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136

Premier livre imprimé sur un papier végétal

110

VILLETTE (Charles Michel, marquis de).

Œuvres

.

A Londres

[Montargis,

Claude Lequatre],

1786

.

In-16 [116 x 70 mm] de (4) ff., 156 pp. ; (20) ff. d’échantillons de papier :

maroquin vert, dos lisse orné, pièce de titre de maroquin rouge, triple filet

doré encadrant les plats, coupes et bordures intérieures décorées, tranches

dorées

(reliure de l’époque).

Célèbre impression provinciale, tirée à très petit nombre sur

papier de

guimauve

.

Elle a été publiée à l’initiative de Pierre Alexandre Léorier Delisle (1744-

1826), qui avait créé en 1784 une manufacture de papier à Buges, après

avoir dirigé celle de Langlée (Loiret). Balzac évoque ses tribulations dans

Les Illusions perdues.

Léorier mourut ruiné après s’être enrichi sous la

Révolution dans la fabrication des assignats.

Il a signé l’épître dédicatoire où il rend compte de ses travaux : “

J’ai soumis

à la fabrication du papier toutes les plantes, les écorces & les végétaux les plus

communs. Les échantillons qui sont à la fin de ce volume ne sont que des extraits

de mes expériences. J’ai voulu prouver qu’on pouvait substituer aux matières

ordinaires du papier, qui deviennent chaque jour plus rares, d’autres matières

les plus inutiles

.”

Léorier soumit ses procédés à l’Académie des sciences, revendiquant

l’antériorité de son invention contre les prétentions de l’Allemand Schaeffer

dont les échantillons comportent une forte addition de chiffon et de colle.

On notera que son précédent ouvrage,

Les Loisirs des bords du Loing

(n° 106

du catalogue) est imprimé sur un papier à base de chiffon teint de couleur,

non sur un papier végétal, si ce n’est pour les échantillons du supplément.

L’imprimeur des Œuvres du sulfureux marquis de Villette, proche de

Voltaire, est le Montargois Claude Lequatre, tenu à la discrétion pour avoir

été sévèrement condamné en 1777 dans une affaire de libelles séditieux.

Anne Basanoff relève que le volume fut imprimé soit sur papier de guimauve

soit sur papier d’écorce de tilleul ; de même, certains exemplaires furent

tirés sur papier chiffon teinté bleu ou rose.

Rare exemplaire car il est complet des 20 feuillets d’échantil-

lons de papier végétal, qui font le plus souvent défaut.

Échantillons de papier

d’ortie, de houblon, de mousse, de roseaux, de conferva

(première, deuxième et troisième espèces),

de racines de chiendent, de bois de

fusain, de bois de coudrier,

d’écorces

d’orme, de tilleul, d’osier, de marsaut, de

saule, de peuplier, de chêne,

de feuilles

de bardane, de bardane et de pas-d’ane,

de chardons.

(Basanoff,

Le Papier botanique

in R.F.H.L., n° 14, 1977, pp. 107-125 :

“Ainsi pour les Œuvres du marquis de Villette […] leur nombre ne peut

dépasser, croyons-nous, vingt exemplaires en tout pour les papiers teints de

différentes couleurs, et une dizaine pour les papiers botaniques.”)

Joli exemplaire en maroquin vert de l’époque.

Quelques piqûres.

(

Le Livre,

B.N., 1972, n° 105.- Conlon,

Le Siècle des Lumières,

XII,

n° 86:1927, sans mention de la seconde partie pour les échantillons.-

Peignot,

Répertoire de bibliographies spéciales,

p. 176.)

4 000 / 6 000