Previous Page  198 / 220 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 198 / 220 Next Page
Page Background

145. TOuLOuSE-LAuTREC (Henri de). L

ETTRE AuTOGRAPHE à SA GRAND

-

MèRE PATERNELLE

,

LA COMTESSE

R

AYMOND DE

T

OuLOuSE

-L

AuTREC

, signée

Henri

, [décembre 1885], 4 pages in-12 (173 x 110 mm) sous chemise

demi-maroquin bleu moderne.

2 000 / 3 000 €

T

RèS BELLE LETTRE INéDITE DE JEuNESSE

,

EMPREINTE D

HuMOuR

.

La grand-mère paternelle du peintre, la comtesse Raymond de Toulouse-Lautrec, née Gabrielle Imbert du Bosc (1813-1902),

fut l’une de ses correspondantes favorites. Il aimait beaucoup la vieille dame, dont il exécuta en 1882 plusieurs beaux

portraits. Presque toutes les lettres qu’il adressa à celle qu’il appelait sa

bonne-maman Gabrielle

, et qui était férue de peinture,

foisonnent de détails. Comme le reste de la correspondance de Toulouse-Lautrec, elles sont la principale source

d’informations sur son enfance et sa jeunesse. Ici Toulouse-Lautrec, âgé de 21 ans, donne des nouvelles de son travail et de

sa vie parisienne. L’allusion finale à sa barbe pourrait faire dater cette lettre de décembre 1885, période où le peintre se la

laissa en effet pousser.

Avec esprit, il s’excuse de son retard :

Que de hazards, que de tristes circonstances m’ont empêché d’aller vous présenter

ma figure barbue qui n’est pas sans rappeler les auvergnats porteurs d’eau et de coke, voire les chimpanzés

[…]

Papa est

potelé et pourra bientôt avaler des lapins vivants sans mâcher tant son appétit est en progrès

[…]

La peinture continue à

ne pas valoir du bon 5 %... C’est décidément un art bien inférieur, comme la députation. Quand on y a passé on peut

s’engager tranquillement dans la grande armée des chasseurs de pièces de cent sous... Mon ami Princeteau

[René

Princeteau, peintre dont Toulouse-Lautrec était alors l’élève]

est dans sa famille dont il ne bouge pas, ce qui ne fait pas mon

affaire. Il sera gras et bon à tuer quand il reviendra, ce qui le changera un peu, lui le modèle de toutes les élégances

[…].

Puis il la remercie pour les

délicieux pâtés

[…]

qui ont titillé divinement nos palais de citadins rarement admis à de pareilles

fêtes

.

Recevez mes vœux de bonne année et comptez absolument sur de vrais baisers barbus du plus vieux de vos petits-fils.

L

ETTRE INéDITE

, qui ne figure pas dans la

Correspondance

, éd. H. Schimmel (Gallimard, 1992).

196

145