ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 222

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signée (8 juin)... Après une interruption de 8 mois, Henriette Blancheur reprend son journal après que Napoléon eut débarqué
« avec cent mille hommes de toute nation [...] commandés par le général D
ROUOT
qui est français natif de Nancy. [...] toutes nos
troupes sont pour lui [...] si les soldats se rendent à Bonaparte on enverra surement les hommes mariés contre les soldats francais
et alors voila la guerre civile ». 14 mars, Napoléon est entré à Lyon en force et se dirige sur Paris : « Dieu soit loué il ne passera
pas par ici car nous serions perdu les Français sont plus méchants que les Russes ». On crie partout « Vive l’Empereur », on aborde
la cocarde rouge. Les Alliés ont déclaré la guerre à la France, « ils ne nous ménageront pas cette fois ». Des aliments empoisonnés
circulent en ville et on accuse les prêtres et les nobles, les hommes mariés sont réquisitionnés (8 mai). Les levées d’hommes sont
impressionnantes bien que peu d’entre eux aient jamais touché un fusil, on parle de quelques révoltes royalistes menées par des
femmes, et Henriette s’indigne de la versatilité des Français. Nancy se couvre d’ouvrages défensifs, « tout ne respire que la terreur
et la mort » (12 juin). 14 juin : « l’empereur est partit de Paris pour se rendre à l’armée »... 18 juin : « on a annoncé aujourd’hui
une victoire remportée par l’empereur et nous venons de voir une lettre de Strasbourg qui disoit qu’on voyoit l’ennemi et que
dans huit jours il seroit ici »... Le 24 juin, elle évoque W
ATERLOO
: « Enfin toute espérance est perdue. Nous avons bien remporté
quelques victoires [...] en voulant poursuivre une de ces victoires les français sont tombés dans une embuscade on les a presque
tous hachés impitoyablement [...] ils criyoient en mourant
vive Napoleon
surtout sa garde les ennemis même vouloit les sauver
mais ils repondoient
la garde meurt et ne se rend pas
. [...] L’empereur s’est retiré à Paris avec les débris de sa malheureuse armée »...
Le soir même, un courrier annonce l’abdication de Napoléon. Puis c’est à nouveau l’entrée des Alliés, Bavarois, Russes puis
Prussiens, dans Nancy, les troubles provoqués par les partisans de Napoléon, les pillages, la destruction des moissons... Le 5 juillet
les Empereurs de Russie, d’Autriche et le Roi de Prusse sont à Nancy : « il paroit que nous serons encore français et nous le devons
encore à Alexandre. Nous avons vu des proclamations du roi Louis 18 il montre toujours beaucoup de douceur ». Réquisitions
russes, manque de vivres : « si le roi revient il reignera sur des pierres » (9 juillet). Le 13, les cloches ont sonné pour l’entrée de
Louis XVIII à Paris. Toujours des passages de troupes avec brigandages et réquisitions : « Nancy a toujours été le souffre douleurs
parce toutes les autres villes sont fermées et ne veulent se rendre qu’au roi ». Départ de Napoléon sous la garde des Anglais dans
l’île Sainte Hélène (11 août)... Du 30 août 1815 au 3 mai 1817, Henriette n’écrit plus rien, puis à la dernière page : « le roi se
soutient toujours sur les débrits de son trône mais je doute si nous pourons soutenir les impos enormes dont on est convenu de
nous accabler [...] nous eprouvons une disette affreuse [...] il y a toujours des alliés en France mais pas dans notre département sans
cela nous nous mangerions mutuellement » (3 mai 1817).
O
N
JOINT
un autre carnet autographe où Henriette Blancheur a noté les principaux événements de sa vie : mariage, naissances,
décès jusqu’en 1879, et a collé des faire-part et divers documents.
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