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365.
René-Théophile LAËNNEC
(1781-1826) médecin, inventeur du stéthoscope. L.A.S., Paris 7 frimaire XI (28
novembre 1802), à
son
père
, Théophile
L
aennec
, « homme de loi » à Quimper ; 2 pages in-4, adresse (petit trou de
ver, petites répar. au f. d’adresse).
2 000/2 500
R
emarquable
lettre
du
jeune
étudiant
en médecine
[Laënnec était monté à l’École de Santé de Paris en avril 1801].
Il a eu des nouvelles par M. de
M
iniac
. « J’attendais pour vous écrire que je pusse vous annoncer que votre fils eut passé ses
examens et qu’il ne lui restat plus pour être tout à fait docteur qu’une thèse à faire et à soutenir, ce qui n’est difficile qu’autant
qu’on le veut bien : car dans le fond il est possible de brocher une quarantaine de pages en huit jours lorsqu’on veut se borner
à passer dans la foule. Mais il en est advenu autrement. J’étais sur le point de subir mes examens, lorsque M
r
L
eroux
qui […]
est ici mon patron me conseilla de différer jusqu’à l’année prochaine et de concourir pour le prix de l’école, chose que je n’ai pu
faire l’année dernière, faute d’avoir rempli quelques formalités et parce que j’avais négligé de me faire recevoir
de l’école pratique
.
Mon oncle [Guillaume Laënnec, médecin-chef de l’hôtel-Dieu de Nantes] à qui je demandai conseil là dessus, […] me dit qu’il
faut concourir. J’ai donc suivi son avis en entier, et d’abord je me suis présenté à l’examen pour les places de l’école pratique.
Quoique je n’eusse demandé qu’à être admis dans la 3
e
section, pensant qu’il n’y avait pas de place dans les autres, il s’en est trouvé
quelques-unes de vacantes dans la 2
e
et l’on m’en a donné une d’après ma composition. Je crois que je ferai d’autant mieux de
concourir que comme je commence de bonne heure à écrire, certaines gens pourraient bien m’accuser, comme il est arrivé à bien
d’autres, d’employer à barbouiller du papier le temps que l’on devrait mettre à étudier. Le meilleur moyen d’étouffer de pareilles
idées est ce me semble de soutenir une
lutte publique
sur près de vingt parties, dont il faut nécessairement connaître plusieurs dans
leurs détails les plus minutieux »... Il s’interrompt à la demande de Michaud [son frère], qui rappelle l’état de leurs finances : suit
le détail de ce qu’ils doivent au restaurateur, au propriétaire, au cordonnier, au tailleur... D’ailleurs ils n’ont plus de souliers, et « si
nous ne recevons rien d’ici à 15 jours nous serons obligés de mettre le diamant en gage (on ne veut nous en donner que 5 louis) ou
de garder la maison faute de chaussure et le lit faute de feu [...] Depuis qu’il est décidé que je concourrai pour les prix je pensais
aussi à vous demander pour cette année de suite s’il était possible 120
ll
pour avoir des livres. Beaucoup d’ouvrages que je n’aurais
lû qu’une fois si je ne voulais que me faire recevoir, me deviennent absolument nécessaires et doivent être sans cesse sous mes yeux
dès lors que je me propose de concourir », dont un « cours d’opérations », la
Physique
de Brisson, la
Matière médicale
de Desbois
de Rochefort, Hippocrate (édition de Foës), les
Accouchemens
de Baudelocque... La lecture en bibliothèque a des inconvénients,
mais « avant tout il faut vivre. L’argent que nous avons reçu dernièrement de Nantes nous a servi à payer un mois de restauration,
et à avoir des culottes dont nous avions très-grand besoin. L’heure me presse de finir. Car voilà midi et il faut que je coure chez
le chef des travaux anatomiques »... Etc.
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366.
Marie-Joseph de LAFAYETTE
(1757-1834) général et homme politique. L.A.S., Lagrange 29 octobre 1826, à Joel
Roberts
P
oinsett
, ministre plénipotentiaire des États-Unis d’Amérique à Mexico ; 2 pages in-4, adresse ; en anglais
(traduction de l’époque jointe).
1 500/2 000
B
elle
et
importante
lettre
sur
le
M
exique
et
les
idées
républicaines
,
au premier ministre plénipotentiaire des États-Unis au
Mexique, médecin et botaniste, J.R.
P
oinsett
(1779-1851).
Le terrain pour des médecins étrangers est préoccupant à Mexico. Ce n’est probablement pas le cas pour des marchands, surtout
s’ils sont liés avec de respectables Sud-Américains. Lafayette recommande les deux porteurs de cette lettre, associés de M. Lara,
et cousins de son ami
C
orcelles
, ancien membre de la Chambre des Députés, dont le patriotisme inébranlable le rend, ainsi
que son fils, très populaire parmi les amis de la liberté... Il est content du compte rendu des affaires de l’union mexicaine : il
n’est pas étonnant si, après tant d’années d’une éducation politique espagnole, quelques aberrations dans la gestion d’affaires
constitutionnelles perdurent. Mais les Mexicains ont adopté comme principe une conformité avec nos institutions d’Amérique
du Nord ; ils tiennent aux droits naturels et sociaux. Ils ont de bons exemples et de bons conseils. Ce sont des républicains.
Qu’ils se méfient de l’influence britannique, la seule qui puisse leur être dangereuse puisqu’elle se présente sous des allures
plus trompeuses que les autres monarchies et aristocraties d’Europe. Il y a quelque temps, il avait été stupéfait qu’un toast anglais
affirme que la Grande-Bretagne fût la
première Puissance
à reconnaître l’indépendance de l’Amérique du Sud et du Mexique ;
récemment, il a lu avec étonnement dans le discours d’ouverture du Congrès du Panama, que la doctrine des constitutions fondées
sur les droits de l’Homme
avait été inventée en Angleterre, prenant par là une
pétition
pour une
déclaration
de droits, deux termes
dont la différence eût dû rappeler au bon Président que l’ère des institutions fondées sur une juste déclaration et pratique des
droits de l’Homme est entièrement américaine, et date de la glorieuse révolution des États-Unis... Poinsett verra par les rapports
européens qu’un sens de liberté et d’égalité pénètre, lentement mais sûrement, plusieurs parties de la vieille Europe. Récemment
il y eut des motifs de querelle entre les Puissances régnantes qui eussent, jadis, justifié deux ou trois guerres. Mais toutes sont
conscientes du danger et s’unissent pour colmater toute brèche par laquelle l’émancipation pût surgir. Sur ce point, l’aristocratie,
la royauté et le clergé, qu’elles soient insulaires ou continentales, sont du même avis, et il ne doute pas que la même disposition
s’étende à l’Empire du Brésil... Ils ont souvent parlé du grand mal de l’esclavage dans une partie des États-Unis, seule tache à
déplorer parmi tant d’exemples lumineux donnés au monde. Serait-il envisageable qu’un canal de civilisation de couleur soit établi
aux républiques mexicaines où l’on cherche de la main-d’œuvre, et où l’on a émancipé les Africains ?... Il remercie de l’envoi
d’
hoccos
à domestiquer sur ses terres... Il sait que, grâce à Poinsett, M. Blaquière a fondé une salle de chirurgie médicale...




