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35. GEILER VON KAYSERSBERG
(Johannes).
Navicula sive speculum fatuorum
. [Au colophon :]
Argentorati transscriptum .xvi. die mensis ianuarii. An.
M
.
D
.
XI
.
In-4, impression en caractères
gothiques à l’exception de la vie de l’auteur en romains, demi-peau de truie estampée à froid
de lets et roulettes à motifs végétaux et cynégétiques (cerfs poursuivis par des chiens), titres à
l’encre de plusieurs époques au dos, vestiges de fermoirs métalliques (
reliure de l’époque
).
600 / 800
Signatures : 1
8
, 2
6
, 3
8
, A
4
, B
8
, C-D
4
, E
8
, F-G
4
, H
8
, I-K
4
, L
8
, M-N
4
, O
8
, P-Q
4
, R
8
, S-T
4
, U
8
, X-Y
4
, Z
8
, a-b
4
, c
8
, d-e
4
, f
8
, g-h
4
,
i
8
, k-m
4
, n
8
, o-p
4
, q
8
, r-s
4
, t
8
, u-x
4
, y
8
, z
4
, Aa-Bb
4
, Cc
6
. – Défauts : premier feuillet avec partie basse découpée
portant atteinte au texte liminaire du verso et remonté sur la marge du feuillet suivant, un feuillet liminaire
détaché, quelques taches et perforations, restauration au f. X
2
, nombreuses annotations anciennes en latin
et allemand, parfois sur les bois, in mes trous de vers aux derniers feuillets, quelques bois avec rehauts
anciens de couleurs.
I
MPRESSION
STRASBOURGEOISE
DE
J
OHANN
P
RÜSS
le 16 janvier 1511. Le texte, originellement paru l’année
précédente, a été établi par le secrétaire et ami de Johannes Geiler, Jakob Other, qui se ferait un nom par la
suite comme théologien protestant.
U
NE
VARIATION
SUR
LE
THÈME
DE
LA
NEF
DES
FOUS
: la
Navicula sive speculum fatuorum
[La Nacelle ou miroir
des fous] est un recueil de sermons que Johannes Geiler écrivit pour préparer au Carême de 1498-1499. Il
suit pour cela la galerie de satires morales établie par son ami Sebastian Brant (1457-1521) dans son célèbre
recueil poétique
La Nef des fous
, originellement paru en allemand en 1494, et en latin en 1498.
P
REMIÈRE
ÉDITION
ILLUSTRÉE
,
EN GRANDE
PARTIE D
’
APRÈS
A
LBRECHT
D
ÜRER
: 113 bois gravés, déjà employés pour
l’édition originale de la
Nef des fous
de Bâle en 1494, réalisés par plusieurs artistes, dont plus de 70 d’après
des compositions d’Albrecht Dürer.
C
ONSCIENCE RELIGIEUSE DE
S
TRASBOURG
PENDANT TRENTE ANS
, J
OHANNES
G
EILER
(1545-1510) étudia et enseigna la
philosophie à Fribourg-en-Brisgau, puis étudia la théologie à Bâle avant de revenir enseigner cette matière
à Fribourg où il fut élu recteur. Il nourrissait néanmoins une vocation de prédicateur et, invité à exercer ces
fonctions à la cathédrale de Strasbourg, y demeura de 1478 à 1510.
S’il n’était pas un humaniste comme ses amis Jacob Wimpfeling et Sebastian Brant, il avait en commun
avec eux le désir de faire œuvre de pédagogue et de moraliste. Conservateur modéré, nourri de la théologie
nominaliste d’Ockham telle que transmise par Jean Gerson et Gabriel Biel (avec qui il entretenait des
relations amicales), Johannes Geiler délivrait des sermons en latin et en allemand dans lesquels il prônait
une conversion effective aux préceptes chrétiens pour aborder sereinement le jugement divin, et critiquait
la con ance
a priori
des pécheurs endurcis en la miséricorde de Dieu comme la désespérance
a postériori
des âmes pieuses craignant sa sévérité. Cette approche n’était pas sans rapport avec les positions des
réformateurs suisses comme Zwingli ou Calvin.
Provenance : Melchior Blaurock (ex-libris manuscrit daté de Würtzburg en 1590) ; un homme ayant inscrit
un ex-libris en lettres latines et hébraïques, daté de 1621 ; Gustav David Merz (ex-libris manuscrit daté de
1750) ; Dante Gabriel Rossetti (ex-libris manuscrit daté de Londres en 1864, peut-être le peintre et écrivain
anglais, mais l’inscription n’est pas autographe) ; Thomas Slaney-Eyton (vignette ex-libris armoriée de la
seconde moitié du XIX
e
siècle).




