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Collection Alfred de Vigny
RTCURIAL
15 novembre 2016 14h30. Paris
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Alfred de VIGNY
1797-1863
Correspondance autographe avec Louise,
Charles et Georges Lachaud
Paris, le Maine-Giraud, 2 mars 1845-13
juillet 1863. Ens. environ 278 p. in-12
et in-8 (dimensions diverses),
et 13 enveloppes.
Correspondance familiale entre Alfred
de Vigny et les Lachaud. Elle comprend
59 lettres et 17 minutes et brouillons :
39 lettres (dont une incomplète) et un
brouillon de lettre de Vigny à Louise
Lachaud ; 6 lettres de Louise Lachaud
à Vigny ; 15 brouillons de lettres de
Vigny à Charles Lachaud ; 10 lettres
de Charles Lachaud à Vigny ; 4 lettres
(dont une incomplète) et une minute de
lettre de Vigny à Georges Lachaud.
Louise Lachaud (1825-1887), dont on
attribue la paternité à Alfred de Vigny
mais sans preuve formelle, fut le seul
enfant de la famille Ancelot à parvenir
à l’âge adulte, ses deux frères étant
mors en bas âge. Élevée au couvent de
Picpus, elle côtoya dans sa jeunesse
les hommes de lettres et artistes qui
fréquentaient le salon de sa mère,
où, parfois, elle jouait du piano et
chantait. Appelée pensait-elle à la vie
religieuse, elle épousa finalement en
1844 le jeune avocat Charles Lachaud
qui, inscrit l’année précédente au
barreau de Paris, avait tout d’abord
exercé à Tulle. Elle se consacra ensuite
entièrement à sa famille et notamment à
ses deux enfants - Georges (1844-1896,
filleul d’Alfred de Vigny, avocat et
grand voyageur) et Thérèse (1846-1920,
épouse de l’avocat Félix Sangnier et
mère de Marc Sangnier, le fondateur du
Sillon). Elle accompagna fidèlement
Alfred de Vigny à la fin de ses jours
et celui-ci fit d’elle sa légataire
universelle. Dévouée à sa mère jusqu’à
la mort de celle-ci en 1875, elle entra
l’année suivante dans le tiers-ordre
séculier de Saint-Dominique.
Les lettres présentées ici sont les
seules semble-t-il - à l’exception de
quatre autres conservées aujourd’hui
à la Bibliothèque nationale de France
(2), à la bibliothèque Condé et dans
une collection privée - qui aient été
conservées de cette correspondance
intime et familière entretenue par
Alfred de Vigny avec sa fille de cœur,
si ce n’est de sang, et son filleul, les
lettres échangées avec Charles Lachaud
étant plus distantes et traitant surtout
des affaires du poète. «Il faut que
vous sachiez vous, Louise, que toutes
les fois que dans ce livre de Servitude
et grandeur mres il y a : je, c’est la
vérité. J’étais à Vincennes lors de la
mort de ce pauvre adjudant. Je vis aussi
sur la route de Belgique une charrette
conduite par un vieux chef de bataillon.
Je chevauchai ainsi en chantant Joconde.
Pour le capitaine Renaud, c’est un
combat que j’ai voulu livrer à l’esprit
de Séide qui nous saisit trop aisément
en France. Il n’y a pas un ambitieux
égoïste qui ne trouve dans la foule
des esclaves presque fous d’obéissance
aveugle. » (19 juillet 1847) ; «Lorsque
j’ai quitté Paris, Georges en savait
bien plus que vous et moi sur l’histoire
de la Création et votre gracieuse mère
vous dira qu’elle-même était embarrassée
pour soutenir la conversation avec lui
sur cette grande question. Il signait
son nom infiniment mieux que le Sire de
Joinville et St Louis ne le savaient
faire et il allait entrer dans la vie
publique. J’espère que ce magistrat
ne m’oublie pas et je vous prie de me
recommander à lui et de lui recommander
aussi les épaules et les oreilles de
sa sœur et des jeunes personnes qu’il
attèle ordinairement à son char. -
J’espère que vous n’avez pas pris de
leçons de harpe qui ne sauraient manquer
de vous rendre les doigts aussi durs
que les ongles des vautours. J’ai connu
deux jeunes femmes chez qui ce défaut
était devenu tel qu’on ne les nommait
plus harpistes mais harpies. Êtes-vous
assez effrayée pour vous arrêter dans
votre harmonieux projet ?» (20 novembre
1850) ; «Adieu, chère Louise, mon
Ermitage est aujourd’hui comme assis
dans un bouquet et il n’y a partout que
des bois, des sources, du gazon, des
lys et des roses que je voudrais nous
envoyer. » (22 juin 1851).
Deux lettres sont incomplètes, plusieurs
présentent d’importantes déchirures,
sans manque, et d’autres sont tachées.
Quelques manques, déchirures et pliures
marginales, certains atteignant le
texte. Quelques brunissures et trous
d’épingles.
Provenance :
Archives Sangnier (cachets)
Bibliographie :
Madeleine Ambrière, Nathalie Basset,
Loïc Chotard et Jean Sangnier,
Alfred de
Vigny et les siens : documents inédits
,
1989, n° 5, 7, 8, 12-14, 19, 21-23, 29,
31, 32 M, 34-36, 38-40 M, 42--49, 52, 53,
55-57, 59-61, 63 M-66, 68 M-70 M, 72 M,
74 M-95, 97M-100, 102-106 M.
5 000 - 6 000 €
105
Alfred de VIGNY
1797-1863
Carnet de 1845. Manuscrit autographe
[1845]. In-32 (10,9 x 6,9 cm), chagrin
à grain écrasé tête de nègre, dos
lisse, contre-gardes et gardes de moire
vermillon à un soufflet, tranches
dorées.
Carnet de notes d’Alfred de Vigny pour
l’année 1845. Ces notes sont toutes
écrites au crayon métallique, sur 101
pages : «Du Poète. Le Poète est enivré
par la rêverie intérieure comme le
buveur d’opium par sa boisson. Seulement
vous pouvez guérir celui-ci, mais le
Poète est un buveur involontaire. La
rêverie lui vint avec le lait de sa
mère. » ; «Des mots. Entre autres mots
qui nous manquent comme : relisible.
Il y en a un qui serait à faire, c’est :
bienfaisé. Un homme meurt qui passa ses
jours à demander et recevoir. Il ne fut
pas bienfaisant mais très : bienfaisé.
Pourrait-on dire : il fut bienfait - non
assurément» ; «Les princes ne sont pas
forts dans les grandes circonstances
parce qu’ils n’ont pas l’habitude de
la lutte de la vie». Croquis sur quatre
pages : une fenêtre avec rideaux, une
salamandre, un petit buste d’homme de
profil en habit, un plastron (?).
Manque un double feuillet en tête.
Un feuillet arraché et un autre
partiellement dérelié. Reliure
partiellement déboîtée et légèrement
frottée, coins émoussés, gaine à crayon
arrachée.
Provenance :
Archives Sangnier (cachets)
Bibliographie :
Alfred de Vigny,
Correspondance
, V,
p. 545-564.
2 000 - 3 000 €




