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Ainsi que le récit de ses diverses mésaventures :
“...
à 4 h moins le quart dans la descente pavée de Villejuif, j’ai été la victime du «piéton écraseur».
Un gosse a traversé devant moi et j’ai fait un panache admirable. Ma machine n’a pas bougé et moi
je me suis reçu fort souplement sur ma figure. J’ai pris incontinent l’aspect, trait pour trait, du puma
viviséqué du Dr Moreau. Ca ne m’a pas empêché de passer tranquillement au Mercure, où j’ai fait
votre commission. Disons qu’avant toutes choses j’ai été boire le vulnéraire. Quant au gosse, je l’ai
consciencieusement assommé à coups de poings, tenant la population à l’écart au moyen de mon
revolver
” (Samedi matin [12 ? octobre 1901]).
Les publications de son correspondant sont toujours reçues avec enthousiasme. Ainsi, écrit-il
à propos de
l’Arche de Mr Cheunus
publié en 1904 :
“
Je crois bien que c’est un des livres les plus en couleur et farcis de détails truculents que vous ayez
écrits
.”
De même, il rend compte des travaux en collaboration avec Claude Terrasse. Ainsi, écrit-il
dans une des deux lettres adressées à Claire Demolder, à l’approche de la Première du
Manoir
de Cagliostro
:
“
Je vous remercie grandement de m’avoir informé de la demande Depas... mais, pauvre Capitaine
et pauvre brigadier
[surnoms de Demolder et de Claude Terrasse]
! Car moi je n’ai pas le double
du manuscrit et vous devez sans doute en faire parvenir le «simple» au Capitaine pour ce raccord...
car il va falloir un raccord... Enfin, c’est très bien qu’on ne recommence pas toute la pièce... pour
le principe !
Il est bien dommage de ne pouvoir mener les auteurs avec un fouet à chiens ou tout au moins
de ne pouvoir leur dire : «Auteur un tel, vous faites encore une fois le sot... ?»”
(29 décembre 1904).
Ou dans une lettre du 14 avril 1905, datée par Jarry “La Triboulette 6h soir (ayant toutefois
fait escale chez Austin’s depuis 4h !)” :
“
Je reviens de chez le Brigadier, et crois avoir trouvé deux ou trois idées extraordinaires concernant
les trois Rois. Le Brigadier est enchanté, et il n’est pas impossible que Kufferath le soit. Ca va friser
le vaudeville, mais d’une aile légère
”.
La correspondance se termine par deux cartes postales adressées depuis Laval où Jarry
fut soigné par sa sœur d’une grave crise cérébrale l’année précédant sa mort :
“
Certains ennuis supprimés et un peu de repos chez moi m’ont entièrement retapé et j’espère
que nous ferons bientôt ensemble quelques bonnes cycleries
” (11 juillet 1906).
On joint une photographie originale célèbre d’Alfred Jarry épée à la main,
avec son maître d’armes Félix Blaviel. Elle porte en tête un envoi autographe signé
à Eugène Demolder :
Au vaillant capitaine, son partenaire amical
Alfred Jarry
André Breton possédait une épreuve de cette photographie, avec envoi à Rachilde et Alfred
Vallette. Il avait noté au verso : “Cette photographie a été prise à Laval et tirée le 22 juillet
1906, comme l’atteste une lettre de Jarry à Rachilde du 16 juillet.”
20 000 / 25 000
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