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105. WAGNER (Richard). L
ETTRE AuTOGRAPHE SIGNéE
,
EN ALLEMAND
,
à SES AMIS
E
RNST
K
IETz
, S
AMuEL
L
EHRS
ET
G
OTTFRIED
A
NDERS
,
datée
Berlin, 21 April 184
2, 2 pages in-4 (270 x 213 mm), sur un bifeuillet, adresse
autographe, sous chemise demi-maroquin rouge moderne.
3 000 / 4 000 €
L
ONGuE LETTRE DE JEuNESSE éVOquANT SES DéBuTS
,
à quELquES MOIS DE LA CRéATION DE
R
IENZI
à
D
RESDE
.
Elle est écrite de Berlin, quelques jours seulement après son retour de Paris, où Wagner avait mené, durant trois années, une
existence précaire. Rentré en Allemagne, le jeune compositeur est plein d’espoir, le théâtre de Dresde venant d’accepter
son opéra
Rienzi
, qui y sera bientôt représenté. Wagner a 29 ans, sa carrière débute et il connaîtra bientôt ses premiers succès.
Il donne ici de ses nouvelles à quatre amis allemands, laissés à Paris, à qui il s’adresse tour à tour, avec volubilité et chaleur.
Il les prie de bien vouloir s’occuper de l’éditeur Maurice Schlesinger. Wagner s’interroge au sujet de la publication, dans la
Gazette musicale
, de la dernière partie de son article sur l’opéra
La Reine de Chypre
de Halévy, dont il avait arrangé la
partition pour piano et voix. Il décrit son inutile et ennuyeux séjour à Berlin, relate deux rencontres avec Meyerbeer et des
discussions à Dresde sur la mise en scène de
Rienzi
. Wagner leur confie combien leur présence lui manque et qu’il pense
souvent à eux. Puis il explique que son épouse Minna, qui aimerait beaucoup les rencontrer, est à Leipzig. Il essaie
désespérément de gagner assez d’argent pour l’emmener à Berlin et pour rembourser les dettes qu’il a laissées à ses amis à
Paris. Il leur donne son adresse à Dresde, où il espère mettre en scène son opéra
Rienzi
.
Wagner composa
Rienzi
entre 1838 et 1840. Joué pour la première fois le 20 octobre 1842 au Königliches Hoftheater de
Dresde, cet opéra fut le premier grand succès du compositeur.
Meine Frau ist in Euch verliebt; keinen Eurer Namen darf ich nennen, wenn nicht der Jammer losbrechen soll. Sollte ich
sterben, eh’ wir uns wiedersehen, so vermache ich Dir, Anders, meine zukünftigen Tantièmen, Dir Lehrs, den Venusberg,
u. Dir, Kietz, meine beiden in Paris verloren Hunde—Du verstehst es so schön, sie auf die Strasse zu führen.
T
RADuCTION FRANçAISE
:
Dis-moi donc pourquoi je me suis éloigné de vous, qu’est-ce que j’avais, qu’est-ce qui m’y a poussé ?
N’avons-nous pas supporté la misère ensemble ?
[…]
Pour l’instant je n’ai encore rien dans l’estomac : que dit-on, déjà, pour
une bête sauvage ?
[…]
Je ne sais rien avec certitude, exactement comme un rêveur. J’ai également quitté ma femme : elle
pleurait et voulait aller à Paris, mourir de faim. Je vis mes parents à Leipzig. Ils habitaient de nouvelles maisons et de nouvelles
rues ; ils avaient de grands enfants et je me tenais comme un gros âne parmi eux. Ce furent nos retrouvailles. Je suis donc allé
à Berlin : merveilleux !
[…]
J’ai parlé à Meyerbeer pendant 5 minutes ; aujourd’hui je lui parlerai pendant une heure entière
[…]
A Dresde j’ai vu brièvement Fischer et Heine ; pour les autres, je demeurai incognito. Lorsque j’entrai chez Fischer et
dis qui j’étais, il se jeta comme un fou à mon cou et m’embrassa : alors je me rendis compte que je suis quelqu’un de bien.
Comme je me retrouvais dans la rue, j’en rêvais encore - de vous
[…]
Dussé-je mourir sans vous revoir, je te promets, Anders,
mes prochains tantièmes, toi Lehrs le Venusberg, et toi Lirtz mes deux chiens perdus à Paris. Tu sais très bien les promener
dans la rue... Comment cela va-t-il au n° 14 de la rue Jacob ? Les gens “accrochants” se souviennent-ils de moi ? Il me semble
que j’ai laissé des dettes derrière moi
[…]
Console également Schlesinger s’il devait trop souffrir de notre séparation : mon
article sur la Reine de Chypre [opéra d’Halévy, qu’il avait transcrit pour piano] n’a pas paru : il me semble qu’il était trop
mauvais pour être imprimé même dans la “Gazette musicale”. Bêtise !
[…]
La moitié de ma vie en dépend, car vous devez
savoir qu’en dehors de ma femme, je n’aime que vous
[…]
Votre lettre me réveillera probablement de ma tristesse. Il n’y a pas
grand’chose à perdre ! Lorsque je serai réveillé, je ne veux plus avoir qu’un souci : vous voir bientôt près de moi.
Cette lettre est partiellement publiée dans
Sämtliche Briefe
, volume 2, n° 2, pages 74-75.
Papier pelure dont la transparence affecte légèrement la lisibilité, mais en bon état.
106. WAGNER (Richard). L
ETTRE AuTOGRAPHE
,
EN ALLEMAND
,
Au CHEF D
’
ORCHESTRE
R
uDOLF
S
CHöNECK
, signée
Richard Wagner
, datée zürich,
9 April
[18]
53
, 4 pages in-8 (210 x 137 mm) sur un bifeuillet, sous chemise
demi-maroquin rouge moderne.
2 500 / 3 500 €
L
ETTRE INéDITE éVOquANT
L
ISzT à
W
EIMAR ET LES NOMINATIONS DE MuSICIENS DE COuR EN
A
LLEMAGNE
.
Rudolf Schöneck, à la recherche d’une place de chef d’orchestre, avait entendu dire que Liszt allait quitter son poste à
Weimar. Il avait alors sollicité l’aide de Wagner qui lui répond un peu tardivement. Il l’informe que Liszt ne lui a rien dit
de son éventuel départ et qu’il attend de ses nouvelles.




