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Cet exemplaire a été entièrement colorié à l’époque, sans doute sous la direction des

artistes responsables de l’illustration et en tout cas dans l’atelier de l’imprimeur. Les

chefs-d’œuvre classiques de l’iconographie sur bois du XV

e

siècle ne se rencontrent que

très rarement et en général peu coloriés. La «Chronique de Nuremberg» semble avoir

suscité une intention différente et le souhait délibéré d’offrir, outre les majestueux

exemplaires ordinaires, un objet d’art exceptionnel au moyen de sa mise en couleurs.

L’inventaire de dissolution de la compagnie formée par les deux associés pour l’édition

de ce livre et reproduit par A. Wilson, (

op. cit.

, pp. 229-236) montre qu’à la fin de

l’entreprise, en 1509, les associés disposaient de 9 exemplaires mis en couleurs, déjà

reliés, alors que les exemplaires normaux étaient en feuilles. Cette mise en couleurs

obéit visiblement à un projet esthétique destiné assurer une cohérence d’ensemble. La

comparaison de la mise en couleurs de cet exemplaire avec l’un ou l’autre des quelques

exemplaires semblables connus montre une similitude évidente de palette avec ceux

coloriés dans l’atelier de Nuremberg.

La reliure, d’origine, a sans doute été exécutée dans l’atelier de l’imprimeur. Son dos est

du type classique de celles de Koberger et elle présente trois caractéristiques que l’on

retrouve, associées ou non, sur des reliures provenant certainement de l’atelier de cet

imprimeur. Le titre en lettres gothiques en haut du premier plat et le fleuron losangé

avec un griffon rampant font immanquablement penser aux livres reliés à Nuremberg

pour Hieronymus Münzer qu’acquiérera plus tard le baron Ferdinand Hoffmann (cf.

The Wardington Library

, Londres, 10 octobre 2006, n° 394 et

Fonds de la librairie

Pierre Berès

, III, Paris, 16 décembre 2005, n° 213). Le fer comportant trois motifs

circulaires d’hommes et de femmes sauvages dans une spirale de feuillages, décrit par

E.P. Goldschmidt (I, 165-166), se recontre sur la reliure d’un exemplaire colorié de la

«Chronique de Nuremberg», très incomplet. Il insiste aussi sur l’originalité du fer à trois

motifs circulaires d’hommes et de femmes sauvages : «curious and very beautiful stamp»,

que décrit Weale (R, 653).

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