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Paris 19 février 1904

. Il félicite son ami pour ses études et espère qu’il réussira les concours qui pourront beaucoup l’aider,

notamment financièrement. Il le conseille : « Ne dispersez pas vos forces – que le dessin, par la sculpture ou les moyens du

dessinateur ou du peintre soit toujours votre effort central, hors de là il n’y a (

en Art

) que néant. – Les fantaisies sont la cendre,

la crasse de la machine du génie ». Il prépare deux expositions pour l’Allemagne et la Bohème. Il a tenu à mouler lui-même le

Torse de femme

, car il veut des épreuves très soignées, qu’il coulera aussi lui-même. « J’ai terminé le premier état de ce torse il sera

repris avec les bras et les jambes la tête sera poursuivie aussi – ces deux travaux suffisent pour plusieurs années. Si l’on songe à

pondre à pondre à contenter le client et prendre son argent et gagner gagner – c’est dit l’artiste est mort. – On n’est pas à la fois

maquignon et pensée –

du moins en art

, toutes les concessions que l’artiste fait pour avoir de l’argent pour ses aises son talent

les paye en s’éteignant peu à peu ». Il vient de vendre une petite toile 20.000 francs, « une tête d’enfant en chapeau et manteau

rouge : après le vol du marchand qui a décroché ma toile il me restera de quoi être plus à mon art ». Dans un mois sa femme et

leur fils Pierre le rejoignent pour leur mariage : « les témoins sont prêts, la petite prépare ses atours de belle jeune grande dame,

R

odin

sera témoin »...

[Montauban 3 novembre 1914]

(carte de

Correspondance des Armées de la République 

: Bucher est volontaire dans le 2

e

Régiment

étranger). Il félicite son « cher Soldat » d’être devenu « un vrai troupier » et d’avoir intégré « notre armée de France si gaie et si

inébranlable ». Il parle des flots de réfugiés belges ou français du Nord qui débarquent à Montauban : il y a fort à faire pour

soulager tant de misère. « J’ai plus de vingt œuvres perdues à l’étranger : détruites ou volées. Ça m’est égal, pourvu qu’on culbute

les Boches »...

10 janvier 1915

(autre carte). « Tous nos vœux vers vous qui défendez notre pays que vous avez adopté comme

deuxième patrie ». Il n’a pas les moyens de retourner à Paris et la situation est très dure, mais il travaille : « études, compositions,

observations, écrits, architecture, sculpture, dessins. Vive la France Bizantine, Gallo-Romaine, Romane, Gothique, Française »...

Novembre 1915

. Il est heureux d’apprendre « que vous êtes de ceux qui participent au triomphe de la suprématie de tout ce qui

est esprit et bonté, en défendant de toutes vos forces la cause des armées Alliées »... Il se désole d’avoir une commande pour

l’Argentine et de ne même pas pouvoir « travailler pour la défense dans quelque usine ! J’essaie de me rattraper le mieux possible

en créant un art que les Boches n’attendront pas avec tout leur orgueil lourd »...

Paris 27 février 1916

. « La guerre que vous soutenez

est une œuvre admirable entre toutes – vous travaillez pour la conservation de tout. Trésors moraux et spirituels sont menacés.

Honneur à qui directement par les armes les défend en y risquant sa vie »...

11 juillet 1916

. Il vient d’apprendre que Bucher (caporal

à la Légion étrangère) est blessé « par une balle boche », et s’inquiète, demande des détails en espérant que cette blessure ne le

gênera pas dans l’avenir pour ses travaux. « Il est dur de tenir un écrasant travail pendant cette immense guerre. On a l’âme à la

frontière il faut faire effort pour rester l’esprit dans le travail »...

O

n

joint

2 lettres adressées à Edwin Bucher : l.a.s. de son ami le céramiste Jean

M

ayodon

(juillet 1916) le réconfortant après sa

blessure, et l.s. de M. de

B

ersaucourt

, chef de la Section photographique et cinématographique de l’Armée (août 1917).