208
166
René CHAR.
Le Marteau sans maître
.
Paris, Éditions surréalistes, chez José Corti, 1934.
In-12, maroquin rouge, dos lisse et plats ornés d’un décor géométrique de filets dorés et
argentés,
doublures et gardes de velours rouge
, tranches dorées sur témoins, couvertures et dos
conservés, chemise, étui
(Pierre-Lucien Martin, 1953).
Édition collective, en partie originale.
Le recueil réunit tous les poèmes écrits depuis 1927. Il comprend, avec des variantes :
Arsenal,
Artine, L’Action de la justice est éteinte
et
Abondance viendra.
Il avait été proposé à Gaston
Gallimard en 1933 qui l’avait refusé “pour des raisons commerciales” – d’où cette publication
aux Éditions surréalistes, c’est-à-dire aux frais de l’auteur.
Exemplaire sur papier de Hollande Van Gelder, seul tirage de luxe, justifié HC nº
1/6 : il est orné de la précieuse pointe-sèche originale de Kandinsky en frontispice.
Dans la justification, le tirage de tête annoncé est limité à 20 exemplaires ; il convient donc
d’ajouter six exemplaires hors commerce. Les exemplaires du tirage de tête sont les seuls à être
ornés d’une gravure de Kandinsky.
Une illustration suggérée par André Breton.
“Vassily Kandinsky était encore à Berlin quand René Char lui écrivit, le 26 novembre 1933,
pour lui demander une gravure à placer en frontispice des exemplaires de luxe du
Marteau
sans maître,
ceci à la suggestion d’André Breton, qui devait préfacer l’édition. René Char avait
admiré les œuvres de Kandinsky aux Surindépendants, avait failli rencontrer l’artiste chez
Tristan Tzara, mais ne le connaissait pas encore – ils ne se virent qu’en juillet 1934. À la lecture
des trois poèmes joints à la lettre (
La Luxure, Le Supplice improvisé
et
Migration
), dont il avait
reçu “une impression en même temps violente et douce”, le peintre accepta aussitôt. La planche
parvint à René Char le 12 décembre” (Antoine Coron).
Remarquable envoi autographe signé :
A André Breton
C’est dans les veines infléchies
du silex que débute le Poème.
Puis il passe en Nous.
Nous le chargeons de sa Fatalité.
Nous orientons son devenir.
Incalculablement. Alors
c’est lui qui porte le poète dont
nous corrigeons la dérive.
René Char
Puis, ayant tiré un trait, le poète inscrivit bien plus tard un second envoi :
L’enclume peut bien
se fendre et s’altérer,
l’étincelle, qui fait le
feu, monte et vole.
à Jean Jacobi, bien vivement
2 août 1952. René Char
René Char adhère au mouvement surréaliste en décembre 1929 : “C’est désormais avec
les hommes qui ont nom Paul Éluard, André Breton, Louis Aragon, que se traduiront mes
efforts. Mes yeux ont allumé toutes les forêts pour les regarder vivre”, déclare-t-il alors.
De 1931 a 1934, il signe une dizaine de tracts ou de brochures, cosigne le
Second manifeste,
collabore a cinq des six numéros du
Surr
é
alisme au service de la r
é
volution,
co-écrit
Paillasse !,
le pamphlet contre Aragon, ainsi que
Ralentir travaux,
avec Éluard et Breton. Surtout, durant
ces cinq années de compagnonnage, il écrit
Le Marteau sans maître.




