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Henri BÉRAUD

(Lyon

21

septembre

1885

- Saint-Clément-des-Baleines, Île de Ré,

24

octobre

1958

)

Romancier, conteur, mémorialiste, critique, journaliste et polémiste, le Lyonnais Henri Béraud est l’auteur d’une œuvre

abondante. Ses romans

Le Vitriol de lune

et

Le Martyre de l’obèse

remportent le prix Goncourt

1922

, et sont suivis de

ceux du « cycle de Sabolas », enracinés dans le terroir du Dauphiné :

Le Bois du templier pendu

,

Les Lurons de Sabolas

et

Ciel de suie 

; on verra ici le projet d’un quatrième volet, et une tentative non aboutie de rassemblement sous le titre

La

Conquête du pain

. Un des meilleurs reporters de son époque, avec Albert Londres et Joseph Kessel, il sillonne, « flâneur

salarié », l’Europe, de Moscou à l’Espagne, pour

Le Journal

puis

Le Petit Parisien

. Il livre d’attachants souvenirs sur son

enfance lyonnaise avec

La Gerbe d’or

, poursuivis dans

Qu’as-tu fait de ta jeunesse ?

et

Les derniers beaux jours

. Polémiste

né, qui « évolua de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, sans nettement s’en rendre compte » (J. Galtier-Boissière), il

devient l’éditorialiste du journal

Gringoire

de

1928

à

1943

, et lance de vigoureuses et retentissantes campagnes contre

l’affaire Stavisky, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le nazisme, le Front populaire, le communisme... Accablé par la

défaite de

1940

, replié en « zone libre », il soutient la politique de Pétain ; « le plus farouchement anti-allemand parmi les

partisans du maréchal » (P. Bonardi), il se montre, dans ses éditoriaux, violemment anglophobe, antigaulliste, antisémite,

antibolchevique… Condamné à mort en

1944

pour intelligence avec l’ennemi, au terme d’un procès expéditif, il est gracié

par le général de Gaulle et sa peine commuée en prison à perpétuité ; frappé d’hémiplégie, il bénéficie d’une libération

conditionnelle en

1950

et finit ses jours dans sa petite maison de l’île de Ré.

« Henri Béraud n’a pas besoin de protester qu’il est innocent du crime d’intelligence avec l’ennemi. Les débats l’ont

prouvé avec évidence. […] Qu’on déshonore et exécute comme traître un écrivain qui n’a pas trahi, qu’on le dénonce

comme ami des Allemands alors que jamais il n’y eut entre eux le moindre contact et qu’il les haïssait ouvertement, c’est

une injustice contre laquelle aucune puissance au monde ne me défendra de protester. » (François Mauriac, « Autour d’un

verdict »,

Le Figaro

,

4

janvier

1945

).

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