eluard».
Le Soleil des champs croupit
Le soleil des bois s’endort
Le fleuve est dans sa fourrure
Les oiseaux n’ont qu’une route
Toute d’immobilité
Entre quelques branches nues
Où vers la fin de la nuit
(Viendra la nuit de la fin
L’inhumaine nuit des nuits)
(…)
Vers la fin de cette nuit
Car nul espoir n’est permis
Car je ne risque plus rien.
1 000 / 1 500 €
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ELUARD (Paul). 1895-1952.
Ecrivain poète.
Poème aut. signé «Avec moi». S.l.n.d.
1 p. in-4, une rature et correction.
Poème de 21 vers 5 quatrains en alexandrin,
qui seront recueillis avec des variantes dans
Poésie ininterrompue
en 1946.
Il rejeta ses draps il éclaira la chambre
Il ouvrit les miroirs qui virent sa jeunesse
Et les longues allées qui l’avaient reconduit
Il essaya de rire il essaya de jouer.
Il voulu effacer le moindre souvenir
Rien n’a changé candeur rien n’a changé
désir
L’hiver n’est pas privé de soleil ni de joie
Et l’été qui sent bon a toutes les faiblesses.
L’on m’aimera car j’aime par-dessus tout
ordre
Et je suis prêt à tout pour l’avenir de tous
Et je ne connais rien de rien à l’avenir
Mais j’aime pour aimer et je mourrai d’amour
(…).
Joint une plaquette éditée par René Char,
«Paul Eluard»,
été 1933 (4 pp. in-4 sur papier
vergé, tirage à 100 exemplaires).
500 / 700 €
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