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[MANUSCRIT].
Livre de prières d’Andrée de Vivonne, duchesse de La Rochefoucauld
.
S.l., vers 1660.
—
Manuscrit petit in-12, 104 x 72 : (8 ff. blancs), 1 planche d’armoiries sur
peau de v lin, 1 encadrement ornemental peint sur peau de v lin, 49 pp. de prières, (154 ff.
blancs), 10 peintures sur peau de v lin. Galuchat noir, double encadrement d’un triple filet
dor avec hermines dor es aux angles et au centre sur les plats, dos lisse encadr d’un triple
filet dor avec hermine dor e au centre, doublures de maroquin gris-vert entièrement d cor es
d’une dorure au pointill avec un motif central quadrilob enfermant une hermine dor e,
doubles gardes de papier teint en rouge, tranches peintes, dor es et cisel es, fermoir en or en
forme d’hermine orn e d’une peinture sur mail repr sentant Marie Madeleine au pied de la
croix avec prière grav e au verso (
reliure de l’époque
).
Exceptionnel manuscrit enlumin : ex cut pour la duchesse de La Rochefoucauld, il est orn
de 12 peintures pleine page sur peau de v lin et conserv dans sa première reliure en galuchat,
doubl e de maroquin d cor , avec un fermoir en or maill .
Fille unique d’Andr de Vivonne, grand fauconnier de France et capitaine des gardes du corps
de Marie de M dicis, Andr e de Vivonne, dame de La Châtaigneraie (1614-1670), a pous
en 1628 François VI, duc de La Rochefoucauld (1613-1680), m morialiste et futur auteur des
Maximes
(1664). Assez jolie, s’il faut en croire ses portraits, elle donna huit enfants son mari :
toujours discrète et d vou e auprès de celui qui a crit : « Il y a de bons mariages, mais il n’y
en a point de d licieux. »
Les armoiries d’Andr e de Vivonne, d’
hermines au chef de gueules
, sont peintes en tête du
manuscrit. (Quentin-Bauchart,
Les Femmes bibliophiles,
II, p. 406, ne d crit qu’un seul volume
lui ayant appartenu, un manuscrit de Jarry actuellement la Bibliothèque nationale de France.)
Les douze peintures pleine page, d’une qualit remarquable, sont attribuables Louis du
Guernier ou Jean Petitot, deux peintres qui ont travaill dans l’atelier de Nicolas Jarry.
Elles ont pour sujet :
- armoiries d’Andr e de Vivonne
- encadrement ornemental de forme ovale compos de têtes d’angelots ail s, fleurs et rinceaux
- sainte Agnès
- Madeleine p nitente
- L’enfant J sus portant les instruments de la Passion - saint François
- sainte Catherine
- sainte Geneviève
- saint Jean-Baptiste
- sainte Marthe
- saint Andr
- sainte Cécile
Les peintures, extrêmement fines, usant de coloris aux tons très vifs, parfois rehauss es d’or,
rappellent la manière des peintres sur mail. La pr sence d’une peinture maill e sur le fermoir
renforce l’hypothèse d’une attribution Jean Petitot ou Louis Du Guernier qui furent tous
deux peintres sur mail.
Jean Petitot (1607-1691) fut, comme Louis Du Guernier (1614-1659), apprenti joaillier et
orfèvre chez Pierre Bordier, orfèvre et mailleur. Il eut ensuite pour collaborateur Jacques
Bordier, cousin de Pierre, et, ensemble, ils firent les portraits des plus minents personnages
de la Cour de Louis XIV. Plusieurs de ses maux sont conserv s au Louvre, à Amsterdam, à
Chantilly, etc.
Les prières manuscrites (49 pages num rot es) sont copi es sur papier d’une main sans apprêt,
soulignant l’usage priv de ce livre de d votion. On peut donc l gitimement supposer que le
choix des saints repr sent s dans les enluminures – le
Propre des saints
selon la terminologie
liturgique – renvoie un usage familial. Ainsi, François est-il le pr nom du mari d’Andr e de
Vivonne, Andr celui de son père et Jean-Baptiste celui d’un de ses fils.
Le manuscrit compte ensuite 154 feuillets laiss s en blanc et destin s à recevoir les prières qui,
sans doute faute de temps, n’ont pas t inscrites.
La reliure de l’ poque en galuchat, simplement d cor e à l’ext rieur de filets et pièces d’armes,
est dot e de très riches doublures entièrement recouvertes d’un d cor r p tition dor petits
fers avec, au centre, un motif quadrilob enfermant une hermine dor e. Les tranches ont t
cisel es, peintes d’un d cor de fleurs au naturel, puis dor es.
Enfin, la reliure se recommande par la pr sence d’un fermoir en or en forme d’hermine, pièce
d’armes de la famille de Vivonne : il est orn sur le recto d’une peinture sur mail repr sentant
la Crucifixion avec Marie Madeleine agenouill e au pied de la Croix.
Le fermoir rend la reliure extraordinaire, sinon unique.
Commentant l’acquisition par la Bibliothèque nationale d’une reliure maill e de la fin du
XVII
e
siècle, Madeleine Marcheux, conservateur du Mus e de Limoges, remarquait : « Dès le
XIII
e
siècle, c’est- -dire dès l’apparition des maux champlev s, les reliures maill es avaient
t complètement abandonn es [...]. Le seul rappel, indirect, des reliures anciennes, semble
être une paire de fermoirs de livres, sans doute du XVII
e
siècle, compos s chacun de trois
plaques en grisaille, avec le Christ et deux vang listes, qui figura la vente Decloux sous le
n° 31 » (
Bulletin de la Bibliothèque Nationale
, mars 1977, p. 5).
Par la qualit de son illustration, sa provenance et sa reliure doubl e et dot e d’un fermoir
maill , ce manuscrit est un des t moignages les plus pr cieux du Grand siècle français.
Charnière du premier plat légèrement craquelée.
30 000 / 40 000
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