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André BRETON.

Correspondance adressée à René Magritte

.

1

er

juillet 1934-3 novembre

1964.

12 lettres autographes signées de 8 pages in-8 et 12 pages in-4, 9 enveloppes, montées dans un

volume in-folio, maroquin bleu nuit, dos lisse, signature de Breton estampée à quatre reprises

sur les plats, à froid et en mauve, chemise, étui

(Mercher).

Importante collection de douze lettres autographes d’André Breton adressées à

René Magritte témoignant de l’importance du peintre belge dans la constellation

surréaliste.

Il faut absolument que nous trouvions un moyen quelconque de faciliter au public la compréhension

de vos recherches les plus récentes, et dont je vous répète que l’importance me paraît extrême.

[...]

Il est naturellement indispensable que je parle de vous et de Dalí

”, lit-on dès les premières lignes

ouvrant la correspondance (1

er

juillet 1934). De tels projets de publication, et de promotion,

émaillent l’ensemble des lettres contenues dans cet ensemble – qu’il s’agisse de la réédition du

Surréalisme et la Peinture

, d’un petit encart paru dans

Combat

le 3 juillet 1962 ou de la préface

au catalogue de l’exposition consacrée au peintre à Houston, Texas. S’y ajoutent ses activités à

la galerie L’Étoile scellée.

Les lettres de Breton confirment l’estime profonde qu’il nourrissait envers son “vieux

compagnon”, par-delà les quelques dissensions qui ont pu entacher leurs relations, comme en

témoigne la lettre du 13 décembre 1952 :

Vous ne doutez pas que j’ai toujours fait le plus grand cas de votre esprit : c’est même pourquoi je

me suis vivement affecté, vous le savez aussi, du tour que vous avez cru pouvoir donner à ce qui

n’eut été entre nous que dissentiment passager, s’il n’avait dépendu que de moi. Je déplore que des

amitiés qui, de ma part du moins, étaient profondes, s’y soient englouties. Tant pis pour le cœur,

n’est-ce pas ? Ma pensée n’en reste pas moins aimantée à la vôtre.

Elles se font également l’écho du prestige dont jouit l’œuvre du peintre belge à Paris. Ainsi

La Leçon des choses

a fait “grande impression” au cinéma Ranelagh lors d’une présentation de

courts-métrages par Robert Benayoun. L’œuvre de Magritte y a reçu les faveurs des quelques

vingt amis surréalistes assistant à l’événement, alors que figurait au programme une

Semaine

de bonté

, d’après Max Ernst, “

pourtant très saisissant

” :

Jamais à mon sens vous ne vous êtes montré plus grand, votre voix ne s’est fait entendre plus loin

dans la profondeur et en même temps vous ne vous êtes montré plus simple et plus sûr de vous. Je ne

sais rien de plus parfait que cette manière dont on vous voit vaquer à vos travaux sans la moindre

ostentation et une image qui ne s’effacera plus de mon esprit est celle où l’on vous voit descendre, du

même pas que Marcel Lecomte, les marches d’un escalier pour arriver devant nous. A cet instant j’ai

éprouvé un sentiment curieux : c’était comme si j’accédais à un autre plan – de grande décantation

– où Baudelaire laisse entendre qu’il est parvenu par éclairs : vous sortiez de l’écran et moi j’avais

quitté mon fauteuil comme à votre rencontre à tous deux. Me venait tout à coup une sorte de

bonheur où entrait beaucoup de fierté à l’idée (mais ce n’est pas idée qu’il faudrait dire) que nous

avions couru ensemble une aventure spirituelle qui atteignait là – visuellement – à une de ses cimes.

On ne pouvait être plus sûr que la partie avait été jouée – et gagnée

” (31 mai 1961).