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Le “livre noir” du catholicisme espagnol
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CLOPPENBURG (Jan Evertszoon) & Bartolomé de LAS CASAS.
Le Miroir de la cruelle, & horrible tyrannie espagnole
perpetre au Pays Bas,
par le tyran duc de Albe, & aultres commandeurs de par le roy Philippe le deuxiesme.
On a adjoinct
la deuxiesme partie de les Tyrannies commises aux Indes occidentales par les Espagnols.
Nouvellement exorné avec taille
douçe en cuyvre.
Amsterdam, J.E. Cloppenburg, 1620.
2 parties en un volume petit in-4 [188 x 143 mm] de (4) ff., 88 ff. mal chiffrés 87 sans manque ; 68 ff. : maroquin bleu nuit, dos
lisse encadré de filets et d’une roulette dorés avec titre en long, sur les plats large encadrement de filets dorés et grandes feuilles
dorées de houx au naturel, supra-libris postérieur doré au centre, coupes et bordures intérieures décorées, tranches dorées sur
marbrures
(reliure de la fin du XVII
e
siècle)
.
Première édition en français des deux livres militants.
Le Miroir de la tyrannie espagnole aux Pays-Bas
attribué à Cloppenburg est suivi par
Les Tyrannies commises aux Indes occidentales
par les Espagnols
de Las Casas. Évêque de Chiapa au Mexique, Bartolomé de Las Casas (1464-1566) est le premier défenseur
des Indiens. Deux ouvrages d'obédience protestante où le choc des images exacerbe le réquisitoire contre la brutale domination
des Espagnols.
Saisissante illustration gravée sur cuivre, comprenant 26 compositions à mi-page figurant des scènes de
torture, de meurtre et de cannibalisme.
Cette illustration parfois à la limite du soutenable a été gravée d’après Théodore de Bry. Chacune des gravures est accompagnée
d’un poème en huit vers.
Les deux livres sont également illustrés d’un titre-frontispice gravé ; large encadrement gravé sur cuivre avec les portraits de
Don Juan d’Autriche, Philippe II et le duc d’Albe. En pied, deux scènes de meutres.
Ces dénonciations illustrées des exactions des troupes catholiques espagnoles aux Pays-Bas et en Amérique connurent une vogue
remarquable et furent maintes fois rééditées en latin, en français et en hollandais. Jan Cloppenburg a mis en parallèle les deux
“miroirs” de la tyrannie espagnole, dénonçant sa justification de l’horreur : la lutte contre les “
heretiques, Lutheriens, inobedients
a leur Roy d’Espaigne
” dans les Pays-Bas et contre les “
Payens, idololatres, invoque
[u]
rs de Diables, gens inhonestes, et sans raison
”
dans “les Indes”, c’est-à-dire en Amérique.
En conclusion de son adresse au lecteur, Cloppenburg souligne le caractère militant de son
Miroir
: “
Je te prie Lecteur de le lire,
& relire, à fin que tu puisses fuir la Tyrannie & prendre les armes contre tels Tyrans, voulants tyranniser par tout
.”




