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Une reliure en porcelaine de Sèvres
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BOURDON DESPLANCHES (Louis Joseph).
Projet nouveau sur la manière de faire utilement
en France le commerce des grains.
Bruxelles et se trouve à Paris, chez la veuve Esprit, 1785.
In-8 [189 x 115 mm] de 152 pp. : demi-maroquin rouge, dos lisse fleurdelisé, plats en porcelaine de
Sèvres blanche ornés d’un décor doré comprenant un riche encadrement avec cornes d’abondance
dans les angles et, sur le premier plat, l’inscription :
La richesse de l’Etat conçiliée avec le bonheur et
la tranquillité des Peuples
avec au centre une gerbe de blé, et, sur le second, les armes royales dorées
au centre, doublures et gardes de soie dorée, tranches dorées ; emboîtage à glissière de l’époque en
maroquin rouge, dos lisse fleurdelisé, roulettes sur les plats
(reliure de l’époque).
Édition originale.
Essai critique de la liberté du commerce des grains et de leur circulation et, en filigrane, la mise
en question du libéralisme économique à l’époque des physiocrates. “La liberté illimitée du commerce
des grains présente de multiples inconvénients pour l’économie et la population. Bourdon propose
un système plus modéré : créer une compagnie de commerce chargée exclusivement de l’exportation
et de l’importation des grains, de l’établissement de greniers publics, de la fixation en chaque endroit
du prix du pain, etc. Ce système, en outre, permettrait de supprimer les impôts sans diminuer
les revenus du roi” (INED).
Extraordinaire reliure de l’époque dont les plats sont en porcelaine de Sèvres :
le décor doré est, en soi, une manière de manifeste sur le commerce des blés.
En effet, grâce à une grande gerbe de blé dorée au centre, “la richesse de l’Etat” (titre d’un essai fameux
de Dupont de Nemours) se trouve “conciliée avec le bonheur et la tranquillité des peuples”. La reliure
mesure 198 x 130 mm.
Les fleurs de lys du dos de la reliure et de l’étui ont été grattées, sans doute sous la Révolution.
On connaît un spécimen identique, sur le même ouvrage, conservé aujourd’hui au Musée national
de Céramique à Sèvres. Ayant appartenu à Don Jaime de Bourbon, duc de Madrid, il a figuré dans la
collection de sir Robert Abdy (cat. 1975, nº 45). Si les fleurs de lys du dos de cet exemplaire n’ont pas
été touchées, il ne comprend pas, comme ici, l’étui en maroquin décoré de l’époque.
L’exemplaire provient de la collection de
Léon Gruel
; il a figuré à l’exposition
L’art français au XVIII
e
siècle
organisée à Copenhague en 1935, comme l’indique l’étiquette montée en tête.
Gruel a reproduit la reliure en frontispice de son
Manuel historique de l’amateur de reliures
(II, 1905,
pl. I et p. 133 : “C’est la seule de ce genre que j’ai rencontrée jusqu’ici.”). L’exemplaire est mentionné
par Christian Galantaris dans son
Manuel de bibliophilie
(I, p. 107). Deux fêlures sur le second plat.
(INED, n° 735 bis.- Leblanc,
De Thomas More à Chaptal,
n° 132 : les Compagnies de Commerce
“auront seules la faculté de faire sortir ou entrer les blés du royaume. Celles-ci devront créer, dans les
villes importantes, des greniers où les cultivateurs et propriétaires pourront porter les grains invendus,
qui leur sont achetés à un prix fixe.”- Kress Library, B. 820.- Manque à Einaudi.)
30 000 / 40 000
€




